Langue   

La Mémoire

Marco Valdo M.I.
Langue: français




La mémoire joue des tours :
On se souvient d’une vieille montre,
On oublie des lieux de toujours
On se remémore certaines rencontres,
Le bouleversement du premier amour,
On ne peut oublier ces doux émois
Et puis, on en oublie des tas.
La vie s’accroche au fil des jours ;
En Zinovie, nul n’a perdu les images
Des années sauvages de la Terreur.
Il ne reste rien du village
De l’enfance et de ses heures.

Le monde ici est un fleuve,
Le monde file à travers le temps,
Le monde met la vie à l’épreuve,
Le temps pique comme le taon.
Souvent, assis sur l’autre bord,
On regarde passer les morts.
On en garde le souvenir longtemps
On sent le vent du Nord
Mordre de toutes ses dents.
De profondes et vilaines blessures
Zèbrent la conscience et le corps
De laides et ineffables marbrures.

À dix-sept ans, je voulais assassiner
Le plus grand Guide de tous les temps.
Je n’y suis pas parvenu, faute d’instrument ;
Faute de l’approcher, tant il était gardé,
Je n’ai pu éliminer le génial dirigeant.
Je n’ai jamais, pour cause de dignité,
Fréquenté aucun de ces gens.
Je suis passé anonyme figurant,
Sur la scène du théâtre social,
En faisant vite, en me cachant.
Furtif, toujours découchant,
Je ne m’en porte pas plus mal.

À l’écart de la chose publique
Dans un monde dévalisé.
Sous des dehors érémitiques,
J’ambitionnais d’être civilisé.
Solitaire, bon fond, bon gars,
Un être de refus concentré,
Récalcitrant promu renégat,
Contre mon goût, contre mon gré.
Sans richesse, sans histoire,
Sans appétit pour la gloire ;
Hors des normes communes,
Loin des sièges et des tribunes.



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