À l’aube de ma vie,
Quand j’étais gamin,
À l’aube de ma vie,
J’avais ce plaisir malin ;
Ce plaisir du matin,
Mon plaisir,
Mon vrai grand plaisir,
Au matin,
À l’aube,
Mon plaisir de roi,
À l’aube,
Mon plaisir à moi
Était
D’aller dans le lit de ma mère
Quand mon père
Était parti au loin.
À l’aube
Quand j’étais gamin
Dans le lit de ma mère.
À l’aube.
Quand mon père
Était au loin
À l’aube,
Dans un prétendu voyage,
Moi, je savais bien,
Au matin,
Sorti de mon lit-cage
Qu’il était dans une tranchée,
Ma mère à peine éveillée,
Je me levais
Et je courais
Et, je sautais tout de suite
Dans le vrai lit,
Dans ce gigantesque lit
Sans limites,
Dans cet immense lit,
Cette grande mer calme,
Aux îles sans palmes,
Ce Pays enchanté des blanches collines,
Blanches comme les sommets des Alpes.
La tête sous
Les draps de lin,
Le matin,
La tête sous
Les draps de lit,
À l’aube,
Quand j’étais petit,
Très tôt,
À l’heure de l’assaut,
À l’heure valeureuse,
Où sonnaient les clairons,
Où crépitaient les mitrailleuses,
Où grondaient les canons.
À présent,
À l’aube levée,
Dans la tranchée, l’obus est tombé,
Le régiment s’est couché,
Et ne s’est plus relevé.
De l’autre côté de l’enfer,
Il guerroie sous terre.
Moi, j’étais au paradis
Des tout-petits
À l’ombre ténébreuse
De la caverne du matin.
Dans la grotte merveilleuse,
Dans ce paradis enfantin,
Perdu pour toujours, maintenant
Pour toujours et pourtant
À l’heure de l’aube,
Dans ma tête,
Reprennent les grondements.
Mon enfance est si loin à présent,
Cependant, dès l’aube franche,
Sur les mêmes montagnes blanches,
Soudain reprennent les grondements.
Quand mon père
Était au loin
À l’aube,
Dans un prétendu voyage,
Moi, je savais bien…
Quand j’étais gamin,
À l’aube de ma vie,
J’avais ce plaisir malin ;
Ce plaisir du matin,
Mon plaisir,
Mon vrai grand plaisir,
Au matin,
À l’aube,
Mon plaisir de roi,
À l’aube,
Mon plaisir à moi
Était
D’aller dans le lit de ma mère
Quand mon père
Était parti au loin.
À l’aube
Quand j’étais gamin
Dans le lit de ma mère.
À l’aube.
Quand mon père
Était au loin
À l’aube,
Dans un prétendu voyage,
Moi, je savais bien,
Au matin,
Sorti de mon lit-cage
Qu’il était dans une tranchée,
Ma mère à peine éveillée,
Je me levais
Et je courais
Et, je sautais tout de suite
Dans le vrai lit,
Dans ce gigantesque lit
Sans limites,
Dans cet immense lit,
Cette grande mer calme,
Aux îles sans palmes,
Ce Pays enchanté des blanches collines,
Blanches comme les sommets des Alpes.
La tête sous
Les draps de lin,
Le matin,
La tête sous
Les draps de lit,
À l’aube,
Quand j’étais petit,
Très tôt,
À l’heure de l’assaut,
À l’heure valeureuse,
Où sonnaient les clairons,
Où crépitaient les mitrailleuses,
Où grondaient les canons.
À présent,
À l’aube levée,
Dans la tranchée, l’obus est tombé,
Le régiment s’est couché,
Et ne s’est plus relevé.
De l’autre côté de l’enfer,
Il guerroie sous terre.
Moi, j’étais au paradis
Des tout-petits
À l’ombre ténébreuse
De la caverne du matin.
Dans la grotte merveilleuse,
Dans ce paradis enfantin,
Perdu pour toujours, maintenant
Pour toujours et pourtant
À l’heure de l’aube,
Dans ma tête,
Reprennent les grondements.
Mon enfance est si loin à présent,
Cependant, dès l’aube franche,
Sur les mêmes montagnes blanches,
Soudain reprennent les grondements.
Quand mon père
Était au loin
À l’aube,
Dans un prétendu voyage,
Moi, je savais bien…
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