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Thomas Sankara: Discours devant l’assemblée générale de l’ONU le 4 octobre 1984

LA CCG NUMERO 30000 / AWS NUMBER 30000 / LA CCG N° 30000 / SVL NRO 30000
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THOMAS SANKARA: DISCOURS DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L’ONU LE 4 OCTOBRE 1984

Monsieur le Président, Monsieur le secrétaire Général,

Honorables représentants de la Communauté internationale

Je viens en ces lieux vous apporter le salut fraternel d’un pays de 274000 km², où sept millions d’enfants, de femmes et d’hommes, refusent désormais de mourir d’ignorance, de faim, de soif, tout en n’arrivant pas à vivre véritablement depuis un quart de siècle d’existence comme Etat souverain, siégeant à l’ONU.

Je viens à cette Trente-neuvième session vous parler au nom d’un peuple qui, sur la terre de ses ancêtres, a choisi, dorénavant de s’affirmer et d’assumer son histoire, dans ses aspects positifs, comme dans ses aspects négatifs, sans complexe aucun.

Je viens enfin, mandaté par le Conseil National de la Révolution (CNR) du Burkina Faso, pour exprimer les vues de mon peuple concernant les problèmes inscrits à l’ordre du jour, et qui constituent la trame tragique des évènements qui fissurent douloureusement les fondements du monde en cette fin du vingtième siècle. Un monde où l’humanité est transformée en cirque, déchirée par les luttes entre les grands et les semi-grands, battue par les bandes armées, soumise aux violences et aux pillages. Un monde où des nations, se soustrayant à la juridiction internationale, commandent des groupes hors-la-loi, vivant de rapines, et organisant d’ignobles trafics, le fusil à la main.

Monsieur le Président

Je n’ai pas ici la prétention d’énoncer des dogmes. Je ne suis ni un messie ni un prophète. Je ne détiens aucune vérité. Ma seule ambition est une double aspiration : premièrement, pouvoir, en langage simple, celui de l’évidence et de la clarté, parler au nom de mon peuple, le peuple du Burkina Faso ; deuxièmement, parvenir à exprimer aussi, à ma manière, la parole du “Grand peuple des déshérités”, ceux qui appartiennent à ce monde qu’on a malicieusement baptisé Tiers Monde. Et dire, même si je n’arrive pas à les faire comprendre, les raisons que nous avons de nous révolter.

Tout cela dénote de l’intérêt que nous portons à l’ONU, les exigences de nos droits y prenant une vigueur et la rigueur de la claire conscience de nos devoirs.

Nul ne s’étonnera de nous voir associer l’ex Haute-Volta, aujourd’hui le Burkina Faso, à ce fourre-tout méprisé, le Tiers Monde, que les autres mondes ont inventé au moment des indépendances formelles pour mieux assurer notre aliénation culturelle, économique et politique. Nous voulons nous y insérer sans pour autant justifier cette gigantesque escroquerie de l’Histoire. Encore moins pour accepter d’être “l’arrière monde d’un Occident repu”. Mais pour affirmer la conscience d’appartenir à un ensemble tricontinental et admettre, en tant que non-alignés, et avec la densité de nos convictions, qu’une solidarité spéciale unit ces trois continents d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique dans un même combat contre les mêmes trafiquants politiques, les mêmes exploiteurs économiques.

Reconnaître donc notre présence au sein du Tiers Monde c’est, pour paraphraser José Marti, “affirmer que nous sentons sur notre joue tout coup donné à n’importe quel homme du monde”. Nous avons jusqu’ici tendu l’autre joue. Les gifles ont redoublées. Mais le cœur du méchant ne s’est pas attendri. Ils ont piétiné la vérité du juste. Du Christ ils ont trahi la parole. Ils ont transformé sa croix en massue. Et après qu’ils se soient revêtus de sa tunique, ils ont lacéré nos corps et nos âmes. Ils ont obscurci son message. Ils l’ont occidentalisé cependant que nous le recevions comme libération universelle. Alors, nos yeux se sont ouverts à la lutte des classes. Il n’y aura plus de gifles.

Il faut proclamer qu’il ne peut y avoir de salut pour nos peuples que si nous tournons radicalement le dos à tous les modèles que tous les charlatans de même acabit ont essayé de nous vendre vingt années durant. Il ne saurait y avoir pour nous de salut en dehors de ce refus là. Pas de développement en dehors de cette rupture.

Du reste, tous les nouveaux “maîtres-à-penser” sortant de leur sommeil, réveillés par la montée vertigineuse de milliards d’hommes en haillons, effrayés par la menace que fait peser sur leur digestion cette multitude traquée par la faim, commencent à remodeler leurs discours et, dans une quête anxieuse, recherchent une fois de plus en nos lieu et place, des concepts-miracles, de nouvelles formes de développement pour nos pays. Il suffit pour s’en convaincre de lire les nombreux actes des innombrables colloques et séminaires.

Loin de moi l’idée de tourner en ridicule les efforts patients de ces intellectuels honnêtes qui, parce qu’ils ont des yeux pour voir, découvrent les terribles conséquences des ravages imposés par lesdits “spécialistes” en développement dans le Tiers Monde. La crainte qui m’habite c’est de voir les résultats de tant d’énergies confisquées par les Prospéro de tout genre pour en faire la baguette magique destinée à nous renvoyer à un monde d’esclavage maquillé au goût de notre temps.

Cette crainte se justifie d’autant plus que la petite bourgeoisie africaine diplômée, sinon celle du Tiers Monde, soit par paresse intellectuelle, soit plus simplement parce qu’ayant goûté au mode de vie occidental, n’est pas prête à renoncer à ses privilèges. De ce fait, elle oublie que toute vraie lutte politique postule un débat théorique rigoureux et elle refuse l’effort de réflexion qui nous attend. Consommatrice passive et lamentable, elle se regorge de vocables fétichisés par l’Occident comme elle le fait de son whisky et de son champagne, dans ses salons à l’harmonie douteuse.

On recherchera en vain depuis les concepts de négritude ou d’”African Personality” marqués maintenant par les temps, des idées vraiment neuves issues des cerveaux de nos “grands” intellectuels. Le vocabulaire et les idées nous viennent d’ailleurs. Nos professeurs, nos ingénieurs et nos économistes se contentent d’y adjoindre des colorants parce que, des universités européennes dont ils sont les produits, ils n’ont ramené souvent que leurs diplômes et le velours des adjectifs ou des superlatifs.

Il est nécessaire, il est urgent que nos cadres et nos travailleurs de la plume apprennent qu’il n’y a pas d’écriture innocente. En ces temps de tempêtes, nous ne pouvons laisser à nos seuls ennemis d’hier et d’aujourd’hui, le monopole de la pensée, de l’imagination et de la créativité. Il faut, avant qu’il ne soit trop tard, car il est déjà trop tard, que ces élites, ces hommes de l’Afrique, du Tiers Monde, reviennent à eux-mêmes, c’est-à-dire à leur société, à la misère dont nous avons hérité pour comprendre non seulement que la bataille pour une pensée au service des masses déshéritées n’est pas vaine, mais qu’ils peuvent devenir crédibles sur le plan international, qu’en inventant réellement, c’est-à-dire, en donnant de leurs peuples une image fidèle. Une image qui leur permette de réaliser des changements profonds de la situation sociale et politique, susceptibles de nous arracher à la domination et à l’exploitation étrangères qui livrent nos Etats à la seule perspective de la faillite.

C’est ce que nous avons perçu, nous, peuple burkinabè, au cours de cette nuit du 4 août 1983, aux premiers scintillements des étoiles dans le ciel de notre Patrie. Il nous fallait prendre la tête des jacqueries qui s’annonçaient dans les campagnes affolées par l’avancée du désert, épuisées par la faim et la soif et délaissées. Il nous fallait donner un sens aux révoltes grondantes des masses urbaines désoeuvrées, frustrées et fatiguées de voir circuler les limousines des élites aliénées qui se succédaient à la tête de l’Etat et qui ne leur offraient rien d’autre que les fausses solutions pensées et conçues par les cerveaux des autres. Il nous fallait donner une âme idéologique aux justes luttes de nos masses populaires mobilisées contre l’impérialisme monstrueux. A la révolte passagère, simple feu de paille, devait se substituer pour toujours la révolution, lutte éternelle contre la domination.

D’autres avant moi ont dit, d’autres après moi diront à quel point s’est élargi le fossé entre les peuples nantis et ceux qui n’aspirent qu’à manger à leur faim, boire à leur soif, survivre et conserver leur dignité. Mais nul n’imaginera à quel point ” le grain du pauvre a nourri chez nous la vache du riche”.

