Complainte de la blanche biche
anonimo
Originale | LA BLANCHE BICHE, OU LA BELLE MARGUERITE |
COMPLAINTE DE LA BLANCHE BICHE Celles qui vont au bois, c'est la mère et la fille, La mère va chantant et sa fille soupire. Qu'a vous à soupirer, ma blanche Marguerite? J'ai bien trop d'ire en moi et n'ose vous le dire. Je suis fille le jour et la nuit blanche biche La chasse est après moi des barons et des princes. Et mon frère Renaud qui est encore le pire; Allez ma mère, allez, bien promptement lui dire Qu'il arrête ses chiens jusqu'à demain midi. Où sont tes chiens Renaud, et la chasse gentille? Ils sont dedans le bois, à courre blanche biche. Arrête-les Renaud, arrête je t'en prie. Trois fois les a cornés de son cornet de cuivre, A la troisième fois la blanche biche est prise. Mandons le dépouilleur qu'il dépouille la biche Celui qui la dépouille dit: Je ne sais que dire. Elle a les cheveux blonds et le sein* d'une fille. A tiré son couteau, en quartiers il l'a mise. En ont fait un dîner aux barons et aux princes: Nous voici tous illec, hors ma sœur Marguerite. Vous n'avez qu'à manger, suis la première assise, Ma tête est dans le plat et mon cœur aux chevilles. Mon sang est répandu par toute la cuisine, Et sur vos** noirs charbons mes pauvres os s'y grillent. Celles qui vont au bois, c'est la mère et la fille, La mère va chantant et sa fille soupire. Qu'a vous à soupirer, ma blanche Marguerite? J'ai bien trop d'ire en moi et n'ose vous le dire. | LA BLANCHE BICHE, OU LA BELLE MARGUERITE C'est la belle Marguerite sur son lit qui soupire, c'est la belle Marguerite sur son lit qui soupire Sa mère s'en va la voir: Qu'a vous donc, ma jolie? Qu'a vous à soupirer, Marguerite, ma fille? Qu'a vous à soupirer, Marguerite, ma fille? Souvenez-vous, ma mère, le jour où je suis née? Vous m'avez faite laver dans la chambre dorée, vous avez jeté l'eau dans le jardin des fées, les fées m'ont fêtée donc pour le reste de ma vie. Je suis fille le jour et la nuit blanche biche, et les chiens du château toute la nuit me poursuivent, ceux à mon frère Julien ils sont cent fois les pires. Ma mère, allez lui dire: Julien, arrête tes chiens, celle n'est pas une biche, c'est ta sœur Marguerite, ma mère, je ne crois pas à ce que vous me dites. Y a pris son grand sifflet, au bois il s'en va vite, et le sifflet trois fois sans que le chien entend entice, la quatrième fois la blanche biche est prise Y a pris son coutelas, en quartiers il l'a mise, la porte au cuisinier pour qu'il la fasse cuire, tenez, bon cuisinier, voilà la blanche biche Elle a le tour du cou comme une jeune fille, elle a les cheveux bouclés, jambes comme de la cire, elle a l'anneau au doigt comme une mariée Ils ont fêté festin des barons et des princes, nous souperions bientôt si nous avions Marguerite, soupez, messieurs, buvez, je suis la première assise Ma tête est dans le plat et mon cœur aux chevilles, entre deux plats d'argent mes mamelles sont mises, mon foie et mes poumons il bout dans la marmite Sa mère au coin du feu elle pleure et elle soupire, sa mère au coin du feu elle pleure et elle soupire, par terre je coucherai, s'étend sur des épines Mon boire seront mes pleurs, mon manger des racines, mon boire seront mes pleurs, mon manger des racines, je lui ai pris son poignard, s'en perce la poitrine. |
** Var.: ces