Sia maledetto chi ha trovato la spada
Piero SalvettiVersion française – MAUDIT SOIT CELUI QUI A TROUVÉ L'ÉPÉE – Mar... | |
ALAS! CURSE UPON HIM, WHO INVENTED THE SWORDE! Alas! Curse upon Him, who invented the Sworde! And, worse than euer, upon Him, who invented the Musket! Curse upon all Weapons and Armouries, And, oh!, aboue all Upon the damned Artillery Which slayeth Men, or maketh them expire. And yet, the maddest Folke one can meete Who like to handle these Deuices Endangering our Peace! And, alas! They even looke for remote Countries To finde some one, who gayly braineth them, And they go to War as if they wente to a Party! And they holde Flanders and Germany For their Lande of Cockaygne, And they longe for ending there their Lyffe As if, here, they coulde not die like Alle. But, as the Mad haue always goode Lucke, They haue not to go too far Nowe, to be contented: These Rolandes will bee satisfied, But I am in Despaire For I am a deadlie Enemy of Military Lyffe And, nowe, I haue to go Soldier And haue to force my owne Lazinesse. I am not too shy to saye that I am lazy: The Worlde needeth any Kinde of Peeple, - This am I told by a wittie Genius Who hasteneth to War Ayming at Greatenesse in such a Waye. But I hold him for a Foole: For I am not inclinëd to Greatenesse, I am content with being a little Man. And whilst I am there, dejected, A Drummer, may be German, suddenlie appeareth And sayeth to me: - Herr Soldat, lustig, fort in Krieg! Woe betide upon thee!, I replied, so scared att him. And, yet, he drummed out His Invitation so to breake my Eares, Itt was so long, that itt still resoundeth. Looke you, what a goode Invention! To make self confident a Man who is not, One hath to speake German and beate the Drum! And more, to encourage me, They want to charge me with Weapons like a Donkey: May I die nowe, if I can doe this! And then, I want to saye: I would be a Cowarde If I go dressed like a walking Fortress. He, who holdeth for glorious To die suddenly by a Gunne or by a Sworde, Yes, I holde him for a Foole: And, euen iff it were wise, itt bothereth me. And when the Heaven wants me to gyue backe my Soule, I want to die so slowlie, and att my Ease! | MAUDIT SOIT CELUI QUI A TROUVÉ L'ÉPÉE Oh! Maudit soit celui qui a inventé l'épée Et pire encore celui qui a inventé le fusil ! Que soient maudites les armes et les armuriers, Et en particulier, Ces sales bêtes de l'artillerie, Qui font sursauter et massacrent. Pourtant il se trouve des gens tellement fous Qu'ils manigancent avec ces instruments Et la paix trépasse ! C'est tellement mieux d'aller dans de lointains pays Trouver quelqu'un qui te brise la tête Et va à la guerre comme à une fête. Flandre et Allemagne Pays de Cocagne Et finir là sa vie Comme si on ne pouvait mourir ici. Mais comme les fous sont toujours chanceux Il n'est pas besoin d'aller si loin. À présent il faut partir : Ces Rolands seront satisfaits Moi, je suis désespéré Ennemi mortel de la milice Je dois devenir soldat Je dois étaler fièrement ma flemme Je ne suis pas gêné de dire que je suis poltron Il doit y avoir toutes sortes de personnes Me dit un bel esprit Qui s'en va-t-à la guerre Pour chercher à grandir ainsi Moi, j'y parviens par couardise Moi qui n'incline pas à tant de grandeur Je me contente de rester tout petit Tout en étant si affligé, Soudain voici un tambour, allemand, Et il me dit : « Herr Soldat, lustig, fort in Krieg! » Je lui réponds plus apeuré que jamais. Que le mal t'emporte! À cette invite, il rajoute Une tambourinade Et si longue, que je crois encore l'entendre, Regardez quelles trouvailles ! Pour faire d'un homme timide, un téméraire, Il faut parler allemand et battre du tambour ! De plus, pour me donner du courage Ils veulent que j'emporte avec moi un tas d'armes Que j'attrape la rage, si je le peux ! Et puis, laissez-moi vous dire, je suis couard Si je pouvais, je me couvrirais d'un rempart. Celui qui estime qu'il y a de la gloire À mourir d'un coup de pistolet ou d'estoc Je le tiens pour un sot; Et, fût-ce encore sage, moi, je ne veux pas d'histoires Quant à me donner la mort, le ciel s'en chargera Je veux crever tranquille et à mon aise ! Et puis, je ne peux pas comprendre pourquoi Quelqu'un doit faire la querelle et le duel Et, en s'épargnant, Les faire faire à celui-ci ou celui-là S'il ne tenait qu'à moi J'estime que tuer les gens est une faute, Je voudrais que celui qui a pissé, essuie. On me prêche Qu'il faut s'en prendre à l'ennemi; Très bien, je l'ai compris. Mais je n'ai d'inimitié vis-à-vis de personne. Je suis en bonne entente et en confiance avec tous. Pourquoi m'en prendrais-je à quelqu'un ? La conscience ? Un tantinet de patience Que je raille moi aussi, que, par ma foi Con de..., corps de... S'il me vient le caprice de faire de la viande, J'en promets à qui je veux, à qui j'en donne. Ô puissance du ciel, qu'est-ce que je ferai ? Je jure que je mettrai Sens dessus dessous la terre et le monde en pétard; Si je m'en mêle, basta; mais... Je ne m'en mêle jamais. Ah ! Que me sert le flegme, Si demain on part, Disent ces guerriers, pour servir Mars ? Ô si toutes les tempéraments étaient comme le mien Mars se passerait de serviteurs. Pauvre de moi, si j'étais au moins cuirassé Si je pouvais, comme beaucoup, de chaque chute Accuser le cheval, Ou, en me prétendant fatigué, Obtenir Pégase des Muses; C'est que, en ces temps coupables, La littérature n'a pas d'espace Apollon va à pieds et m'envoie à sa place. Il me semble être ce grand oiseau magnifique. Ainsi : je suis; je regarde et en l'air et je m'envole; Les gens disent : « Serviteur, maître ! » Et moi bien coi, je vais à mes affaires; Je me ris de l'ennemi; il regarde et je glisse, Et ne sachant si la chose est fausse ou certaine, Il est en bas bouche bée Et moi de rire tant, je me compisse. Mais qu'est-ce que je raconte d'un cheval, je suis à pied ! Pour dire, m'en aller à pied ! Beau caprice ! Et c'est que je dois rester jour et nuit En armure, comme un poulet dans un pâté ! Ô ciel, je te prie, je me trouve dans ce bourbier Envoie-moi donc la goutte; C'est peut-être une recette Pour que je n'y aille pas ou au moins, j'y aille en voiturette. Quel vilain métier ! Tu crèves si tu y vas Et, si tu tentes de fuir, tu es pendu. De sorte que, de toute manière, Pour zigouiller un brave homme Sans voler, le bourreau trouve la guerre. Et j'aurai moins de gêne D'être pendu par le cou; Car il n'y a finalement qu'une seule peur Mais voilà un qui m'appelle Et qui m'ordonne de faire la sentinelle. Ô mon étoile ennemie ! Je n'ai pas encore eu le temps de dire adieu à la dame, Et je ne me console pas de savoir qu'à l'armée On oublie chacun son aimée. Il se pourrait que j'oublie les belles, Mais pas vous, non pas vous, gourmandines ! |