Dans le cas de l’ex Haute Volta, le processus était encore plus exemplaire. Nous étions la condensation magique, le raccourci de toutes les calamités qui ont fondu sur les pays dits “en voie de développement”. Le témoignage de l’aide présentée comme la panacée et souvent trompetée, sans rime ni raison, est ici éloquent. Très peu sont les pays qui ont été comme le mien inondés d’aides de toutes sortes. Cette aide est en principe censée œuvrer au développement. On cherchera en vain dans ce qui fut autrefois la Haute-Volta, les signes de ce qui peut relever d’un développement. Les hommes en place, soit par naïveté, soit par égoïsme de classe, n’ont pas pu ou n’ont pas voulu maîtriser cet afflux extérieur, en saisir la portée et exprimer des exigences dans l’intérêt de notre peuple.

Analysant un tableau publié en 1983 par le Club du Sahel, Jacques Giri dans son ouvrage “Le Sahel Demain”, conclut avec beaucoup de bon sens que l’aide au Sahel, à cause de son contenu et des mécanismes en place, n’est qu’une aide à la survie. Seuls, souligne-t-il, 30 pour cent de cette aide permet simplement au Sahel de vivre. Selon Jacques Giri, cette aide extérieure n’aurait d’autres buts que de continuer à développer les secteurs improductifs, imposant des charges intolérables à nos petits budgets, désorganisant nos campagnes, creusant les déficits de notre balance commerciale, accélérant notre endettement.

Juste quelques clichés pour présenter l’ex Haute-Volta :
– 7 millions d’habitants, avec plus de 6 millions de paysannes et de paysans
– Un taux de mortalité infantile estimé à 180 pour mille
– Une espérance de vie se limitant à 40 ans
– Un taux d’analphabétisme allant jusqu’à 98 pour cent, si nous concevons l’alphabétisé comme celui qui sait lire, écrire et parler une langue.
– Un médecin pour 50000 habitants
– Un taux de scolarisation de 16 pour cent
– et enfin un produit intérieur brut par tête d’habitant de 53356 francs CFA soit à peine plus de 100 dollars.

Le diagnostic à l’évidence, était sombre. La source du mal était politique. Le traitement ne pouvait qu’être politique.

Certes nous encourageons l’aide qui nous aide à nous passer de l’aide. Mais en général, la politique d’assistance et d’aide n’a abouti qu’à nous désorganiser, à nous asservir, à nous déresponsabiliser dans notre espace économique, politique et culturel.

Nous avons choisi de risquer de nouvelles voies pour être plus heureux. Nous avons choisi de mettre en place de nouvelles techniques.

Nous avons choisi de rechercher des formes d’organisation mieux adaptées à notre civilisation, rejetant de manière abrupte et définitive toutes sortes de diktats extérieurs, pour créer ainsi les conditions d’une dignité à la hauteur de nos ambitions. Refuser l’état de survie, desserrer les pressions, libérer nos campagnes d’un immobilisme moyenâgeux ou d’une régression, démocratiser notre société, ouvrir les esprits sur un univers de responsabilité collective pour oser inventer l’avenir. Briser et reconstruire l’administration à travers une autre image du fonctionnaire, plonger notre armée dans le peuple par le travail productif et lui rappeler incessamment que sans formation patriotique, un militaire n’est qu’un criminel en puissance. Tel est notre programme politique.

Au plan de la gestion économique, nous apprenons à vivre simplement, à accepter et à nous imposer l’austérité afin d’être à même de réaliser de grands desseins.

Déjà, grâce à l’exemple de la Caisse de solidarité nationale, alimentée par des contributions volontaires, nous commençons à répondre aux cruelles questions posées par la sécheresse. Nous avons soutenu et appliqué les principes d’Alma-Ata en élargissant le champ des soins de santé primaires. Nous avons fait nôtre, comme politique d’Etat, la stratégie du GOBI FFF, préconisée par l’UNICEF.

Par l’intermédiaire de l’Office du Sahel des Nations Unies (OSNU), nous pensons que les Nations unies devraient permettre aux pays touchés par la sécheresse la mise sur pied d’un plan moyen et long termes afin de parvenir à l’autosuffisance alimentaire.

Pour préparer le vingt et unième siècle, nous avons, par la création d’une tranche spéciale de la Tombola, “Instruisons nos enfants”, lancé une campagne immense pour l’éducation et la formation de nos enfants dans une école nouvelle. Nous avons lancé à travers l’action salvatrice des Comités de Défense de la Révolution un vaste programme de construction de logements sociaux, 500 en trois mois, de routes, de petites retenues d’eau etc… Notre ambition économique est d’œuvrer pour que le cerveau et les bras de chaque burkinabè puissent au moins lui servir à inventer et à créer de quoi s’assurer deux repas par jour et de l’eau potable.

Nous jurons, nous proclamons, que désormais au Burkina Faso, plus rien ne se fera sans la participation des burkinabè. Rien qui n’ait été au préalable décidé par nous, élaboré par nous. Il n’y aura plus d’attentat à notre pudeur et à notre dignité.

Forts de cette certitude, nous voudrions que notre parole s’élargisse à tous ceux qui souffrent dans leur chair, tous ceux qui sont bafoués dans leur dignité d’homme par un minorité d’hommes ou par un système qui les écrase.

Permettez, vous qui m’écoutez, que je le dise : je ne parle pas seulement au nom du Burkina Faso tant aimé mais également au nom de tous ceux qui ont mal quelque part.

Je parle au nom de ces millions d’êtres qui sont dans les ghettos parce qu’ils ont la peau noire ou qu’ils sont de culture différente et bénéficient d’un statut à peine supérieur à celui d’un animal.

Je souffre au nom des Indiens massacrés, écrasés, humiliés et confinés depuis des siècles dans des réserves afin qu’ils n’aspirent à aucun droit et que leur culture ne puisse s’enrichir en convolant en noces heureuses au contact d’autres cultures, y compris celle de l’envahisseur.

Je m’exclame au nom des chômeurs d’un système structurellement injuste et conjoncturellement désaxé, réduits à ne percevoir de la vie que le reflet de celle des plus nantis.

Je parle au nom des femmes du monde entier, qui souffrent d’un système d’exploitation imposé par les mâles. Pour ce qui nous concerne, nous sommes prêts à accueillir toutes les suggestions du monde entier, nous permettant de parvenir à l’épanouissement total de la femme burkinabè. En retour, nous donnons en partage à tous les pays, l’expérience positive que nous entreprenons avec des femmes désormais présentes à tous les échelons de l’appareil de l’État et de la vie sociale au Burkina Faso. Des femmes qui luttent et proclament avec nous, que l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère et nous en appelons à toutes nos sœurs de toutes les races pour qu’elles montent à l’assaut pour la conquête de leurs droits.

Je parle au nom des mères de nos pays démunis, qui voient mourir leurs enfants de paludisme ou de diarrhée, ignorant qu’il existe, pour les sauver, des moyens simples que la science des multinationales ne leur offre pas, préférant investir dans les laboratoires de cosmétiques et dans la chirurgie esthétique pour les caprices de quelques femmes ou d’hommes dont la coquetterie est menacée par les excès de calories de leurs repas trop riches et d’une régularité à vous donner, non, plutôt à nous donner, à nous autres du Sahel, le vertige. Ces moyens simples recommandés par l’OMS et l’UNICEF, nous avons décidé de les adopter et de les populariser.

Je parle aussi au nom de l’enfant. L’enfant du pauvre, qui a faim et qui louche furtivement vers l’abondance amoncelée dans une boutique pour riches. La boutique protégée par une vitre épaisse. La vitre défendue par une grille infranchissable. Et la grille gardée par un policier casqué, ganté et armé de matraque. Ce policier, placé là par le père d’un autre enfant qui viendra se servir ou plutôt se faire servir parce que représentant toutes les garanties de représentativité et de normes capitalistiques du système.

Je parle au nom des artistes (poètes, peintres, sculpteur, musiciens, acteurs), hommes de bien qui voient leur art se prostituer pour l’alchimie des prestidigitations de show-business.

Je crie au nom des journalistes qui sont réduits soit au silence, soit au mensonge pour ne pas subir les dures lois du chômage.

Je proteste au nom des sportifs du monde entier dont les muscles sont exploités par les systèmes politiques ou les négociants de l’esclavage modernes.

Mon pays est un concentré de tous les malheurs des peuples, une synthèse douloureuse de toutes les souffrances de l’humanité, mais aussi et surtout des espérances de nos luttes. C’est pourquoi je vibre naturellement au nom des malades qui scrutent avec anxiété les horizons d’une science accaparée par les marchands de canons. Mes pensées vont à tous ceux qui sont touchés par la destruction de la nature et à ces trente millions d’hommes qui vont mourir comme chaque année, abattus par la redoutable arme de la faim.

Militaire, je ne peux oublier ce soldat obéissant aux ordres, le doigt sur la détente, et qui sait que la balle qui va partir ne porte que le message de la mort.

