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Bottines et gros souliers

Marco Valdo M.I.
Lingua: Francese



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Bottines et gros souliers
 
Canzone léviane – Bottines et gros souliers – Marco Valdo M.I. – 2009
Cycle du Cahier ligné – 43
 
 
Bottines et gros souliers est la quarante et troisième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.

Le monde de l'enfance est déjà marqué par la division du monde en deux : le monde des riches et celui des pauvres. Vois-tu, mon ami Lucien, toi qui es un peu comme un observateur, une sorte d'anthropologue, cette canzone léviane raconte une histoire enfantine, un moment de la réflexion (du retour sur soi) du prisonnier- guerrier- blessé. Il se retrouve loin dans son passé à revivre les jours et les saisons de ce temps-là et découvre avec une certaine stupéfaction qu'il n'avait jamais eu de bottines de football, alors que d'autres garçons en avaient.


Et alors, qu'est-ce que ça peut bien faire, demande Lucien l'âne un peu perplexe.


Mais, c'est là que d'un coup, on découvre la fracture sociale, nette, tranchée, virulente, faite de haine aussi et d'une violence pas innocente du tout. En fait, cette fameuse Guerre de Cent Mille Ans est déjà présente dans l'enfance. Comme par ricochet, peut-être, mais bien présente. L'enfance se divise, comme le monde, en deux sociétés bien distinctes, bien opposées et c'est n'est pas là une invention de théoricien. On peut voir la simplicité « populaire », les gros souliers, le manteau, le passe-montagne en tricot. Et l'arrogance du « richard », ses bottines de foot, son outrecuidance, même inconsciente encore, qui est là déjà -
« Avec leurs shorts, leurs maillots de couleur
Se prenaient pour des malabars.
Ils jouaient les vedettes et prenaient de grands airs »

et qui fait déjà tache. Il y a les signes sociaux que sont les jouets, les vêtements, les objets, les codes, les marques... Qu'en penses-tu ? Ne le vois-tu pas toi aussi ?


Bien évidemment que si, que je le vois et que je comprends tout cela. Et j'ajoute, dit Lucien l'âne en maugréant un peu, que ces m'astuvus, ces frimeurs m'énervent autant qu'ils devaient énerver notre ami le guerrier... Ils sont vraiment d'un autre monde, de l'autre monde... Remarque combien tout tient dans l'apparence et pourtant, quand même, il reste un peu d'humanité dans le jeune snob : il veut encore jouer, il a besoin des autres pour jouer... À quoi pourraient bien servir ses richesses, si malgré tout, on ne l'acceptait pas dans le jeu... Dans le fond, c'est peut-être une voie à creuser, un des fils du linceul de leur vieux monde...


Et puis, cette prescience des « uniformes à venir », cette stratégie d'évitement de l'embrigadement, de tout ce qui vise à « intégrer » dans leur société, à marquer le troupeau , à le domestiquer... Ce refus d'enfant sonne déjà comme la chanson de Tonton Georges : « Je suis de la mauvaise herbe, braves gens... C'est pas moi qu'on rumine et c'est pas moi qu'on met en gerbe... »

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.
Quand j'étais gamin...
On s'amusait bien.
On jouait, on jouait n'importe où
Dans les prés, sur la place, partout
Le grand jeu, c'était le foot
Mais, fait étonnant
Et je m'en aperçois maintenant,
Je n'ai jamais eu de bottines de foot.
Je n'ai jamais pensé, ni désiré,
ni même osé désirer en posséder.
En rentrant de l'école, on jouait sans se changer.
Les parties duraient souvent l'après-midi entier,
Et encore, et encore, sans discontinuer,
Jusqu'au crépuscule, jusqu'au soir tombé,
Quand les hommes rentraient du boulot,
À pieds, en tram, à vélo.
Parfois, on était très peu,
Parfois, on était nombreux,
Des équipes de deux, de dix, de vingt enfants
Pour équilibrer, on changeait de camp.
Des garçons plus grands pas de chez nous,
Qui avaient des bottines, demandaient à jouer avec nous.
Ces snobs n'étaient pas, et de loin, les meilleurs.
Ces êtres d'un autre monde, ces enfants de richards,
Avec leurs shorts, leurs maillots de couleur
Se prenaient pour des malabars.
Ils jouaient les vedettes et prenaient de grands airs
Jusqu'à ce qu'une bourrade les envoie en l'air.
Enfants déjà, comme on peut haïr
Ou se défier des uniformes à venir.
Voilà pourquoi, par refus de ces touristes,
Je n'ai pas eu non plus de chaussures cyclistes.
Par tous les froids, nous allions
En montagne pour randonner.
On avait un lourd loden et toujours, un bâton.
De grosses chaussettes et de gros souliers
Qu'on frappe à terre pour se réchauffer.
Sur nos cheveux, sur nos manteaux,
Sur nos passe-montagne en tricot
Confectionnés de mains de mère.
La neige tombait à gros flocons
N'était-ce pas l'hiver ?
N'était-ce pas la saison ?

inviata da Marco Valdo M.I. - 17/8/2009 - 18:32




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