Ένας νέγρος θερμαστής από το Τζιμπουτί
Nikos Kavvadias / Νίκος ΚαββαδίαςTraducción Española / Ισπανική μετάφραση / Traduzione spagnol... | |
UN CHAUFFEUR NOIR DE DJIBOUTI Le chauffeur noir de Djibouti, nommé Willy, son boulot terminé, passait souvent, hilare, me voir dans ma cabine, et assis sur mon lit, me racontait sans fin de troublantes histoires. Il me parlait d'Alger, de ses fumeurs de kif, d'Aden où les danseurs humaient la poudre blanche, puis de leurs cris d'effroi, des longs discours plaintifs quand vertige et visions en eux soudain s'épanchent. Il racontait aussi cette nuit de ribote où il vit, chevauchant sur l'eau... lui-même, Will, des sirènes ailées le suivant à la botte. — Aden, ça te plaira, tu verras, disait-il. Je lui offrais bonbons et lames de rasoir, et lui disais aussi : Le hasch, ça tue son homme! Alors, en s'esclaffant, le robuste gaillard d'un seul bras soulevait très haut dans l'air ma pomme. Son corps géant cachait un cœur tout innocent. Un soir au Regina, dans le port de Marseille, voulant me protéger d'un Espagnol méchant il prit sur l'occiput un grand coup de bouteille. Un jour chez les Chinois nous l'avons débarqué brûlant, frappé de fièvre ainsi que par la foudre. Dieu des noirs, prends pitié de Will resté à quai. Laisse-lui, où qu'il soit, un peu de blanche poudre. | UN FOGONERO NEGRO DE DJIBUTI El fogonero Willy, un negro de Djibouti, apenas terminaba su guardia vespertina solía venir riendo hasta mi camarote y me solía hablar de las cosas más raras. Contaba cómo fuman en Argel el hachís y cómo en Aden toman, bailando, el polvo blanco. Y después, todos gritan y hablan ellos solos, cuando les posee el mareo de visiones. Me decía que él mismo, cuando había fumado, se veía al galope sobre el lomo del mar, mientras le perseguían las sirenas con alas. “En Aden” –me decía– “también lo probarás”. Yo le daba bombones, cuchillas de afeitar, y le advertía que el hachís destruye a las personas. Entonces él me alzaba a peso en una mano mientras las carcajadas sacudían su cuerpo. |