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Sept et Vingt-deux

Marco Valdo M.I.
Langue: français




Nelle et Till conversent sur le pont ;
L’orage gronde au fond de la nuit.
« Nous sommes des renards qu’affole
L’arrivée de la volaille espagnole :

Vingt-deux assabres, piqués des lueurs
De lanternes, leurs insignes de malheur.
Tous feux éteints, nous attendons,
Dit Till, le passage du convoi ennemi. »

Et répond Nelle : « La nuit d’ici
Est une nuit de sorcières
Au ciel noir comme bouche d’enfer
Où les mouettes poussent de grands cris.

Till, mon aimé, prenons la poudre,
Allons dans le monde des esprits.
Peut-être, y verra-t-on les sept réunis. »
Alors, fermant les yeux, ils voient la foudre.

Et la mer démontée se rit du ciel lointain
Où sont les sept, les sept étoiles.
Arrive un navire de fer à l’immense voile,
Il déchire l’eau et la mer geint.

À l’arrière, trône madame la Mort.
Ricassante, de la gauche, elle serre fort
Sa faux et de la droite, elle dégage
Un fouet et frappe tout son équipage.

Partout, les victimes hurlent : « Pitié ! ».
Sur terre, flambent villages et villes.
Les noirs cavaliers tuent, volent, violent ;
Enfin, épuisés, ils s’asseyent et jouent aux dés.

Les lanternes des assabres font de rouges étoiles
« L’Espagnol vogue sur Flessingue. Alarme ! »
Les Gueux de mer exultent : « Aux armes !
Pour le Prince de Liberté, en chasse à pleine toile ! »

Tous à courre : La Johannah, le Cygne, le Gueux,
L’Anne-Mie, l’Egmont, le Guillaume-le-Taiseux,
Sous le vent, l’escadre fuit vers le port ;
Les flibots la poursuivent sous le feu des forts.

Les canons des murs tirent et tirent encore ;
Les Gueux vident les assabres et s’emparent
De l’or, de blé, de balles, d’artillerie et de poudre
Et dans la rade, abandonnent les carcasses noires.



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