Songs of Children Cantata
Robert ConveryVersion française - La Cantate des Enfants de Thérésine – Marc... | |
LA CANTATE DES ENFANTS DE THÉRÉSINE Le Jardin Poème conservé avec sept autres, tous écrits à la main. Il s'agit sans doute de copies. Sur le devant : la signature “Franta Bass”. Frantizek Bass, né à Brno le 4.9.1930, fut déporté à Thérésine le 2.12.1942. Mort le 28.10.1944 à Auschwitz. C'est un petit jardin Parfumé de mille roses. Son sentier est étroit Où court l'enfant. Un enfant joli, un petit enfant Comme un bouton qui s'ouvre Quand la fleur s'entrouvrira. L'enfant ne sera plus là. À Thérésine Fragments retrouvés, écrits au crayon, sur un buvard par une main d'enfant maladroite, mais sans erreurs d'orthographe. Comme signature on trouve dans le coin droit le prénom “Teddy”. Ajoutées d'une main étrangère les indications 1943 et L 410. On n'a pas pu identifier leur jeune auteur. Il devait toutefois appartenait au cercle de Piroslav Košek, en compagnie duquel il était logé dans le bloc L 410. Dès le moment où quelqu'un arrive ici Chaque chose lui semble étrange. Comment... Je dois me coucher par terre ? Non, je ne mangerai pas ces patates pourries. Et çà, ça sera ma maison ? C'est crasseux ! Le sol est boueux et sale Et je devrais me coucher là. Comment faire sans me salir ? Il y a toujours un grand mouvement de cris et de pleurs Et tant, tant de mouches. Tout le monde sait que les mouches amènent des maladies. Quelque chose m'a piqué : une punaise peut-être. Comme Thérésine est horrible. Qui sait quand je rentrerai chez moi... Une soirée ensoleillée Poème d'un prisonnier anonyme du bloc L 318, où étaient tous les garçons de 10 à 16 ans. Dactylographie. En haut à droite l'année 1944. Aucune autre indication. Par une soirée empourprée d'un soleil couchant Sous les bourgeons fleuris des châtaigniers Je suis assis dans la poussière C'est un jouir comme hier, une jour comme tant. Les arbres très beaux fleurissent Dans leur vieillesse ligneuse, si beaux Que j'ose à peine lever les yeux Vers leur verte splendeur, là-haut. Une voile dorée d'or solaire Soudain fait tressaillir mon corps Quand le ciel me lance un cri bleu Et il me sourit, j'en suis sûr. Chaque chose fleurit et sans fin encor sourit Je voudrais voler, mais comment, mais où ? Si tout est en fleurs... je me dis, pourquoi pas moi ? Voilà pourquoi je ne meurs pas. La petite souris Deux strophes enfantines, rimées, écrites à la plume sur un document administratif allemand. Signé de la façon suivante : en haut à droite : “Koleba: Košek, Löwy, Bachner”. Cette indication est complétée au crayon : “26/11”. Le fragment est écrit d'une main enfantine, incertaine, mais sans erreurs d'orthographe. Miroslav Košek était né le 30.3.1932 à Horelice, en Bohème. Déporté à Thérésine le 25.2.1942, il mourra le 19.10.1944 à Auschwitz. À Thérésine, il logea au bloc L 410. Hanuš Löwy était né à Ostrava le 29.6.1931. Déporté à Thérésine le 30.9.1942, il mourra le 4.10.1944 à Auschwitz. On n'a pu trouver aucun renseignement sur Bachner. Au fond de son nid, la petite souris Cherche une puce dans son pelage gris Elle s'affaire, elle fouille, elle fouine Mais elle ne trouve pas, elle n'a pas de chance. Elle se tourne par ci, elle se tourne par là Mais la puce ne s'en va pas. Voici qu'arrive son papa Qui examine ses poils ras Voilà qu'il attrape cette puce Et puis, il la jette dans le feu. La petite souris ne perd pas de temps Elle court inviter son grand-père à l'instant « Menu du jour Puce au four ! » Thérésine Poème écrit à la machine. Indication dans le coin droit : IX, 1944; ajouté au crayon, en bas à droite : écrit par des enfants des blocs L 318 et L 417 , 10-16 ans. Pas de signature. O. Klein qui fut “éducateur” à Thérésine a identifié l'auteur en Hanuš Hachenburg. Hanuš Hachenburg était né à Prague le 12.7.1929. Dé^porté à Thérésine le 24.10.1942, il est mort à Auschwitz le 18.12.1943. Une tache sale sur un mur pourri Et tout autour le fil barbelé. On dort là à 30.000 Et quand on s'éveillera On verra la mer de notre sang. J'étais un enfant il y a trois ans Je rêvais alors d'autres pays Maintenant je ne suis plus un enfant J'ai vu les incendies Et trop vite, je suis devenu grand. J'ai connu la peur Les jours assassins, les