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Le hibou et les chouettes de la rue Ghibellina

Marco Valdo M.I.
Langue: français



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Le hibou et les chouettes de la rue Ghibellina


Le hibou et les chouettes de la via Ghibellina – Marco Valdo M.I. – 2010
Cycle du Cahier ligné – 95


Le hibou et les chouettes de la via Ghibellina est la nonante-cinquième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.

Salut, Marco Valdo M.I. mon ami, le titre de ta canzone de ce jour est un des plus mystérieux que j'ai connus. Et pourtant, il y en a eus et des curieux. Qu'est-ce que c'est que cette histoire d'oiseaux et que viennent-ils faire dans l'histoire que raconte notre ami le prisonnier-enfermé-blessé... J'aimerais bien que tu m'expliques un peu les choses.

Vois-tu, Lucien l'âne mon ami, dans cette canzone, tout tourne autour des Murate, l'ancienne prison de Florence, qui était située via Ghibellina; le hibou Graziadio personnifie, Carlo Levi – de son vrai nom : Graziadio Carlo Levi. Longtemps exilé en France, il rentre clandestinement en Italie en 1941 sous le nom de Carlo Carbone et rejoint la résistance (Giustizia e Libertà) à Florence; pas à Turin, où il était trop connu. Carlo Carbone, alias Levi, alias Graziadio le Hibou, peintre et écrivain le jour et partisan la nuit, est arrêté et enfermé en 1943 aux Murate, lieu où les fascistes rassemblent, interrogent et torturent les résistants et les prisonniers politiques de toute la province. Il fut sauvé en quelque sorte par le gong de fin juillet 1943 qui libéra les prisonniers politiques et les résistants – c'est-à-dire par la destitution de Mussolini et l'effondrement du régime fasciste. Dans la symbolique de la chanson, les oiseaux nocturnes sont – cela va de soi – les partisans, les femmes (chouettes) et les hommes (hiboux) de l'ombre.

Je comprends mieux à présent, dit Lucien l'âne. Je regarderai d'un autre œil à présent les oiseaux et j'écouterai leurs chants, surtout celui où
« les effraies sur les vieux murs secs de la Riviera,
Ou en Gallura, perchées sur les rochers blancs
Lancent aux cieux et aux hommes le même chant
Ora e sempre : Resistenza ! »

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Regard d'archange aux iris bleus
Un œil ouvert, grand et lumineux,
Et sous sa paupière bleue, l'autre clos
Veille le hibou Graziadio.
Oiseau à la conscience civile,
Oiseau d'éternelle migration,
Il avait déjà éprouvé bien des exils
Expérimenté bien des prisons.
Clandestin, faux papiers
Peintre-écrivain. Le jour, planqué,
Carlo Carbone ne sort que la nuit
Pour combattre l'ennemi.
Oiseaux nocturnes, les hiboux
Et leurs sœurs, les chouettes, sont partout
Autour des Murate, ancien cloître désacralisé
Triste prison de la rue Ghibellina,
Campent ces oiseaux de Jugement Dernier.
Les nuits, ils se tiennent là
Et de leurs chants, ils appellent à résister
Aujourd'hui, les Murate ne sont plus d'actualité
Le hibou Graziadio et les nocturnes s'en sont allés
Et les effraies sur les vieux murs secs de la Riviera,
Ou en Gallura, perchées sur les rochers blancs
Lancent aux cieux et aux hommes le même chant
Ora e sempre : Resistenza !
Autres vues, autres voix, autres vies, autres visages,
Oiseaux diurnes échappés de la cage,
Au travers des taches de soleil,
Nos yeux s'émerveillent.
Du regard libre du poisson,
Du lézard, du grand duc ou du faucon.
Et les effraies sur les vieux murs secs de la Riviera,
Ou en Gallura, perchées sur les rochers blancs
Lancent aux cieux et aux hommes le même chant
Ora e sempre : Resistenza !

envoyé par Marco Valdo M.I. - 4/3/2010 - 18:03




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