Le Chant du Pain
Pierre DupontOriginal | Questo dovrebbe essere il testo completo, trovato su books.google... |
LE CHANT DU PAIN Quand dans l’air et sur la rivière Des moulins se tait le tic-tac ; Lorsque l’âne de la meunière Broute et ne porte plus le sac : La famine comme une louve, Entre en plein jour dans la maison ; Dans les airs un orage couve, Un grand cri monte à l’horizon : On n’arrête pas le murmure Du peuple, quand il dit : J’ai faim ! Car c’est le cri de la nature : Il faut du pain ! Il faut du pain ! La faim arrive du village, Dans la ville, par les faubourgs ; Allez donc barrer le passage Avec le bruit de vos tambours. Malgré la poudre et la mitraille, Elle traverse à vol d’oiseau, Et sur la plus haute muraille Elle plante son noir drapeau. On n’arrête pas le murmure Du peuple, quand il dit : J’ai faim ! Car c’est le cri de la nature : Il faut du pain ! Il faut du pain ! C’est que le pain est nécessaire Autant que l’eau, l’air et le feu : Sans le pain on ne peut rien faire ; Le pain est la dette de Dieu. Mais Dieu nous a payé sa dette ; A-t-il refusé le terrain ? Le soleil luit sur notre tête Et peut toujours mûrir le grain. On n’arrête pas le murmure Du peuple, quand il dit : J’ai faim ! Car c’est le cri de la nature : Il faut du pain ! Il faut du pain ! Que nous font les querelles vaines Des cabinets européens ? Faudrait-il encore pour ces haines Armer nos bras cyclopéens ? Du peuple océan qui se rue Craignez le flux ou le reflux ; Donnez la terre à la charrue, Et le pain ne manquera plus. On n’arrête pas le murmure Du peuple, quand il dit : J’ai faim ! Car c’est le cri de la nature : Il faut du pain ! Il faut du pain ! | LE CHANT DU PAIN Quand dans l'air et sur la rivière Des moulins se tait le tic-tac, Lorsque l'âne de la meunière Broute et ne porte plus le sac, La famine, comme une louve, Entre en plein jour dans la maison; Dans les airs un orage couve, Un grand cri monte à l'horizon. On n'arrête pas le murmure Du peuple, quand il dit J'ai faim; Car c'est le cri de la nature Il faut du pain! La faim arrive du village Dans la ville par les faubourgs. Allez donc barrer le passage Avec le bruit de vos tambours Malgréla poudre et la mitraille, Elle traverse à vol d'oiseau Et sur la plus haute muraille Elle plante son noir drapeau. On n'arrête pas le murmure Du peuple, quand il dit J'ai faim; Car c'est le cri de la nature Il faut dn pain Que feront vos troupes réglées ? La faim donne à ses bataillons Des armes en plein champ voiles Aux prés, aux fermes, aux sillons Fourches, pelles, faux et faucilles; Dans la ville, au glas du tocsin, On voit jusqu'à des jeunes filles Sous le fusil broyer leur sein. On n'arrête pas le murmure Du peuple, quand il dit J'ai faim; Car c'est le cri de la nature Il faut du pain Arrêtez dans la populace Ceux qui portent fusils et faux; Faites dresser en pleine place La charpente dès échafauds Aux yeux des foules consternées, Après que le couteau sanglaut Aura tranché leurs destinées, Un cri s'élèvera du sang. On n'arrête pas le murmure Du peuple, quand il dit J'ai faim! Car c'est le cri de la nature Il faut du pain! C'est que le pain est nécessaire Autant que l'eau l'air et le feu. Sans le pain on ne peut rien faire; Le pain est la dette de Dieu. Mais Dieu nous a payé sa dette A-t-il refusé le terrain ? Le soleil luit sur notre tête, Et peut toujours mûrir le grain. On n'arrête pas le murmure Du peuple, quand il dit J'ai faim Car c'est le cri de la nature Il faut du pain ! La terre n'est pas labourée, Et le blé devrait, abondant, Jaunir la zone tempérée, Et, du pôle au tropique ardent Déchirons le sein de la terre, Et, pour ce combat tout d'amour, Changeons les armes de la guerre En des instruments de labour. On n'arrête pas le murmure Du peuple, quand il dit J'ai faim; Car c'est le cri de la nature Il faut du pain! Que nous font lès querelles vaines Des cabinets européens? Faudrait-il encor pour ces haines Armer nos bras cyclopéens? Du peuple océan qui se rue Craignez le flux ou le reflux Donnez la terre à la charrue, Et le pain ne manquera plus. On n'arrête pas le murmure Du peuple, quand il dit J'ai faim Car c'est le cri de la nature Il faut du pain! |