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Ma mi

Giorgio Strehler
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OriginaleVersion française – MAIS MOI – Marco Valdo M.I. – 2009
MA MIMAIS MOI
Serom in quatter col Padola,
el Rodolfo, el Gaina e poeu mi:
quatter amis, quatter malnatt,
vegnu su insemma compagn di gatt.
Emm fa la guera in Albania,
poeu su in montagna a ciapà i ratt:
negher Todesch del la Wermacht,
mi fan morire domaa a pensagh!
Poeu m’hann cataa in d’una imboscada:
pugnn e pesciad e ’na fusilada...
Nous étions quatre Padula,
Rodolfo, Gaina et moi.
Quatre amis, quatre malnés
Arrivés ensemble comme les chats.
Nous avons fait la guerre en Albanie
Puis dans la montagne à chasser les rats :
Noirs Tueurs de la Wehrmacht.
Ils me font mourir rien que d'y penser !
Puis, ils m'ont chopé dans cette embuscade
Poings, pieds et fusillade...
Ma mi, ma mi, ma mi,
quaranta dì, quaranta nott,
A San Vittur a ciapaa i bott,
dormì de can, pien de malann!...
Ma mi, ma mi, ma mi,
quaranta dì, quaranta nott,
sbattuu de su, sbattuu de giò:
mi sont de quei che parlen no!
Mais moi, mais moi, mais moi
Quarante jours, quarante nuits
À San Vittore à prendre des coups,
Dormir en chien, rempli de maux...
Mais moi, mais moi, mais moi
Quarante jours, quarante nuits
Battu et rebattu
Je suis de ceux qui ne parlent pas !
El Commissari ’na mattina
el me manda a ciamà lì per lì:
"Noi siamo qui, non sente alcun-
el me diseva ’sto brutt terron!
El me diseva - i tuoi compari
nui li pigliasse senza di te...
ma se parlasse ti firmo accà
il tuo condono: la libertà!
Fesso sì tu se resti contento
d’essere solo chiuso qua ddentro..."
Un matin, le Commissaire
M'envoya chercher à l'improviste.
« Ici où nous sommes, personne n'entend »
Me disait cette brute épaisse;
Il me disait, tes camarades
Nous les aurons même sans toi
Mais si tu parles, je te signe ici
Ton billet de sortie : la liberté.
Ma mi, ma mi, ma mi,
quaranta dì, quaranta nott,
A San Vittur a ciapaa i bott,
dormì de can, pien de malann!...
Ma mi, ma mi, ma mi,
quaranta dì, quaranta nott,
sbattuu de su, sbattuu de giò:
mi sont de quei che parlen no!
Mais moi, mais moi, mais moi
Quarante jours, quarante nuits
À San Vittore à prendre des coups,
Dormir en chien, rempli de maux...
Mais moi, mais moi, mais moi
Quarante jours, quarante nuits
Battu et rebattu
Je suis de ceux qui ne parlent pas !
Sont saraa su in ’sta ratera
piena de nebbia, de fregg e de scur,
sotta a ’sti mur passen i tramm,
frecass e vita del ma Milan...
El coeur se streng, venn giò la sira,
me senti mal, e stoo minga in pee,
cucciaa in sul lett in d’on canton
me par de vess propri nissun!
L’è pegg che in guera staa su la tera:
la libertà la var ’na spiada!
Je suis resté enfermé dans ce trou à rats
Plein de froid, de nuit et de brouillard;
Sous cette muraille passent les trams.
Fracas et vie de ma Milan.
Mon cœur se serre, le soir tombe,
Je me sens mal et je ne me lève pas;
Couché sur le lit dans un coin
Il me semble n'être plus personne.
Être sur terre est pire qu'être en guerre:
La liberté vaudrait bien une délation !
Ma mi, ma mi, ma mi,
quaranta dì, quaranta nott,
A San Vittur a ciapaa i bott,
dormì de can, pien de malann!...
Ma mi, ma mi, ma mi,
quaranta dì, quaranta nott,
sbattuu de su, sbattuu de giò:
mi sont de quei che parlen no!
Mais moi, mais moi, mais moi
Quarante jours, quarante nuits
À San Vittore à prendre des coups,
Dormir en chien, rempli de maux...
Mais moi, mais moi, mais moi
Quarante jours, quarante nuits
Battu et rebattu
Je suis de ceux qui ne parlent pas !
Mi parli no!Mais moi, je ne parle pas !


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