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Die Dummheit

Erika Mann
Langue: allemand


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Der Prinz von Lügenland
(Erika Mann)
Kälte
(Erika Mann)
Kantate von Krieg, Frieden und Inflation
(Walter Mehring)


[1934]
Versi di Erika e del fratello Klaus Mann
Musica di Magnus Henning (1904-1995), compositore e pianista bavarese
Nello spettacolo di Kabarett intitolato “Die Pfeffermühle”, “Il Macinapepe”, ideato dai due fratelli Mann, con la collaborazione di Walter Mehring e Wolfgang Koeppen, e interpretato dalla stessa Erika, dall’amante di lei Therese Giehse e da latri attori e danzatori (Lotte Goslar, Sybille Schloß, Cilli Wang e Igor Pahlen.)




Zurigo, 1 gennaio 1934. E’ il primo anniversario del “Macinapepe”. La famiglia Mann è fuggita l’anno prima dalla Germania ed Erika sta spopolando con il suo Kabarett anti-nazista in tournée in Europa… Si apre il sipario ed è Erika ad introdurre lo spettacolo intonando il canto del Kälte. Poi appare in scena Therese Giehse: sta ritta su un piedistallo, un bracio alzato come certe antiche statue d’epoca romana, una parrucca gialla in testa, un abito rosa confetto, l’espressione fiera. Canta Die Dummheit, “La scemenza”, quella che ha attanagliato il popolo tedesco votatosi fatalmente al suo stupido e letale Führer. (introduzione tratta in parte da ““Kabarett! Satira, politica e cultura tedesca in scena dal 1901 al 1967”, a cura di Paola Sorge, Lit Edizioni, 2014.)



(B.B.)
Ich bin die Dummheit, hört mein Lied
und nehmt es nicht zu leicht.
Nichts gibt’s, soweit das Auge sieht
das mir an Dummheit gleicht.
Der Schnee ist weiß, das Meer ist tief,
ich aber, ich bin dumm,
der Teufel, der mich einstens rief,
der wusste wohl warum.
Die Menschlichkeit fürchtet den Verstand
sprach Satanas zu mir
Dich hat noch keiner recht erkannt,
mein liebstes Mordgetier.
Ja, um Gotteswillen, bin ich dumm!

Der Leute Hirn verklebe ich,
ich nag’ an der Substanz.
Von ihren Stumüfsinn lebe ich,
es ist ein toller Tanz.
Besonders bin ich eingestellt,
auf Herren, die regier′n.
Und die auf dieser ganzen Welt
mich freudig akzeptier’n.
die Herren tun alles, was ich will
in blut′ger Narretei.
Und ihre Völker halten still.
Denn ich bin stets dabei.
Ja, um Gotteswillen, bin ich dumm!

Am Ende steht der Untergang,
den ich herbeigeführt.
Passt auf, es dauert nicht mehr lang,
und dann ist es passiert.
Was sagt ihr? Nein? Ihr kennt mich jetzt?
Ich selbst hätt’ es vollbracht?
Ihr meidet und benennt mich jetzt?
Was hab ich bloß gemacht…?!
Wär’s möglich, dass…? Pfui, die Vernunft!
Welch tödlich sanftes Licht.
Schon bin ich ohne Unterkunft,
weh, ich begreif es nicht…
Ja, um Gotteswillen, war ich dumm.

envoyé par Bernart Bartleby - 7/9/2016 - 16:15




Langue: italien

Traduzione italiana di Paola Sorge e Giulio Tamburrini, da “Kabarett! Satira, politica e cultura tedesca in scena dal 1901 al 1967”, a cura di Paola Sorge, Lit Edizioni, 2014.
LA SCEMENZA

Io sono la scemenza in persona,
ascoltate con grande attenzione
la mia fiera canzone.
La mia scemenza non ha paragoni.
Bianca è la neve, profondo è il mare
ma io sono scema, non c’è niente da fare.
Solo il diavolo ne sa la ragione.
L’umanità teme l’intelletto,
mi disse Satana con fare circospetto.
Nessuno ancora ti ha ben riconosciuta,
per me sei il più caro animale,
il più scemo e il più micidiale.
Santo Cielo, la mia scemenza
assomiglia proprio alla demenza!

Il cervello ottundo della gente,
ne intacco la sostanza, lo riduco a niente.
Vivo dell'altrui indolenza,
ballo con gran magnificenza.
Io sono programmata soprattutto
per i signori che reggono il Governo
e mi accettano con gioia dappertutto.
I signori fanno tutto quel che voglio
in un clima di buffonesca, micidiale follia.
Il loro popolo tace, non ha orgoglio,
perché sto lì, sempre presente,
e non capisco un accidente!
Santo Cielo, la mia scemenza
assomiglia proprio alla demenza!

envoyé par Bernart Bartleby - 7/9/2016 - 22:01




Langue: français

Version française – LA BÊTISE – Marco Valdo M.I. – 2017
Chanson allemande – Die Dummheit – Erika Mann – 1934

Poème d’Erika et Klaus Mann
Musique de Magnus Henning (1904-1995), compositeur et pianiste bavarois
Dans le spectacle de cabaret intitulé « Die Pfeffermühle », « le Moulin à poivre », imaginé par Erika et Klaus Mann, avec la collaboration de Walter Mehring et de Wolfgang Koeppen, et interprété par la même Erika, son amie Therese Giehse et d’autres acteurs et de danseurs (Lotte Goslar, Sybille Schloß, Cilli Wang et Igor Pahlen.)