Enfin, je veux m’indigner en pensant aux Palestiniens qu’une humanité inhumaine a choisi de substituer à un autre peuple, hier encore martyrisé. Je pense à ce vaillant peuple palestinien, c’est-à-dire à ces familles atomisées errant de par le monde en quête d’un asile. Courageux, déterminés, stoïques et infatigables, les Palestiniens rappellent à chaque conscience humaine la nécessité et l’obligation morale de respecter les droits d’un peuple : avec leurs frères juifs, ils sont antisionistes.

Aux côtés de mes frères soldats de l’Iran et de l’Irak, qui meurent dans une guerre fratricide et suicidaire, je veux également me sentir proche des camarades du Nicaragua dont les ports sont minés, les villes bombardées et qui, malgré tout, affrontent avec courage et lucidité leur destin. Je souffre avec tous ceux qui, en Amérique latine, souffrent de la mainmise impérialiste.

Je veux être aux côtés des peuples afghan et irlandais, aux côtés des peuples de Grenade et de Timor Oriental, chacun à la recherche d’un bonheur dicté par la dignité et les lois de sa culture.

Je m’élève ici au nom des tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde ils pourront faire entendre leur voix et la faire prendre en considération réellement. Sur cette tribune beaucoup m’ont précédé, d’autres viendront après moi. Mais seuls quelques uns feront la décision. Pourtant nous sommes officiellement présentés comme égaux. Eh bien, je me fais le porte voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde, ils peuvent se faire entendre. Oui je veux donc parler au nom de tous les “laissés pour compte” parce que “je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger”.

Notre révolution au Burkina Faso est ouverte aux malheurs de tous les peuples. Elle s’inspire aussi de toutes les expériences des hommes depuis le premier souffle de l’Humanité. Nous voulons être les héritiers de toutes les révolutions du monde, de toutes les luttes de libération des peuples du Tiers Monde. Nous sommes à l’écoute des grands bouleversements qui ont transformé le monde. Nous tirons des leçons de la révolution américaine, les leçons de sa victoire contre la domination coloniale et les conséquences de cette victoire. Nous faisons nôtre l’affirmation de la doctrine de la non-ingérence des Européens dans les affaires américaines et des Américains dans les affaires européennes. Ce que Monroe clamait en 1823, « L’Amérique aux Américains », nous le reprenons en disant « l’Afrique aux Africains », « Le Burkina aux Burkinabè ». La Révolution française de 1789, bouleversant les fondements de l’absolutisme, nous a enseigné les droits de l’homme alliés aux droits des peuples à la liberté. La grande révolution d’octobre 1917 a transformé le monde, permis la victoire du prolétariat, ébranlé les assises du capitalisme et rendu possible les rêves de justice de la Commune française.

Ouverts à tous les vents de la volonté des peuples et de leurs révolutions, nous instruisant aussi de certains terribles échecs qui ont conduits à de tragiques manquements aux droits de l’homme, nous ne voulons conserver de chaque révolution, que le noyau de pureté qui nous interdit de nous inféoder aux réalités des autres, même si par la pensée, nous nous retrouvons dans une communauté d’intérêts.

Monsieur les Président,

Il n’y a plus de duperie possible. Le Nouvel Ordre Economique Mondial pour lequel nous luttons et continuerons à lutter, ne peut se réaliser que :
– si nous parvenons à ruiner l’ancien ordre qui nous ignore,
– si nous imposons la place qui nous revient dans l’organisation politique du monde,
– si, prenant conscience de notre importance dans le monde, nous obtenons un droit de regard et de décision sur les mécanismes qui régissent le commerce, l’économie et la monnaie à l’échelle planétaire.

Le Nouvel Ordre Economique international s’inscrit tout simplement, à côté de tous les autres droits des peuples, droit à l’indépendance, au libre choix des formes et de structures de gouvernement, comme le droit au développement. Et comme tous les droits des peuples, il s’arrache dans la lutte et par la lutte des peuples. Il ne sera jamais le résultat d’un acte de la générosité d’une puissance quelconque.

Je conserve en moi la confiance inébranlable, confiance partagée avec l’immense communauté des pays non-alignés, que sous les coups de boutoir de la détresse hurlante de nos peuples, notre groupe va maintenir sa cohésion, renforcer son pouvoir de négociation collective, se trouver des alliés parmi les nations et commencer, de concert avec ceux qu peuvent encore nous entendrez, l’organisation d’un système de relations économiques internationales véritablement nouveau.

Monsieur le Président,

Si j’ai accepté de me présenter devant cette illustre assemblée pour y prendre la parole, c’est parce que malgré les critiques qui lui sont adressées par certains grands contributeurs, les Nations Unies demeurent la tribune idéale pour nos revendications, le lieu obligé de la légitimité des pays sans voix.

C’est cela qu’exprime avec beaucoup de justesse notre Secrétaire général lorsqu’il écrit : “L’organisation des Nations Unies est unique en ce qu’elle reflète les aspirations et les frustrations de nombreux pays et gouvernements du monde entier. Un de ses grands mérites est que toutes les Nations, y compris celles qui sont faibles, opprimées ou victimes de l’injustice, (il s’agit de nous), peuvent, même lorsqu’elles sont confrontées aux dures réalités du pouvoir, y trouver une tribune et s’y faire entendre. Une cause juste, même si elle ne rencontre que revers ou indifférence, peut trouver un écho à l’Organisation des Nations Unies ; cet attribut de l’Organisation n’est pas toujours prisé, mais il n’en est pas moins essentiel”.

On ne peut mieux définir le sens et la portée de l’Organisation.

Aussi est-il, pour chacun de nous, un impératif catégorique de consolider les assises de notre Organisation, de lui donner les moyens de son action. Nous adoptons en conséquence, les propositions faîtes à cette fin par le Secrétaire Général, pour sortir l’Organisation des nombreuses impasses, soigneusement entretenues par le jeu des grandes puissances afin de la discréditer aux yeux de l’opinion publique.

Monsieur le Président,

Reconnaissant les mérites mêmes limités de notre Organisation, je ne peux que me réjouir de la voir compter de nouveaux adhérents. C’est pourquoi la délégation burkinabè salue l’entrée du 159ème membre de notre Organisation : l’Etat du Brunei Daressalam.

C’est la déraison de ceux entre les mains desquelles la direction du monde es tombée par le hasard des choses qui fait l’obligation au Mouvement des pays non alignés, auquel je l’espère, se joindra bientôt l’Etat du Brunei Darussalam, de considérer comme un des objectifs permanents de sa lutte, le combat pour le désarmement qui est un des aspects essentiels et une condition première de notre droit au développement.

Il faut, à notre avis des études sérieuses prenant en compte tous les éléments qui ont conduit aux calamités qui ont fondu sur le monde. A ce titre, le Président Fidel Castro en 1979, a admirablement exprimé notre point de vue à l’ouverture du sixième sommet des Pays non alignés lorsqu’il déclarait : “Avec 300 milliards de dollars, on pourrait construire en un an 600000 écoles pouvant recevoir 400 millions d’enfants ; ou 60 millions de logements confortables pour 300 millions de personnes ; ou 30000 hôpitaux équipés de 18 millions de lits ; ou 20000 usines pouvant employer plus de 20 millions de travailleurs ou irriguer 150 millions d’hectares de terre qui, avec les moyens techniques adéquats pourraient alimenter un milliard de personnes…”

En multipliant aujourd’hui ce chiffre par 10, je suis certainement en deçà de la réalité, on réalise ce que l’Humanité gaspille tous les ans dans le domaine militaire, c’est-à-dire contre la paix.

On perçoit aisément pourquoi l’indignation des peuples se transforme rapidement en révolte et en révolution devant les miettes qu’on leur jette sous la forme ignominieuse d’une certaine “aide”, assortie de conditions parfois franchement abjectes. On comprend enfin pourquoi dans le combat pour le développement, nous nous désignons comme des militants inlassables de la paix.

Nous faisons le serment de lutter pour atténuer les tensions, introduire les principes d’une vie civilisée dans les relations internationales et les étendre à toutes les parties du monde. Ce qui revient à dire que nous ne pouvons assister passifs, au trafic des concepts.

Nous réitérons notre résolution d’être des agents actifs de la paix ; de tenir notre place dans le combat pour le désarmement ; d’agir enfin dans la politique internationale comme le facteur décisif, libéré de toute entrave vis-à-vis de toutes les grandes puissances, quels que soient les projets de ces dernières.

Mais la recherche de la paix va de pair avec l’application ferme du droit des pays à l’indépendance, des peuples à la liberté et des nations à l’existence autonome. Sur ce point, le palmarès le plus pitoyable, le plus lamentable _ oui, le plus lamentable_ est détenu au Moyen Orient en termes d’arrogance, d’insolence et d’incroyable entêtement par un petit pays, Israël, qui, depuis, plus de vingt ans, avec l’inqualifiable complicité de son puissant protecteur les Etats-Unis, continue à défier la communauté internationale.

