Langue   

L’Homme debout

Marco Valdo M.I.
Langue: français




Muet, j’écoute les propos interdits,
Les étranges idées des amis.
Même s’ils déraisonnent,
Je ne dénonce rien, ni personne.
Je suis l’auditeur idéal,
L’ide dans son bocal.
Ver à terre, allongé par terre,
Sur le trottoir, je crains
Le flux des pieds humains
Qui s’en vont à la guerre.
Moi, je plains ces conscrits,
Ils vont mourir loin du pays.

Notre existence se passe au travail.
Nos ressources viennent du travail.
Notre statut, nos informations,
Nos connaissances, nos relations.
Pour mener une vie normale,
Il y a tant de possibilités.
Il y faut de la diversité,
Même la plus banale.
Deux mots à l’une, trois à l’autre ;
Parler aux beaux, aux moches.
Parfois, ça cloche.
Tous ne sont pas de bons apôtres.

La journée est longue au boulot ;
On verse du creux dans du vide.
Les sabliers se dévident,
On se file les derniers ragots.
Les heures fuient,
On les regarde passer, on s’ennuie ;
On remplit les formulaires.
Je regarde la mouche voler,
Elle voit la lumière,
Au soleil, elle veut s’en aller.
Furieuse, elle bourdonne ;
Le téléphone sonne.

La nettoyeuse entre sans frapper,
Passe la serpillière sale,
Sans un mot, sans me regarder.
Elle tousse, elle ressort de la salle.
Je n’ai pas choisi ma vie,
Je n’ai pas de famille,
Je n’ai pas de parents.
Je n’aurai jamais d’enfants.
Malgré tout, je tiendrai jusqu’au bout.
Je m’accroche, je ne bois pas.
Je fais ma gymnastique, je ne jure pas.
Je reste un homme debout.



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