Langue   

Le Rêve Américain

Matthieu Côte
Langue: français


Matthieu Côte

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[2006]
Parole e musica di Matthieu Côte, bravo musicista e cantautore francese, scomparso prematuramente all’inizio della sua promettente carriera solista.
Nel suo unico album eponimo.

Matthieu Côte
Matthieu Côte


“Erano giovani, erano belli, incarnavano il Sogno Americano, ma è dura, è dura essere gay quando in famiglia votano repubblicano...”
La bise avait ce soir des fragrances poivrées
Qui chatouillent, qui picotent le cœur des jouvencelles
Dans leurs tristes habits noirs, les garçons fraîchement diplômés
Sifflaient les gueuses et boudaient la Vittel
Leurs langoureux regards de mâles émasculés
Par le port d'une toge de gala solennelle
Balayant comme des phares les biches de la faculté
S'interrogeaient lesquelles étaient pucelles

Ils étaient jeunes, beaux
Ils incarnaient le rêve américain
Leurs parents riches, dévots
Votaient massivement républicain

Dans le coin le plus sombre de la pièce bondée
Un bellâtre aux yeux clairs à vous tourner les sens
Entretenait le nombre de ses courtisanes attirées
Par d'improbables espoirs de romance
Et d'histoires incroyables en contes insensés
Il berçait les mignonnes, avides de sornettes
Mais notre pauvre diable, bien loin de s'en féliciter,
Tirait des plans sur une autre comète

Il était jeune, beau
Il incarnait le rêve américain
Ses parents riches, dévots
Votaient bien sûr républicain

Alors donc, le jeune éphèbe jouant les jolis cœurs
Lorgnait de suçon vers la star des stadiums
Un étalon superbe qui, à en croire la rumeur,
A son instar, aimait beaucoup les hommes
Après quelques échecs, quelques vaines œillades
Leurs regards s'agrippèrent, leurs narines frémirent
Leurs beaux yeux de beaux mecs soudain brillèrent en cascade
Les pas de danse bientôt les réunirent

Ils étaient jeunes, beaux
Ils venaient de croiser Cupidon
Leurs parents riches, dévots
Ne trouveraient sûrement pas ça mignon

Cherchant un coin discret pour s'avouer leur amour
Partager leurs frissons, entamer leur idylle
Nos deux charmants minets fuyant la bruyante basse-cour
Se retrouvèrent en un bosquet tranquille
Et là dans la clairière, sans échanger de mots
Leur amour, leur désir enfin firent leur office
Tout deux se partagèrent les rôles de Verlaine et Rimbaud
Et l'un à l'autre s'offrit en sacrifice

Ils étaient jeunes, beaux
Ils vibraient d'une même ferveur
Mais un promeneur bientôt
Mettrait un terme à tant de bonheur

Les bals et les galas ne sont pas fêtes sages
Et surveillant le parc avec beaucoup de zèle
Le proviseur tomba comme une mouche dans le potage
Sur les garçons en pleine bagatelle
Et le bigot outré, gardien de la morale,
Aveugle aux charmes virils de ces corps en prière
Eut la vicieuse idée de les traîner au tribunal
Où une loi régissait les derrières
Et les amants diplômés, à deux doigts de devenir ingénieurs
Au pays de la liberté furent condamnés pour leurs mœurs

Ils étaient jeunes, beaux
Ils incarnaient le rêve américain
Mais dur, dur d'être homo
Quand tes parents votent républicain

envoyé par Bernart Bartleby - 10/6/2015 - 23:52




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