Au mépris d’une histoire qui hier encore, désignait chaque Juif à l’horreur des fours crématoires, Israël en arrive à infliger à d’autres ce qui fut son propre calvaire. En tout état de cause, Israël dont nous aimons le peuple pour son courage et ses sacrifices d’hier, doit savoir que les conditions de sa propre quiétude ne résident pas dans sa puissance militaire financée de l’extérieur. Israël doit commencer à apprendre à devenir une nation comme les autres, parmi les autres.

Pour l’heure, nous tenons à affirmer du haut de cette tribune, notre solidarité militante et agissante à l’endroit des combattants, femmes et hommes, de ce peuple merveilleux de la Palestine parce que nous savons qu’il n’y a pas de souffrance sans fin.

Monsieur, le Président,

Analysant la situation qui prévaut en Afrique sur les plans économique et politique, nous ne pouvons pas ne pas souligner les graves préoccupations qui sont les nôtres, face aux dangereux défis lancés aux droits des peuples par certaines nations qui, sûres de leurs alliances, bafouent ouvertement la morale internationale.

Certes, nous avons le droit de nous réjouir de la décision de retrait des troupes étrangères au Tchad, afin que le Tchadiens entre eux, sans intermédiaire, cherchent les moyens de mettre fin à cette guerre fratricide, et donner enfin à ce peuple qui n’en finit pas de pleurer depuis de nombreux hivernages, les moyens de sécher ses larmes. Mais, malgré les progrès enregistrés çà et là par les peuples africains dans leur lutte pour l’émancipation économique, notre continent continue de refléter la réalité essentielle des contradictions entre les grandes puissances, de charrier les insupportables apories du monde contemporain.

C’est pourquoi nous tenons pour inadmissible et condamnons sans recours, le sort fait au peuple du Sahara Occidental par le Royaume du Maroc qui se livre à des méthodes dilatoires pour retarder l’échéance qui, de toute façon, lui sera imposée par la volonté du peuple sahraoui. Pour avoir visité personnellement les régions libérées par le peuple sahraoui, j’ai acquis la confirmation que plus rien désormais ne saurait entraver sa marche vers la libération totale de son pays, sous la conduite et éclairée du Front Polisario.

Monsieur le Président,

Je ne voudrais pas trop m’étendre sur la question de Mayotte et des îles de l’Archipel malgache. Lorsque les choses sont claires, lorsque les principes sont évidents, point n’est besoin d’élaborer. Mayotte appartient aux Comores. Les îles de l’archipel sont malgaches.

En Amérique Latine, nous saluons l’initiative du Groupe de Contadora, qui constitue une étape positive dans la recherche d’une solution juste à la situation explosive qui y prévaut. Le commandant Daniel Ortega, au nom du peuple révolutionnaire du Nicaragua a fait ici des propositions concrètes et posé des questions de fond à qui de droit. Nous attendons de voir la paix s’installer dans son pays et en Amérique Centrale, le 15 octobre prochain et après le 15 octobre et nous prenons à témoin l’opinion publique mondiale.

De même que nous avons condamné l’agression étrangère de l’île de Grenade, de même nous fustigeons toutes les interventions étrangères. C’est ainsi que nous ne pouvons pas nous taire face à l’intervention militaire en Afghanistan.

Il est cependant un point, mais dont la gravité exige de chacun de nous une explication franche et décisive. Cette question, vous vous en doutez, ne peut qu’être celle de l’Afrique du Sud. L’incroyable insolence de ce pays à l’égard de toutes les nations du monde, même vis-à-vis de celles qui soutiennent le terrorisme qu’il érige en système pour liquider physiquement la majorité noire de ce pays, le mépris qu’il adopte à l’égard de toutes nos résolutions, constituent l’une des préoccupations les plus oppressantes du monde contemporain.

Mais le plus tragique, n’est pas que l’Afrique du Sud se soit elle-même mise au banc de la communauté internationale à cause de l’abjection des lois de l’apartheid, encore moins qu’elle continue de maintenir illégalement la Namibie sous la botte colonialiste et raciste, ou de soumettre impunément ses voisins aux lois du banditisme. Non, le plus abject, le plus humiliant pour la conscience humaine, c’est qu’elle soit parvenue à “banaliser” le malheur de millions d’êtres humains qui n’ont pour se défendre que leur poitrine et l’héroïsme de leurs mains nues. Sûre de la complicité des grandes puissances et de l’engagement actif de certaines d’entre elles à ses côtés, ainsi que de la criminelle collaboration de quelques tristes dirigeants de pays africains, la minorité blanche ne se gêne pas pour ridiculiser les états d’âme de tous les peuples, qui, partout à travers le monde, trouvent intolérable la sauvagerie des méthodes en usage dans ce pays.

Il fut un temps où les brigades internationales se constituaient pour aller défendre l’honneur des nations agressées dans leur dignité. Aujourd’hui, malgré la purulence des plaies que nous portons tous à nos flancs, nous allons voter des résolutions dont les seules vertus, nous dira-t-on, seraient de conduire à résipiscence une Nation de corsaires qui “détruit le sourire comme la grêle tue les fleurs”.

Monsieur le Président,

Nous allons bientôt fêter le cent cinquantième anniversaire de l’émancipation des esclaves de l’Empire britannique. Ma délégation souscrit à la proposition des pays d’Antigua et de la Barbade de commémorer avec éclat cet événement qui revêt, pour les pays africains et le monde noir, une signification d’une très grande importance. Pour nous, tout ce qui pourra être fait, dit ou organisé à travers le monde au cours des cérémonies commémoratives devra mettre l’accent sur le terrible écot payé par l’Afrique et le monde noir, au développement de la civilisation humaine. Ecot payé sans retour et qui explique, sans aucun doute, les raisons de la tragédie d’aujourd’hui sur notre continent.

C’est notre sang qui a nourri l’essor du capitalisme, rendu possible notre dépendance présente et consolidé notre sous-développement. On ne peut plus escamoter la vérité, trafiquer les chiffres. Pour chaque Nègre parvenu dans les plantations, cinq au moins connurent la mort ou la mutilation. Et j’omets à dessein, la désorganisation du continent et les séquelles qui s’en sont suivies.

Monsieur le Président,

Si la terre entière, grâce à vous, avec l’aide du Secrétaire Général, parvient à l’occasion de cet anniversaire à se convaincre de cette vérité-là, elle comprendra pourquoi, avec toute la tension de notre être, nous voulons la paix entre les nations, pourquoi nous exigeons et réclamons notre droit au développement dans l’égalité absolue, par une organisation et une répartition des ressources humaines.

C’est parce que de toutes les races humaines, nous appartenons à celles qui ont le plus souffert, que nous nous sommes jurés, nous burkinabè, de ne plus jamais accepter sur la moindre parcelle de cette terre, le moindre déni de justice. C’est le souvenir de la souffrance qui nous place aux côtés de l’OLP contre les bandes armées d’Israël. C’est le souvenir de cette souffrance qui, d’une part, nous fait soutenir l’ANC et la SWAPO, et d’autre part, nous rend intolérable la présence en Afrique du Sud des hommes qui se disent blancs et qui brûlent le monde à ce titre. C’est enfin ce même souvenir qui nous fait placer l’Organisation des Nations Unies toute notre foi dans un devoir commun, dans un tâche commune pour un espoir commun.

Nous réclamons :
– Que s’intensifie à travers le monde la campagne pour la libération de Nelson Mandela et sa présence effective à la prochaine Assemblée générale de l’ONU comme une victoire de fierté collective.
– Que soit créé en souvenir de nos souffrances et au titre de pardon collectif un Prix international de l’Humanité réconciliée, décerné à tous ceux qui par leur recherche auraient contribué à la défense des droits de l’homme.
– Que tous les budgets de recherches spatiales soient amputés de 1/10000e et consacrés à des recherches dans le domaine de la santé et visant à la reconstitution de l’environnement humain perturbé par tous ces feux d’artifices nuisibles à l’écosystème

Nous proposons également que les structures des Nations Unies soient repensées et que soit mis fin à ce scandale que constitue le droit de veto. Bien sûr, les effets pervers de son usage abusif sont atténués par la vigilance de certains de ses détenteurs. Cependant, rien ne justifie ce droit : ni la taille des pays qui le détiennent ni les richesses de ces derniers.

Si l’argument développé pour justifier une telle iniquité est le prix payé au cours de la guerre mondiale, que ces nations, qui se sont arrogé ces droits, sachent que nous aussi nous avons chacun un oncle ou un père qui, à l’instar de milliers d’autres innocents arrachés au Tiers Monde pour défendre les droits bafoués par les hordes hitlériennes, porte lui aussi dans sa chair les meurtrissures des balles nazies. Que cesse donc l’arrogance des grands qui ne perdent aucune occasion pour remettre en cause le droit des peuples. L’absence de l’Afrique du Club de ceux qui détiennent le droit de veto est une injustice qui doit cesser.

