«Cours, mon aiguille, dans la laine !»
Dit l'opéra.
Cours ! II me faut des bas de laine.
Qui les paîra ?
Cours, mon aiguille, file, file !
Voici l'exil.
Cours, voici que ma santé file
Avec mon fil !
Mon cerveau vide a le vertige :
Toujours trimer !
Mon coeur plus vide a le vertige :
Jamais aimer !
Ni ciel, ni pain ! Jours et nuitées,
L'aiguille avant !
Tomber de sommeil aux nuitées,
Coudre en rêvant !
Je couds à certains mariages
Des dessus clairs.
Je couds à d'autres mariages
Des dessous chers.
Je couds deux chagrins pour doublure
Au bonheur seul.
Je couds aux berceaux pour doublure
Un grand linceul.
Mes doigts piqués de taches rouges,
Mes doigts meurtris !
Mes yeux gonflés de veines rouges,
Mes yeux flétris !
Mes bras et mes poignets débiles,
Au bout de l'an ;
Mon ventre creux, mes reins débiles,
C'est le bilan !
Hommes, près de vos soeurs chéries,
Songez à nous !
Songez près des femmes chéries,
Souvenez-vous !
Ce ne sont pas nos toiles blanches
Que vous usez ;
C'est notre vie, en ses nuits blanches,
Que vous brisez !
Cours, mon aiguille, file, file
Le drap des morts !
Au coeur des hommes file, file
Tous les remords !
Dieu, se peut-il que le pain vaille
Si cher, si cher !
Et que cependant si peu vaille
Mon sang, ma chair !
Dit l'opéra.
Cours ! II me faut des bas de laine.
Qui les paîra ?
Cours, mon aiguille, file, file !
Voici l'exil.
Cours, voici que ma santé file
Avec mon fil !
Mon cerveau vide a le vertige :
Toujours trimer !
Mon coeur plus vide a le vertige :
Jamais aimer !
Ni ciel, ni pain ! Jours et nuitées,
L'aiguille avant !
Tomber de sommeil aux nuitées,
Coudre en rêvant !
Je couds à certains mariages
Des dessus clairs.
Je couds à d'autres mariages
Des dessous chers.
Je couds deux chagrins pour doublure
Au bonheur seul.
Je couds aux berceaux pour doublure
Un grand linceul.
Mes doigts piqués de taches rouges,
Mes doigts meurtris !
Mes yeux gonflés de veines rouges,
Mes yeux flétris !
Mes bras et mes poignets débiles,
Au bout de l'an ;
Mon ventre creux, mes reins débiles,
C'est le bilan !
Hommes, près de vos soeurs chéries,
Songez à nous !
Songez près des femmes chéries,
Souvenez-vous !
Ce ne sont pas nos toiles blanches
Que vous usez ;
C'est notre vie, en ses nuits blanches,
Que vous brisez !
Cours, mon aiguille, file, file
Le drap des morts !
Au coeur des hommes file, file
Tous les remords !
Dieu, se peut-il que le pain vaille
Si cher, si cher !
Et que cependant si peu vaille
Mon sang, ma chair !
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