mots de sang. Mais où est le croquemitaine d'antan ? Mais ce n'est peut-être qu'un songe Et je m'éveillerai, à nouveau enfant. Dans mon enfance, fleur de roseraie, Murmurante clochette de mes songes, Comme une mère qui berce son bébé Avec l'amour débordant De sa maternité. Enfance misérable chaîne Qui te lie à l'ennemi et au gibet. Misérable enfance qui dans sa tristesse Distingue déjà le bien et le mal. Là-bas où doucement mon enfance repose Dans les petits parterres d'un parc. Là-bas, dans cette maison, quelque chose s'est brisé Quand sur moi est tombé le mépris. Là-bas dans les jardins ou dans les fleurs Ou sur le sein maternel, où je suis né Pour pleurer... À la lumière d'une bougie je m'endors Peut-être pour comprendre un jour Que j'étais une bien petite chose. Petite comme le chœur des 30.000, Comme notre vie qui dort Là-bas dans les champs Qui dort et qui s'éveillera, ouvrira les yeux Et pour ne pas trop en voir Se laissera reglisser dans le noir ... La Ville Close Cette poésie existe seulement en copie dactylographiée. Sans indication. Chaque chose tombe de travers Comme la bosse d'une vieille Dans chaque œil brille l'immobile attente Et un mot : quand ? Ici, il n'y a pas beaucoup de soldats Et les seuls oiseaux abattus rappellent la guerre. On finit par croire à toutes les rumeurs. Les maisons n'ont jamais été aussi pleines : Entassés, un corps sur l'autre. Ce soir, je passais par une rue déserte Et d'un coup, je vis un chariot qui transportait des cadavres. Pourquoi les tambours roulent-ils tant d'appels ? Pourquoi à présent tant de soldats ? Puis ... Une semaine après la fin La ville sera vide Et un pigeon affamé picorera nos miettes. Au beau milieu de la rue Sordide et vide Restera le chariot de la mort. Thérésine Poème dactylographié. Au crayon, dans le coin supérieur droit : 1944. Au sixième vers une correction au fusain : “dva roky” (deux ans) corrigé en “ctvrty rok” (quatre ans). Dans le coin inférieur droit, la signature “Mif” a été ajoutée au crayon. De pesantes roues nous écrasent le front Et creusent un sillon dans notre mémoire. Nous sommes depuis trop longtemps une colonne de maudits qui veulent enserrer les temps de leurs enfants Avec les bandages de l'aveuglement. Quatre ans derrière un marais En attente d'une eau pure. Mais les eaux des rivières courent dans d'autres lits, Dans d'autres lits, Que tu vives ou que tu meures. Il n'y a pas de fracas des armes, les fusils sont muets. Il n'y a aucune trace de sang ici : rien. Seulement une faim sans paroles. Les enfants volent le pain et demandent seulement À dormir, à se taire, à encore dormir.... De pesantes roues nous écrasent le front Et creusent un sillon dans notre mémoire. Les années même ne pourront effacer Tout cela. La chanson de l'oiseau Manuscrit écrit à la plume sur une feuille de papier blanc, avec trois autres fragments du même auteur. Daté 1943. Derrière la feuille au crayon : L 410. Pas d'autre information. Celui qui s'accroche à son nid, Ne sait pas ce qu'est le monde. Il ne sait pas ce que savent tous les oiseaux Et il ne sait pas ce pourquoi je veux chanter Le monde et sa beauté. Quand à l'aube le rayon du soleil Illumine la terre Et l'herbe scintille de perles dorées, Quand l'aurore disparaît Et que les merles sifflent dans les haies... Alors, je comprends comme il est bon de vivre. Essaye, ô mon ami, d'ouvrir ton cœur à la beauté Quand tu promènes dans la nature Pour tresser des guirlandes à tes souvenirs. Même si tes larmes coulent le long de la route, Tu verras qu'il est merveilleux de vivre. À Olga Ce poème a été écrit au crayon sur un bout de papier ligné. Il n'est pas signé, mais comporte le sigle du bloc L. 410. D'après l'écriture, on l'attribue à Alena Synková, née à Prague le 24.9.1926, déportée à Thérésine il 22.12.1942. Elle a survécu. Écoute, Déjà siffle la sirène du navire Et nous devons partir Vers un port inconnu ! Écoute, C'est l'heure déjà. Nous naviguerons loin, Nos rêves deviendront réalité. Oh ! Doux nom du Maroc ! Écoute, C'est l'heure déjà. Le vent nous dit des chansons De pays lointains. Regarde le ciel et pense seulement aux violettes. Écoute, C'est l'heure déjà. | LA CANTATE DES ENFANTS DE THÉRÉSINE (2020) « Mais regarde bien et garde-toi bien de l’oubli des