Enfin ma délégation n’aurait pas accompli tous ses devoirs si elle n’exigeait pas la suspension d’Israël et le dégagement pur et simple de l’Afrique du Sud de notre organisation. Lorsque, à la faveur du temps, ces pays auront opéré la mutation qui les introduira dans la Communauté internationale, chacun de nous nous, et mon pays en tête, devra les accueillir avec bonté, guider leur premier pas.

Nous tenons à réaffirmer notre confiance en l’Organisation des Nations Unies. Nous lui sommes redevables du travail fourni par ses agences au Burkina Faso et de la présence de ces dernières à nos côtés dans les durs moments que nous t traversons.

Nous sommes reconnaissants aux membres du Conseil de Sécurité de nous avoir permis de présider deux fois cette année les travaux du Conseil. Souhaitons seulement voir le Conseil admettre et appliquer le principe de la lutte contre l’extermination de 30 millions d’êtres humains chaque année, par l’arme de la faim qui, de nos jours, fait plus de ravages que l’arme nucléaire.

Cette confiance et cette foi en l’Organisation me fait obligation de remercier le Secrétaire général, M. Xavier Pérez de Cuellar, de la visite tant appréciée qu’il nous a faite pour constater, sur le terrain, les dures réalités de notre existence et se donner une image fidèle de l’aridité du Sahel et la tragédie du désert conquérant.

Je ne saurai terminer sans rendre hommage aux éminentes qualités de notre Président (Paul Lusaka de Zambie) qui saura, avec la clairvoyance que nous lui connaissons, diriger les travaux de cette Trente-neuvième session.

Monsieur le Président,

J’ai parcouru des milliers de kilomètres. Je suis venu pour demander à chacun de vous que nous puissions mettre ensemble nos efforts pour que cesse la morgue des gens qui n’ont pas raison, pour que s’efface le triste spectacle des enfants mourant de faim, pour que disparaisse l’ignorance, pour que triomphe la rébellion légitime des peuples, pour que se taise le bruit des armes et qu’enfin, avec une seule et même volonté, luttant pour la survie de l’Humanité, nous parvenions à chanter en chœur avec le grand poète Novalis :

“Bientôt les astres reviendront visiter la terre d’où ils se sont éloignés pendant nos temps obscurs ; le soleil déposera son spectre sévère, redeviendra étoile parmi les étoiles, toutes les races du monde se rassembleront à nouveau, après une longue séparation, les vieilles familles orphelines se retrouveront et chaque jour verra de nouvelles retrouvailles, de nouveaux embrassement ; alors les habitants du temps jadis reviendront vers la terre, en chaque tombe se réveillera la cendre éteinte, partout brûleront à nouveau les flammes de la vie, le vieilles demeures seront rebâties, les temps anciens se renouvelleront et l’histoire sera le rêve d’un présent à l’étendue infinie”.

A bas la réaction internationale !

A bas l’impérialisme !

A bas le néocolonialisme !

A bas le fantochisme !

Gloire éternelle aux peuples qui luttent pour leur liberté !

Gloire éternelle aux peuples qui décident de s’assumer pour leur dignité !

Victoire éternelle aux peuples d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie qui luttent !

La Patrie ou la mort, nous vaincrons !

Je vous remercie.
THOMAS SANKARA: DISCOURS DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L’ONU LE 4 OCTOBRE 1984

DISCORZO DI TOMAS SANCARA ALL'ONU IR 4 D'OTTOBRE DER 1984
Trentanovesima sessione dell'Assembrèa Generale delle Nazzioni Unite
Novaiòrche, 4 ottobre 1984


Presidente, Segretario generale, compagne, 'ompagni, pezzi grossi di tutti li stati der mondo.

So' qui pe' salutavvi da fratèłło da un paese di dugentosettantavattromila 'ilometri vadrati dove sette milioni di bimbi, di donne e d'òmini pròpio 'un vogliano grepà' di gnoranza, di fame e di sete, visto 'é 'un ce la fanno più a campà' anco se ir nostro è uno stato 'é c'è da venticinqu'anni e sta quì 'n mezzo a' quelli di voiartri alle Nazzioni Unite. E io sto quì co' voiartri, ora, in nome d'un pòpolo 'é, sur zólo de' su' antenati, doranavanti vòle di' e fà' dassólo e pigliàssi la su' storia sur groppone, ner bene e ner male e senza ringambà'.

'Nzomma, sto quì dopo 'é mi cià mandato ir Conziglio Nazzionale della Rivoluzzione (Cnr) der Burchìna Faso pe' di' quello 'é ciaddaddì su' problemi all'oddiggì, un per popo' di 'asìni che fanno sbudełłà' ir mondo 'é fra pòo s'è ner dumìla e semo sempr'a penà'. Un mondo 'é si sembra ar circo Togni, dove ci si sdraia a picchi ne' denti fra grandi e piccoli e dove ałła gente 'ni dànn'addosso bande armate co' violenze e saccheggi. Un mondo dov' ałłe nazzioni 'nimportasèga der diritto 'nternazzionale, visto 'é armano fino a' denti gruppi di dolinquenti, di ladri, di traffiànti e d'artri budełłoni der genere.

Dé, 'un zò mìa vì pe' raccontàvvi le mi' dottrine. 'Un zò Dio 'n tèra e manco un profeta, e 'un ciò la verità 'n tasca. Sò quì' pe' du' òse: la prima, è parlà' pe'r mi' popolo, ir pòpolo der Burchìna Faso, e parlà' dimòrto 'iaro de' fatti 'òme stanno; la seònda, è fa' parlà' a modo mio ir “grande pòpolo de' diseredati”, quelli 'é ir mondo 'iama sputandoci sopra ir “Terzo Mondo”. E sto quì' pe' cercà' di fàvvi 'apì' perché ci s'è rivortati, anco se 'un credo 'é v'entrerà mai in quer capone duro ' ciavète. Bòia, a noàrtri l'ONU però c'interessa e ci s'ha ir diritto di stàcci 'ołła 'oscènza di dìvvi tutto 'vanto sułła ghigna e ammodino.

Nessuno di siùro spiperà łł'occhi se si parla 'nzieme der vecchio Arto Vorta, che oggi si 'iama Burchina Faso, con quer popo' di burbuglione 'é voartri lo 'iamate Terzo Mondo pe' danni addosso, co' una parola 'é i restodermòndo ha 'nventato 'vando c'è stata l'Indipendenza -dé occhèi, l'indipendenza pemmododidì- pe' mètte' meglio ir becco nełłe nostre maniere di penzà', di vìve', di 'ommercià, di scambiàcci e 'nzomma di fà' gnïòsa e di fàcci li 'azzi nostri 'omesisordì. Noartri ner mondo ci si vole stà' senza 'ste manfrine e 'sti lacchezzi storici, e 'un si vole sentì' parlà' di “entroterra der sàzzio Occidente” 'ome si fosse 'Ollesarvetti o Cenaia. Noartri si fappàrte di tutt'un gruppo di tre continenti, se ci si vede in quarchemmanièra ci si vede 'ome un paese non alliniàto e ci s'ha fisso ner capo, e ci s'ha pure ragione, 'é c'è una solidarità parecchio grossa de' tre continenti, łł'Asia, l'Amèrïa der Sudde e łł'Àffrïa, nełła lotta 'ontro li stessi dolinquenti polìtici e li stessi sfruttatori eonòmici. Se ci si vede di fappàrte der Terzo Mondo, questo vordì, pe' diłła 'ó Giosemmartì, “sentì' sur muso tutti i lattoni 'é ni dànno a tutti 'vanti ner mondintèro.” Finora s'è fatto 'ome ner Vangelo e s'è dato l'artraguància, e ir resurtàto è stato 'è s'è preso ir doppio di stiàffi. Unn'è che li stronzi so' doventati meno stronzi, casomai arrovèscio. Sułła verità der giusto ciànno 'aàto sopra. Su quełło 'é diceva Gesuccrìsto, pure. Cołła su groce ciànno presi a martełłate; si so' messi la su' tùnia e poi ciànno marzagrati animeccòrpo. Ir zu' messaggio? Peggio 'andà' ar buio di notte. N'hanno fatto un messaggio bòno pełł'occidentali, 'vand'era un messaggio di liberazzione univerzale. Bè, noartri saòsa s'è fatto ałłora? S'è principiato a fa' la lotta di crasse, e a 'un volé' più piglià' stiàffi. E vi vo in culo e porto sei.

Ir nostro pòpolo 'un zi sarva se 'un zi manda ner boccino tutti i modełłi 'é de' ciarlatani d'ogni risma hanno provato a véndeci pe' ventànni. 'Un ci si po' sarvà' se 'un zi fa così, 'un ci si sguiluppa surzèrio se 'un zi rompe sto' mododifà. E tutti 'vé novi “intełłettuali” 'é ora sembra si so' svegliati, tirati giù dar letto da miliardi d'òmini 'é si so' incazzati rioperti di stracci, e che si so' caati nełłe mutande 'vand'hanno visto 'sti miliardi d'affamati ribełłassi pe' rovinanni la digestioncina, ora principano a riscrìve i su' discorzi e a ri-ricercà' tutt'affannati concetti miraolòsi e la pòrvere der pirimpimpì pe' trovà' nove forme di sguiluppo pe' nostri paesi. Dé, 'un zerve 'é lègge' le tonnełłate di atti, di fòrumme e di 'ongressi pe' capìłło.