Therese Giehse & Erika Mann


Zurich, 1er janvier 1934. C’est le premier anniversaire du « Moulin à Poivre ». La famille Mann a fui l'année précédente l’Allemagne et Erika rencontre un succès avec son Kabarett anti-nazi en tournée en Europe … Le rideau s’ouvre et voici Erika qui introduit le spectacle en chantant la chanson Kälte – FROID. Puis apparaît sur scène Thérèse Giehse, debout sur un piédestal, un bras levé comme certaines statues romaines antiques, une perruque jaune sur la tête, une robe rose bonbon, l'expression fière. Elle chante Die Dummheit, « La Bêtise », celle qui a saisi le peuple allemand se confiant fatalement à son Führer stupide et mortifère.

Lucien l’âne mon ami, une fois n’est pas coutume, je m’en vais me répéter, quasiment mot pour mot. Voici une intéressante chanson et intéressante à plus d’un titre. D’abord, car c’est une bonne chanson, ce qui ne court pas les rues. Ensuite, c’est une chanson courageuse, une chanson de résistance au nazisme, une chanson en allemand, présentée en 1934 à Zurich dans un de ces cabarets de l’exil. Zurich se situe en Suisse alémanique, comme sans doute tu le sais, mais il importe de le préciser en ce sens que c’est un des derniers territoires de langue allemande qui échappe à la domination des nazis et à leur éteignoir. Enfin, c’est une chanson d’Erika Mann, interprétée par elle au cabaret ; elle payait de sa personne.

Eh bien, Marco Valdo M.I. mon ami, moi aussi, je vais faire pareil et répéter ce que j’avais répondu l’autre fois quand on parlait du Prince de Menterie Der Prinz von Lügenland. Voilà qui m’intéresse beaucoup, car Erika Mann est une artiste, une écrivaine aussi dont les tableaux qu’elle brosse dans ses textes littéraires sont des descriptions précises, chirurgicales, atmosphériques de ce qui se passait dans les villes allemandes en train de sombrer dans le flot de boue qui submergeait le pays. Et puis, elle avait de qui tenir : toute une famille d’écrivains en ne tenant compte que de ceux qui lui étaient vraiment proches – les chiffres entre. Donc, il y avait son père : Thomas (1875) ; son oncle, Heinrich (1871) ; son frère Klaus (1906), son frère Golo (1909), sa sœur Monika (1910) – tous écrivains. Je précise tout ça, car même si les familles d’écrivains n’ont rien d’exceptionnel – tout comme les familles de musiciens, elles sont cependant assez rares et rarement si nombreuses. Cela étant, raconte-moi un peu ce que dit la chanson.

Alors ainsi, c’est assez curieux, Lucien l’âne mon ami, mais j’aime parfois faire des choses inhabituelles, juste pour les faire. Ça change. Et puis, comme ça, ce qui devait être dit à celui qui découvre ici, avec cette chanson, Erika Mann et son Moulin à Poivre, est dit. Quant à la chanson, c’est un personnage féminin qui se raconte à nous. Ce personnage qui mène bien des gens du grand monde est la Bêtise. Et dans le fond, tout le reste est dit dans la chanson.

Tu as raison, Marco Valdo M.I. mon ami, point n’est besoin de s’appesantir, il suffit finalement de laisser parler le texte ; il dit mille choses que lui seul peut dire. Alors, nous autres, nous deux, reprenons notre tâche et comme Erika Mann et son amie Thérèse Giehse, tissons, tissons le linceul de ce vieux monde bête, brutal, débile, stupide et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
LA BÊTISE

Je suis la bêtise, écoutez ma chanson
Et ne la prenez pas à la légère.
Il n’y a rien qui, au fond,
Autant que moi ressemble à la bêtise.
La neige est blanche, la mer est profonde,
Moi, moi je suis stupide.
Le diable qui m’appelle parfois,
Sait très bien pourquoi.
L’humanité craint la raison,
Me souffla le démon.
Personne encore ne t’a rendu justice,
Ma très chère assassine.
Oui, par la volonté de Dieu, je suis stupide !

J’oblitère le cerveau des hommes,
Je m’incorpore à sa substance.
Je vis de leur bêtise
En une sarabande endiablée.
Je suis particulièrement présente,
Auprès des messieurs qui règnent
Et qui partout dans le monde,
M’accueillent joyeux.
Ces messieurs font tout ce que je veux
En une folie mortifère
Et leurs peuples se laissent faire.
Car je suis toujours présente.
Oui, par volonté de Dieu, je suis stupide !

À la fin, il y a le crépuscule
Que je provoque.
Ça ne dure pas longtemps, voyez !
Et d’ailleurs, c’est passé.
Que dites-vous ? Non ? Vous me reconnaissez maintenant ?
C’est moi qui aurais tout fait ?
Vous m’évitez et me nommez maintenant ?
Qu’ai-je seulement fait… ? !
Serait-il possible que… ? Pfui, la raison !
Quelle douce lumière mortelle.
Je n’ai plus de maison,
Aie, je n’y comprends que dalle…
Oui, par la volonté de dieu, j’étais stupide.

envoyé par Marco Valdo M.I. - 28/2/2017 - 22:17




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