choses que tes yeux ont vues ; qu’elles ne quittent pas ton cœur, tout au long de ta vie. Tu les enseigneras aussi à tes enfants et aux enfants de tes enfants. » (Chap. 4, vers. 9 du Deuteronome, livre cinq de la Torah et de la Bible chrétienne). Le jardin Poème conservé avec sept autres, tous écrits à la main. Il s’agit sans doute de copies. Devant : la signature “Franta Bass”. Frantizek Bass, né à Brno le 4.9.1930, fut déporté à Thérésine le 2.12.1942. Mort le 28.10.1944 à Auschwitz. C’est un petit jardin Parfumé de mille roses ; Son sentier est étroit Où court l’enfant. Un enfant joli, un petit enfant Comme un bouton qui s’ouvre Quand la fleur s’entrouvrira. L’enfant ne sera plus là. À Thérésine Fragments retrouvés, écrits au crayon, sur un buvard par une main d’enfant maladroite, mais sans erreurs d’orthographe. Comme signature, on trouve dans le coin droit le prénom “Teddy”. Ajoutées d’une main étrangère les indications 1943 et L 410. On n’a pas pu identifier leur jeune auteur. Il devait toutefois appartenait au cercle de Piroslav Košek, en compagnie duquel il était logé dans le bloc L 410. Dès le moment où quelqu’un arrive ici Chaque chose lui semble étrange. Comment… Je dois me coucher par terre ? Non, je ne mangerai pas ces patates pourries. Et ça, ça sera ma maison ? C’est crasseux ! Le sol est boueux et sale Et je devrais me coucher là. Comment faire sans me salir ? Il y a toujours un grand mouvement de cris et de pleurs Et tant, tant de mouches. Tout le monde sait que les mouches amènent des maladies. Quelque chose m’a piqué : une punaise peut-être. Comme Thérésine est horrible. Qui sait quand je rentrerai chez moi… Une soirée ensoleillée Poème d’un prisonnier anonyme du bloc L 318, où étaient tous les garçons de 10 à 16 ans. Dactylographie. En haut à droite l’année 1944. Aucune autre indication. Par une soirée empourprée d’un soleil couchant Sous les bourgeons fleuris des châtaigniers Je suis assis dans la poussière C’est un jour comme hier, un jour comme tant. Les arbres très beaux fleurissent Dans leur vieillesse ligneuse, si beaux Que j’ose à peine lever les yeux Vers leur verte splendeur, là-haut. Une voile dorée d’or solaire Soudain fait tressaillir mon corps Quand le ciel me lance un cri bleu Et me sourit, j’en suis sûr. Chaque chose fleurit et sans fin encor sourit. Je voudrais voler, mais comment, mais où ? Si tout est en fleurs… je me dis, pourquoi pas moi ? Voilà pourquoi je ne meurs pas. La petite souris Deux strophes enfantines, rimées, écrites à la plume sur un document administratif allemand. Signé de la façon suivante : en haut à droite : “Koleba: Košek, Löwy, Bachner”. Cette indication est complétée au crayon : “26/11”. Le fragment est écrit d’une main enfantine, incertaine, mais sans erreurs d’orthographe. Miroslav Košek était né le 30.3.1932 à Horelice, en Bohème. Déporté à Thérésine le 25.2.1942, il mourra le 19.10.1944 à Auschwitz. À Thérésine, il logea au bloc L 410. Hanuš Löwy était né à Ostrava le 29.6.1931. Déporté à Thérésine le 30.9.1942, il mourra le 4.10.1944 à Auschwitz. On n’a pu trouver aucun renseignement sur Bachner. Au fond de son nid, la petite souris Cherche une puce dans son pelage gris ; Elle s’affaire, elle fouille, elle fouine, Mais elle ne trouve pas, elle n’a pas de chance. Elle se tourne par ci, elle se tourne par là, Mais la puce ne s’en va pas. Voici qu’arrive son papa Qui examine ses poils ras ; Voilà qu’il attrape cette puce Et puis, il la jette dans le feu. La petite souris ne perd pas de temps, Elle court inviter son grand-père à l’instant : « Menu du jour, Puce au four ! » Thérésine Poème écrit à la machine. Indication dans le coin droit : IX, 1944; ajouté au crayon, en bas à droite : écrit par des enfants des blocs L 318 et L 417 , 10-16 ans. Pas de signature. O. Klein qui fut “éducateur” à Thérésine a identifié l’auteur en Hanuš Hachenburg. Hanuš Hachenburg était né à Prague le 12.7.1929. Dé^porté à Thérésine le 24.10.1942, il est mort à Auschwitz le 18.12.1943. Une tache sale sur un mur pourri Et tout autour le fil barbelé. On dort là à 30 000 Et quand on s’éveillera, On verra la mer De notre sang. J’étais un enfant il y a trois ans, Je rêvais alors d’autres pays ; Maintenant je ne suis plus un enfant, J’ai