Carta de un león a otro
Juan Carlos BagliettoOriginal | Version française de Riccardo Venturi |
CARTA DE UN LEÓN A OTRO Perdona, hermano mío, si te digo que ganas de escribirte no he tenido, no sé si es el encierro, no sé si es la comida o el tiempo que ya llevo en esta vida. Lo cierto es que el zoológico deprime y el mal no se redime sin cariño, si no es por esos niños que acercan su alegría sería más amargo todavía. A tì te irá mejor, espero, viajando por el mundo entero, aunque ese domador, según me cuentas, te obligue a trabajar más de la cuenta. Tu tienes que entender, hermano, que el alma tiene de villano, al no poder mandar a quien quisiera descarga su poder sobre las fieras. Muchos humanos son importantes, silla mediante, látigo en mano. Pero volviendo a mí, nada ha cambiado aquí, desde que fuimos separados. Hay algo, sin embargo, que noto entre la gente parece que miraran diferente. Sus ojos han perdido algún destello, como si fueran ellos los cautivos. Yo sé lo que te digo, apuesto lo que quieras que afuera tienen miles de problemas. Caímos en la selva, hermano, y mira en que piadosas manos! Su aire está viciado de humo y muerte y quién anticipar puede su suerte? Volver a la naturaleza sería su mayor riqueza, allí podrían amarse libremente y no hay ningún zoológico de gente! Cuídate, hermano, yo no sé cuando pero ese día viene llegando... | JE T'ÉCRIS, MON FRÈRE LION Pardonne-moi, mon frère, si je te dis que je n'avais pas envie de t'écrire je ne sais si c'est pour la captivité je ne sais si c'est pour la nourriture et pour le temps que j'ai déjà derrière moi dans cette vie Bien sûr, le zoo déprime, la maladie ne guérit pas sans une cure, n'eût-il pas pour ces enfants ça serait encore plus désagréable. Ça va mieux pour toi, j'espère, toi qui voyages pour le monde entier même si ce dompteur, à mon avis, t'oblige à bosser plus qu'il n'est dû. Faut que tu comprennes, mon frère qu'il a l'âme d'un malotru: il aimerait bien commander aux hommes et passe son pouvoir sur les bêtes. Moult êtres humains sont importants avec une chaise et le fouet à la main. Mais revenant à moi, rien n'a changé ici depuis qu'on nous sépara. Pourtant, y a quelque chose que j'ai noté parmi les gens, il semble qu'il regardent sans intérêt Ils n'ont plus d'étincelles dans leurs yeux comme si c'étaient eux, dans la cage. Moi je sais ce que je te dis, je parie ce que tu veux, qu'ils ont mille problèmes, là dehors. Mon frère, nous sortîmes de la jungle: regarde dans quelles mains nous sommes tombés! Leur air est vicié de fumée et de mort, et qui donc saurait prévoir leur sort? Revenir à la nature, ça serait leur plus belle richesse, ils pourraient, là, s'aimer librement et il n'y aurait aucun zoo de personnes! Fais gaffe, mon frère, je ne sais quand mais ce jour-là va arriver… |