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Les Fuites

Marco Valdo M.I.
Langue: français




Bientôt sur Terre, on sera dix milliards.
Combien seront heureux, malheureux ?
Pour l’accomplissement de ses vœux,
Le Guide promet l’avenir radieux
À tous les heureux gaillards
Ralliés à son rêve d’Histoire.
Depuis un siècle et des ans,
On vit ce cauchemar dément
Et les détachements de barrage,
Ramassis d’hommes de main,
Par-derrière, sans remords, avec courage
Asphyxient nos jours et nos lendemains.

Avec le temps, la haine bouillonne,
La rage à la colère s’additionne,
La conscience sort de son creux,
Alors, on se retourne contre eux,
On les massacre jusqu’au dernier.
Au club, on boit jusqu’au dernier denier,
On parle du temps, des gens,
Des ennuis, des événements.
On discourt, on discute,
On se contredit, on se dispute,
On distrait la monotonie,
On rabiboche la vie.

Les courtisans moquaient le Roi
Et respectaient la monarchie.
On se fout du bazar en Zinovie,
Du moquable et de tout le fatras.
Au club, des chefs, on se fout ;
On critique le Guide, les pouvoirs et l’État.
On craint leurs agents malgré tout.
On exécute les ordres sans élever la voix.
Au club, la délation vient du dedans.
Il y a des donneurs, il y a des fuites.
Qu’est-ce qui se passe ensuite ?
Il faut toujours être prudent.

Les voitures traversent en sifflant
Le quartier aux bétons étonnants.
La ville s’étale sur ses trottoirs.
Tout a une fin, même le soir.
On rentre chez soi dans le noir ;
Dans l’ombre s’éclipse un corbillard.
Où sont passés les vivants ?
Que sont les buveurs devenus
Avec qui j’ai tant bu ?
Où cuvent-ils maintenant ?
Dans la rue, plus rien, personne.
Ça bourdonne. Minuit sonne.



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