vu les incendies Et trop vite, je suis devenu grand. J’ai connu la peur : Les jours assassins, les mots de sang. Mais où est le croquemitaine d’antan ? Mais ce n’est peut-être qu’un songe Et je m’éveillerai, à nouveau enfant. Dans mon enfance, fleur de roseraie, Murmurante clochette de mes songes, Comme une mère qui berce son bébé Avec l’amour débordant De sa maternité. Enfance misérable chaîne Qui te lie à l’ennemi et au gibet. Misérable enfance qui, dans sa tristesse, Distingue déjà le bien et le mal. Là-bas où doucement mon enfance repose Dans les petits parterres d’un parc. Là-bas, dans cette maison, quelque chose s’est brisé Quand sur moi est tombé le mépris. Là-bas dans les jardins ou dans les fleurs Ou sur le sein maternel, où je suis né Pour pleurer… À la lumière d’une bougie je m’endors Peut-être pour comprendre un jour Que j’étais une bien petite chose. Petite comme le chœur des 30 000, Comme notre vie qui dort Là-bas dans les champs, Qui dort et qui s’éveillera, Ouvrira les yeux Et pour ne pas trop en voir Se laissera reglisser dans le noir… La ville close Cette poésie existe seulement en copie dactylographiée. Sans indication. Chaque chose tombe de travers Comme la bosse d’une vieille Dans chaque œil brille l’immobile attente Et un mot : quand ? Ici, il n’y a pas beaucoup de soldats Et les seuls oiseaux abattus rappellent la guerre. On finit par croire à toutes les rumeurs. Les maisons n’ont jamais été aussi pleines : Entassés, un corps sur l’autre. Ce soir, je passais par une rue déserte Et d’un coup, je vis un chariot qui transportait des cadavres. Pourquoi les tambours roulent-ils tant d’appels ? Pourquoi à présent tant de soldats ? Puis … Une semaine après la fin, La ville sera vide Et un pigeon affamé picorera nos miettes. Au beau milieu de la rue Sordide et vide Restera le chariot de la mort. Thérésine Poème dactylographié. Au crayon, dans le coin supérieur droit : 1944. Au sixième vers, une correction au fusain : “dva roky” (deux ans) corrigé en “ctvrty rok” (quatre ans). Dans le coin inférieur droit, la signature “Mif” a été ajoutée au crayon. De pesantes roues nous écrasent le front Et creusent un sillon dans notre mémoire. Nous sommes depuis trop longtemps une colonne de maudits Qui veulent enserrer les temps de leurs enfants Avec les bandages de l’aveuglement. Quatre ans derrière un marais En attente d’une eau pure. Mais les eaux des rivières courent dans d’autres lits, Dans d’autres lits, Que tu vives ou que tu meures. Il n’y a pas de fracas des armes, les fusils sont muets. Il n’y a aucune trace de sang ici : rien. Seulement une faim sans paroles. Les enfants volent le pain et demandent seulement À dormir, à se taire, à encore dormir… De pesantes roues nous écrasent le front Et creusent un sillon dans notre mémoire. Les années même ne pourront effacer Tout cela. La chanson de l’oiseau Manuscrit écrit à la plume sur une feuille de papier blanc, avec trois autres fragments du même auteur. Daté 1943. Derrière la feuille au crayon : L 410. Pas d’autre information. Celui qui s’accroche à son nid, Ne sait pas ce qu’est le monde. Il ne sait pas ce que savent tous les oiseaux Et il ne sait pas ce pourquoi je veux chanter Le monde et sa beauté. Quand à l’aube, le rayon du soleil Illumine la terre Et l’herbe scintille de perles dorées, Quand l’aurore disparaît Et que les merles sifflent dans les haies… Alors, je comprends comme il est bon de vivre. Essaye, ô mon ami, d’ouvrir ton cœur à la beauté Quand tu promènes dans la nature Pour tresser des guirlandes à tes souvenirs. Même si tes larmes coulent le long de la route, Tu verras qu’il est merveilleux de vivre. À Olga Ce poème a été écrit au crayon sur un bout de papier ligné. Il n’est pas signé, mais comporte le sigle du bloc L. 410. D’après l’écriture, on l’attribue à Alena Synková, née à Prague le 24.9.1926, déportée à Thérésine le 22.12.1942. Elle a survécu. Écoute, Déjà siffle la sirène du navire Et nous devons partir Vers un port inconnu ! Écoute, C’est l’heure déjà. Nous naviguerons loin, Nos rêves deviendront réalité. Oh ! Doux nom du Maroc ! Écoute, C’est l’heure déjà. Le vent nous dit des chansons De pays lointains. Regarde le ciel Et pense seulement aux violettes. Écoute, C’est l’heure déjà. |