'Un voglio di certo rediolizzà' tutti 'vełł'intełłettuali onesti e i su' sforzi. Loro magari łł'occhi pe' vedé' ce l'hanno, e scòprano 'os'è voluto dì' di tremendo èsse' devastati da' 'osiddetti “specialisti” dełło sguiluppo der Terzo Mondo. Uimména, io ciò paura 'é tutto quer ch'è venuto fòra 'on tant'energia ci sia 'onfiscato da Prosperi di 'vì e Prosperi di là che, colla su' bacchetta màgia, ci rispedìscano a fa' li schiavi vestiti però tutti moderni e ammodino.

E ciò ragione d'avécci paura, dé, se penzo a' piccoloborghesi 'struviti, affriàni e di tuttormòndo, che di certo 'unni garba punto di lascià' i su' privilegi perché 'ni fa' fatìa ner capino o perché hann'assaggiato 'osa vordì vìve all'occidentale e n'è garbato parecchio. 'Nzomma vaaffinì che 'sti piccoloborghesi dełłe parti nostre 'un zi riòrdano più che tutte le lotte polìtie cianno bisogno di discùte' surzèrio, e che bisogna dàssi daffà' pe' trovà' cose nòve detteffàtte se 'un si vòle 'èsse ammazzati. So' conzumatori passivi 'é fanno 'npoìno pena specie se li senti dì' tutte 'velle parolone 'é łł'occidentali ci si 'mbriàano di nìdio, dé proprio 'ome si 'mbriàano di guìschi o di sciampagna ner salottino o ner buduàr della marchesa.

Dopo 'velle 'ose lì, come si 'iàmano, la negritùdine e la perzonalità affriàna, 'un ze ne pòle pròpio più perché di 'ose nòve tirate fòra da que' popo' di cervełłi de' nostri grand'intełłettuali bisogna smètte' di cercàłłe. 'Vełło 'é si dice e si penza noàrtri viene d'un'àrtra parte. I nostri professori, 'ngegneri e eonomìsti si 'ontèntano solo di mètteci in mezzo 'mpò' di 'olore, visto 'é dałł'univerzità uropèe 'unn'hanno riportato 'ndietro àrtro 'é le làure e i su' paroloni der cazzo.

Ora sarebbe anco łł'ora 'é i nostr'esperti e i pennaioli 'mparassino a 'un scrìve tutti bełłini e senza 'un dì' nułła manco pe' sbaglio. Ora c'è buriana, e 'un si pole fa' ché' 'nemici d'ieri e d'oggi si tengano ir monopolio sur penziero, sułł'immaginazzione e sułła 'apacità di creà. Frappòo è troppo tardi. Tutti 'st' Affriàni e 'sta gente der Terzo Mondo dèvano tornà' a casa pe' davvero, valaddì' ałła su' società e ałła miseria 'è ci s'ha sur groppone da sempre, e capì' che la lotta pe' avécci un'ideologia ar zervizzio de' bisogni dełłe masse diseredate cor cazzo ch'è inùtile, ma piuttosto serve a fàłłi doventà' credibili in tutto 'r mondo, criativi surzèrio e a fànni dà' finarmente un'immagine vera de' su' popoli. Un'immagine 'é ni possa finarmente servì' a cambià' commilfò le 'ondizzioni polìtie e sociali, e che tiri fòra i nostri paesi dar dominio e dałło sfruttamento dełłi stragneri 'é ci fànno stà e vìve' di 'ontinuo 'n bancarotta, e àrtro 've quełła.

Noartri ir pòpolo burchinabè s'è capito tutto 'vanto la notte der quattr'agosto 1983, 'vando s'è visto le prime stełłe 'omincià' a luccià' ner celo dełła nostra terra. S'è dovuto guidà' la rivorta de' 'ontadini 'è campavano piegatindùe in una 'ampagna 'é a chiamàlla 'ampagna ci vo' ir coraggio di Napoliòne perché è già doventata tutta un deserto dove 'un c'è più una sega di nułła apparte la sete e la fame. S'è dovuto dà' una direzzione ałła rivorta dełłe masse cittadine senza lavoro, avvilite e stanche di vedé' de' popo' di macchinoni guidati da' pottaioni der governo, fòra dar mondo e tutti 'ołłe su' soluzzioni studiate da' cervełłoni di voartri. S'è dovuto dà' un'anima ideològia ałłe giuste lotte der pòpolo 'é si mobilitava 'ontro ir mostro dełł'imperialismo. S'è dovuto rimpiazzà' pe' sempre ir foerèłło dełła rivorta 'ołła rivoluzzione, 'ołła lotta permanente ar padrone.

Prima di me ci so' stati artri 'é łł'hanno spiegato, e ce ne saranno artri 'é łło spiegheranno anco meglio, 'é tra li pòpoli ricchi e quełłi 'é crepano di fame e di sete c'è come la fossa delle Marianne, mìa 'ome ir canale di Piombino. Pòpoli 'é vorèbbano 'ontinuà' a campà' co' su' modi di vìve e cołła su' dignità. Però 'un ci si fa manco a immaginà' quanta roba da mangià' è servita 'invece a ingrassà' le vostre vacche.

Lo stato 'é una vorta si 'iamava Arto Vorta serve a fa' un esempio 'iaro 'ome 'r zole pe' tutto vełło 'é successo. Noarti dell'Arto Vorta s'era 'ome la guintessenza dełłe tragedie 'é dassempre 'ni 'ascano addosso a' paesi in via di sguiluppo. Guardate 'mpo' pe' dinne una łł'ajuto estero, 'é tutti sbandierano e dìano 'é è come ir cacio grattugiato sułłe cèe. Dé, sur Burchina Faso s'è arrovesciata un'ałłuvione d'ajuti esteri 'é quełła der dieci di settembre in confronto sembra du' goccioline d'acqua. Ora, la teoria è 'na 'òsa e la pràtia un'artra; peresèmpio, si dice 'é la 'ooperazzione sarebbe fatta pe' ir nostro sguiluppo. Pe' quełło 've riguarda l'Arto Vorta, si poteva cercà' sapeqquantotèmpo una 'osa varsìasi 'é si potesse 'iamà sguiluppo; 'vełłi 'é cianno ir potere, o perché so' 'ngenui opperché so' egoisti di 'rasse, a łłoro unn'è garbato o 'unn'hanno potuto 'ontrołłà' tutta 'vest'ałłuvione di vaìni e adoperàłłi pe' ir bene der nostro pòpolo. Se si va a vedé' una tabełła pubbriàta ner 1983 dar Crubbe der Zaèl, quer brav'òmo di Giac Girì concrudeva ner su' libro “Ir Zaèl domani” 'é pe' come funziona tutto st'affare, łł'ajuto ar Zaèl 'un zerviva a artro 'é ałła su' sopravvivenza ebbasta. Solo ir 30% di vest'ajuto, ci rinòa ir Girì, permette di vìve' ar Zaèl. Seòndo ir Girì, łł'ajuto estero 'un zerve a artro 'é a mandà avanti 'ose 'é 'un so' bone a un segone a du' mani, 'é 'un prodùano nułła e che fanno sprofondà' i nostri bilanci 'ome un traghetto della Tòrema 'vando làsciano ir portełłone aperto ir dieci d'agosto. 'Nzomma, le 'ampagne vanno 'n confusione, la nostra bilancia 'ommerciale affoga nełła merda e vaffinì che ci s'indèbita a rondemà.

Pe' descrìve l'Arto Vorta, basta pòo derresto. Un paese di sette miglioni d'abitanti, e se' miglioni so' contadini; i bimbi piccoli mòiano ar centottanta per mille, artro 'é otto per mille ar Vatiàno; se ci va bene, si 'ampa varant'anni, ir novantotto per cento 'un za né lègge' e ne' scrìve' (più o meno 'ome a Pisa, dove perartro 'un zanno manco parlà ammodino), c'è un dottore ebbasta ogni cinquantamila abitanti, a scola 'un ci và che ir sedicipercento de' ragazzi e ci s'ha un prodotto interno lordo accrànio di 53.356 franchi ci-effe-a, valaddì' 'mpo' più di cento dòłłari pe' ogni abitante. Come si dice dałłe mi' parti ner Burchina Faso, s'era come un gatto sułł'Aurelia. Ci s'era ammalati d'una malattia polìtia, e ałłora polìtia la 'ura łł'aveva da èsse'. Bòia, 'un voglio mia dì' che 'un zi vole łł'ajuto 'é ci serve a superà' i bisogni più neri; ma, in generale, la polìtia dełł'ajuto e dełł'assistenza 'nternazzione cià avuto un resurtato solo, la disorganizzazzione e la schiavitù continua, senza tregua. Ciànno rubbato ir zenzo di responsabbilità pe' ir nostro territoro eonòmio, polìtio e curturale.

