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Bottines et gros souliers

Marco Valdo M.I.
Langue: français




Quand j'étais gamin...
On s'amusait bien.
On jouait, on jouait n'importe où
Dans les prés, sur la place, partout
Le grand jeu, c'était le foot
Mais, fait étonnant
Et je m'en aperçois maintenant,
Je n'ai jamais eu de bottines de foot.
Je n'ai jamais pensé, ni désiré,
ni même osé désirer en posséder.
En rentrant de l'école, on jouait sans se changer.
Les parties duraient souvent l'après-midi entier,
Et encore, et encore, sans discontinuer,
Jusqu'au crépuscule, jusqu'au soir tombé,
Quand les hommes rentraient du boulot,
À pieds, en tram, à vélo.
Parfois, on était très peu,
Parfois, on était nombreux,
Des équipes de deux, de dix, de vingt enfants
Pour équilibrer, on changeait de camp.
Des garçons plus grands pas de chez nous,
Qui avaient des bottines, demandaient à jouer avec nous.
Ces snobs n'étaient pas, et de loin, les meilleurs.
Ces êtres d'un autre monde, ces enfants de richards,
Avec leurs shorts, leurs maillots de couleur
Se prenaient pour des malabars.
Ils jouaient les vedettes et prenaient de grands airs
Jusqu'à ce qu'une bourrade les envoie en l'air.
Enfants déjà, comme on peut haïr
Ou se défier des uniformes à venir.
Voilà pourquoi, par refus de ces touristes,
Je n'ai pas eu non plus de chaussures cyclistes.
Par tous les froids, nous allions
En montagne pour randonner.
On avait un lourd loden et toujours, un bâton.
De grosses chaussettes et de gros souliers
Qu'on frappe à terre pour se réchauffer.
Sur nos cheveux, sur nos manteaux,
Sur nos passe-montagne en tricot
Confectionnés de mains de mère.
La neige tombait à gros flocons
N'était-ce pas l'hiver ?
N'était-ce pas la saison ?



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