Saòsa s'è fatto? S'è arrischiato di trovà vie nòve pe' èsse più contenti. S'è appriato tènnie nòve e si sta cercando forme d'organizzazzione 'é ni vanno meglio ałła nostra civirtà, mandando a fàsselo troncà' ner culo, e pessempre, ogni dìttatte esterno pe' fabbrià' finarmente 'mpo' di 'ose degne e bòne pe' quełłi 'é s'è e si vale. Sopravvìve' così pe' fàłło 'un zerve a ałłeggerì' tutti i pesi; bisogna sparalizzà' le 'ampagne, 'un fàłłe sembrà' più ar tempo de' feudi, bisogna demo'ratizzà' la nostra società, e aprìcci ir core ałła responzabbilità' cołłettiva, bisogna avécci ir coraggio d'inventà' ir futuro. Bisogna smontà' tutto ir carrozzone dełł'amministrazzione pe' rifà' un'immagine nòva der dipendente statale, fònde' 'nzieme l'esercito 'or pòpolo 'or lavoro e la produzzione, e capì' bene 'é se 'un cià un'eduazzione polìtia patriòttia un zordato 'unn'è artro 'é uno 'é pole doventà' un criminale. Eccolo 'và ir nostro programma polìtio.

Péłła pianifiazzione eonòmia si stà 'mparando a vìve' modestamente e s'è pronti a fa' fronte a quełł'austerità che ci serve pe' mandà' avanti i nostri progetti ambizziosi. Giaddaòra, co' un fondo di solidarità nazzionale finanziato 'ó 'ontributi volontari, si 'omincia a avé quarche risposta ar probblema dełła siccità, che dé è 'n probblema di nìdio! S'è sostenuto e appriato i princìpi d'Arma Ata e migliorato ir livełło de' servizzi sanitari di base. S'è preso 'ome polìtia di stato la strategia der GOBI FFF ch'è stata 'onzigliata dall'UNICEF; le Nazzioni Unite, si penza noartri, dovrèbbano adoperà ir zu' ufficio ner Zaèl pe' fabbrià' piani di scadenza breve e łłunga pe' ddà' l'autosufficienza alimentare a que' paesi 'é patìscano pełła siccità.

Frappòo s'è ner ventunesimo sèolo e ałłora s'è fatto una gran campagna pełł'eduazzione e łł'istruzzione de' nostri bimbi in un tipo nòvo di scola, finanziato 'ó una sezzione speciale dełła nostra lotteria nazzionale: “Ora i bimbi dèvano èsse' 'struiti”. E cor lavoro de' Omitàti pełła difesa dełła rivoluzzione s'è lanciato un grosso progetto di 'ostruzzione di 'ase pùbbrie (500 in cinque mesi), strade, piccoli bacini d'acqua evviaosì. Come obbiettivo eonòmio s'ha quełło di 'reà una situazzione dove ogni burchinabè pole adoperà' i su' braccini e ir zu' cervełło 'é ni servano armeno pe' mangià du' vorte ar giorno e bé' acqua bona. Noartri si promette 'é doranavanti 'un zi farà nułła senza senza fa' partecipà' i burchinabè. Doranavanti s'è noartri a decìde gniòsa. Basta fa' der male ar nostro pudore e ałła nostra dignità.

Convinti 'oppiùfforza ancora ci garberebbe abbraccià' cołłe nostre parole a tutti 'vełłi 'é patìscano e che łła dignità 'nela pestano 'ó piedi una 'aàta di gente o un zistema oppressivo. Chi mm'ascorta mi faccia dì' che io 'un parlo solo in nome der mi' Burchina Faso 'é celò ner core, ma anco di tutti 'vełłi 'é patìscano in tutti łł'angoli der mondo. Parlo in nome dełła gente 'é vive ammigliòni ne' ghetti perché ciànno la pełłe nera opperché la su' 'urtura è differente, e che łłi vèdano peggio dełł'aninali. Io patisco in nome dełł'Indiani d'Amèria 'é so' stati marzagrati, stiacciàti, canzonati e messi a marcì' pessèoli nełłe riserve pe' un fàłłi più spirà' a un diritto e pe' 'un fànni più combinà' la su' 'urtura 'on quełła dełł'artri, compresi łł'invasori, in maniera da potéssi aricchì' che è sempre un bene. Parlo in nome di 'vełłi ''hanno perzo ir lavoro in un zistema pieno d'ingiustizzia più puzzolente della merda di 'ane e sempre in grisi, e che si ridùano e vedé' ir mondo ełła vita 'ome nełło specchio de' ricchi. Parlo in mondo dełłe donne di tutto 'r mondo 'é patiscano in un zistema maschilista 'éłłe sfrutta. Per querchecciriguarda a noartri ci vanno bene tutti li suggerimenti da 'unn'importa dove, su' come si pole favorì' lo sguiluppo dełła donna burchinabè e 'ncambio si pole divìde' co tutti 'vełł'artri paesi la nostra sperienza positiva 'é s'è fatto 'ołłe donne 'é ormai stanno dappertutto nełło stato e ne' su' uffici e in tutti łł'aspetti dełła vita sociale burchinabè. Le donne in lotta dìano d'una voce sola 'nzieme a noartri 'é lo schiavo 'é 'unn'organizza la su' ribełłione 'ummèrita un cazzo di solidarità pełła su' sorte. Uno schiavo 'osì è responzabbile der zu' sculo se ci 'asca 'vando 'r padrone ni promette la libbertà. La libbertà si vadagna solo 'ołła lotta e noartri si vole 'iamà tutte le nostre sorełłe di tutte le razze a rivortàssi pe' conquistà' i su' diritti.

Parlo in nome dełłe mamme de' nostri paesi 'mmiseriti 'é vèdano li su' bimbi morì' di malaria o di 'aaiòla e che 'un zanno 'é ci so' de sistemi dimorto semplici pe' sarvałłi ecchepperò la scènza dełłe murtinazzionali ałłoro 'or cazzo 'é ne li dà e 'nvece preferisce buttà' vaìni a carrettate ne' laboratori 'osmètici e nella 'irurgìa stètia pe' soddisfà' i 'apriccini d'una 'aàta d'òmini e donne 'é si sèntano brutte perché prima mangiano 'ome lótri eppò' 'ingrassano 'ome motonavi, 'é se noartri der Zaèl si mangiasse 'omełłoro ci verèbbe ir giramento di 'apo solo a vedéłło. Noartri s'è deciso d'adoperàłłi e di diffòndeli, sti mezzi dimorto semplici raccomandati dall'OMS e dałł'UNICEF.

Dé, parlo anco in nome de' bimbi. Di 'ver figliolo di poveracci 'é ha fame e guarda di nascosto una bottega di ricchi 'óttutta la robba in vetrina, tanta da strippà'. La bottega però cià ppe' protéggela un vetro 'é 'un ci passerebbe manco un Lupetto in prima ridotta, 'óttutte łł'inferriate, e poi ci so' le guardie 'ołł'ermetto, co' 'vanti e cor manganełło 'é łłì ce l'ha messe, tantopeddì', ir babbo d'un artro bimbo epperò lulì pole venicci in bottega a piglià' quer che ni pare e èsse' servito e riverito perché lui pole visto 'é ir capitalismo dice 'é lui lo pole fa, natacciodancane.

Parlo in nome dełł'artisti, de' puèti, dełłi scrittori, scurtori, musicisti, attori, 'é dèvano doventà' peggio dełłe puttane pe' maneggini der biznes dełło spettàolo. Urlo in nome de' giornalisti 'é 'mpo' dèvano stà' zitti e 'mpò' dèvano mitraglià' cazzate pe' 'un ritrovassi senza lavoro. Protesto in nome dełłi sportivi e dełł'atrèti di tutto 'r mondo 'é li su' muscoli so' sfruttati da' sistemi politici o da' negrieri d'oggi.

Ir mi' paese è la guintessenza di tutte le disgràzzie de' pòpoli, 'mpò 'ome ir carderone di tutti li patimenti dełł'umanità e anco e soprattutto dełłe speranze 'é vèngano dałła nostra lotta. Peqquesto ci si sente tuttùno 'ó malati che stanno lì a aspettà' a boccaperta i resurtati ełłe scoperte d'una scienza 'epperò è tuttimmano a' mercanti d'armo. Ir mi' penziero và a tutti 'vełłi 'é so' corpiti dałła distruzzione dełła natura e a que' trenta miglioni di gente 'è mòiano tuttiłłanni pe' quełła 'osa 'é si 'iama fame,

Siccome so' un zordato dé 'un posso di certo dimentià' che ur zordato deve ubbidì' ałł'ordini e sa bene 'é la pałłottola 'é sta pe' sparà', ammazza. Io parlo 'ndignato in nome de' palestinesi, 'é un'umanità 'é d'umano cià solo ir nome ha voluto métteci un artro pòpolo ar su' posto, un pòpolo 'é solo ieri era stato martirizzato. Ir mi' penziero và ar valoroso pòpolo palestinese, ałłe famiglie spezzate 'é girano ir mondo cercando refugio e protezzione. Coraggiosi, determinati, duri 'ome 'r macigno e mai stanchi, i palestinesi riòrdano ałła 'oscenza dełł'òmo ir bisogno e łł'obbrigo morale di rispettà' i diritti d'un pòpolo: i palestinesi, 'nzieme a' su' fratełłi giudei, so' contro ir zionismo.

Io so' affianco de' mi' fratełłi sordati dełł'Iranne e dełł'Iracche 'é s'ammazzano tra fratełłi e s'ammazzano da soli, e so' vicino a' 'ompagni der Nicaragua 'é anco se cianno li porti minati e i' su' paesi neli bombàrdano, fanno fronte ar su' destino co' coraggio e intełłigenza. Io patisco 'ó tutti łł'ameriàni der sudde 'é fatìano a lottano 'ontro le jene dełł'imperialismo. Io sto affianco de' pòpoli dell'Affgànista e dełł'Irlanda, di Grenada e di Tìmor Est, 'é dé cercano tutti 'mpo' di serenità sułła base dełłe su' leggi e dełła su' 'urtura. Io parlo 'vì in nome di tutti 'vełłi 'é cercano, ma 'un ce la fanno, una tribbuna mondiale surzèrio dove possono fàssi sentì e 'èsse finarmente caàti peddavvero. Parecchi hanno parlato prima di me su questo pàrco, e artri parleranno doppo. Però le decisioni poi le prèndano 'mpòi. Budełło di Gesù, ma 'un z'era tutt'uguali 'vaddentro...?

Oggiù, mi scuso pe 'ir moccolo, però io 'vi mi fo ir portavoce di tutti 'vełłi che 'un ce la fanno a trovà' un posto ndove łłi si stà a ascortà. Sì, ammé mi garberebbe di poté parlà in nome di tutti łł'abbandonati der mondo, perché òmo summe e nìil umanum ammé aglienum puto. La nostra rivoluzzione ner Burchina Faso abbraccia le digràzzie di tutti i pòpoli, vole ispiràssi a tutte łł'esperienze umane 'é ci so' state fin da quando è nato sto mondaccio 'ane. Noartri si vole èsse' łł'eredi di tutte le rivoluzzioni der mondo e di tutte le lotte di liberazzione de' pòpoli der Terzo Mondo, e si 'varda a tutti 'vanti i modi 'é ir mondo c'è stato arrovesciato e cambiato, a quer che ha 'nzegnato la rivoluzzione ameriàna, ałła lezzione dełła su' vittoria sur colonialismo e a quer che n'è resurtato. Noartri si vole fa' come diceva ir presidente Monrò ner 1823, cioè che l'uropèi 'un zi dèvano impiccià dełł'affari dełł'ameriàni, e łł'ameriàni 'un zi dèvano impiccià di 'vełłi dełł'uropèi. “Łł'Amèria ałł'Ameriàni”, 'nzomma, e ałła stessa maniera ora noartri si dice “łł'Àffria ałł'Affriàni” e “ir Burchina Faso a' burchinabè”. La rivoluzzione francese der 1789, 'vand'ha sbarbato łł'assolutismo derrè, cià 'nzegnato 'ome so' 'ntrecciati 'nzieme li diritti dełł'òmo e quełłi de' pòpoli ałła libbertà. La grande rivoluzzione d'ottobre der 1917 ha cambiato ir mondo e fatto vìnce' ir proletariato dando 'n bełło sgrullone ar capitalismo e facendo doventà' veri i sogni di giustizzia dełła 'Omune di Parigi.

Noartri si vole sempre andà' dietro a quer che vògliano li pòpoli, ałłe su' rivoluzzioni e s'è anco 'mparato ammodino la lezzione di 'vando poi 'nvece s'è combinato macełłi su macełłi su' diritti dełł'òmo e su artre 'ose. Dełłe rivoluzzioni noartri 'un zi vole piglià artro che ir bòno pe' poi 'un doventà' schiavi dełł'artri e dełłe su' 'ose differenti, anco 'vando si stà bene 'nzieme pe' 'mpo' di 'ose 'é ci s'ha 'n comune.

Signor Presidente, ora 'un ci si pole più pigliappercùlo. Noartri si lotta pe' scombinà' ir vecchio òrdine eonòmio der mondo e pe' cambiàłło 'ó uno nòvo, ci si vole seguità' a lottà' e ci si pole arivà' solo se si piglia 'vełło vecchio e łło si butta ner bottino, visto 'é 'un ci 'àà manco di striscio. Ci si pole arivà' solo se si piglierà' ir posto dove si deve stà' nełł'organizzazzione polìtia 'nternazzionale e se ci si piglierà' ir diritto, dato 'é ner mondo s'ha la nostra 'mportanza, di poté' discùte' e decìde' su come deve funzionà' ir commercio, l'eonomìa e ir zistema dełłe monete in tutto ir mondo. 'Sto nòvo òrdine eonòmio 'nternazzionale deve marcià' di paripàsso 'ó tutti łł'artri diritti de' pòpoli, ir diritto ałł'indipendenza, ir diritto a voleffà' pe' conto suo e a governàssi 'ome si vole, ir diritto ałło sguiluppo. Come tutti 'vełł'artri, 'sto diritto pòle èsse' conquistato solo lottando nełła e pełła lotta de' pòpoli. Unn'è che ce lo darà mai, so io, una grande potenza. Io séguito a avécci parecchia fiducia, uguale ałła grande 'omunità de' paesi non alliniati, 'é łł'urli di dolore de' nostri pòpoli faranno stà' bełłi strétti 'nzieme ir nostro gruppo, ni faranno avé più potere 'ołłettivo di negozzià', ni faranno trovà' più' alliati e compagni 'n tutte le nazzioni e, 'nzieme a tutti 'vełłi 'é ciascòrtano, ni faranno organizzà' un zistema di relazzioni eonòmie 'nternazzionali nòvo peddavvéro.

Signor Presidente, dé come telodevodi', io se sto qui a parlà' in quest'iłłustre assembrèa ci sto anco se a parecchi membri 'mportanti 'unni garbava un granché, e poi 'omunque, pe' parlà' e ffà' le nostre riièste e pe' ddà' voce a' paesi 'é 'un ce l'hanno,le Nazzioni Unite dé ci stanno sempre a pipadiòcco. Ma questo lo dice anco'r Zegretario Generale dell'Onu: “L'organizzazzione delle Nazzioni Unite è ùnia ner zenso 'é rifrette łł'aspirazzioni e le frustazzioni di parecchi paesi e di gruppi in tutto ir mondo. Uno de' maggiori meriti dełł'Onu è che tutte le nazzioni, e anco 'vełłe oppresse e vittime dełł'ingiustizzia -dé sta a parlà' di noartri!- anco 'vando dèvano fronteggià' la dura riartà der potere, pòssano venì' qui e trovà' una tribbuna dove quarcuno li 'àa. Una giusta 'àusa po' anco 'ncontrà opposizzione oppure a quarcuno n'importa meno der campionato der Pisa, ma comunque ałł'Onu se ne parlerà. 'Nzomma, a quarcuno 'unnè ma'garbata staòsa, però budéłło s'è 'importante.” La nostra organizzazzione 'un pole èsse' spiegata meglio.

Bisogna ałłora 'é tutti noi si lavori pe' rafforzà' łł'Onu e pe' méttela in condizzioni di fassurzèrio. E ałłora anco noartri si vole adottà' le priposte der Zegretario Generale pe' ajutà' la nostra organizzazzione a sartà' appieppàri łł'ostàoli 'é i grandi poteri fanno di tutto pe' infilànni tra' piedi e pe' sputtanàłła ałł'occhi dell'opinione pùbbria. Signor Presidente, dop'avé rionosciuto i meriti anco se popo' 'un zo' cosittànti dełła nostra organizzazzione, dé 'un posso 'é rotolàmmi dałła 'ontentezza 'vando entra 'varchedunàrtro e do ałłora ir benvenuto ar 159° stato dell'Onu, ir Brunei Panessalàm o come si 'iama, dé e spero di certo 'é ir Brunei Panessalàm 'un doventerà' ir zolito surtanato 'ó un paperone 'ome presidente 'é fa' lapidà' łł'omosessuali e l'adùrtere. Pe' un destino matto, anco se so' parecchio più matti 'vełłi 'é guidano ir mondo, ir movimento de' Non Alliniati ('é spero presto ci sarà ancor ir Brunei Panessalàm) deve 'onziderà' ir disarmo 'ome un obbiettivo da 'un lascià ma' pérde' perché è la 'osa più 'mportante di tutte 'vełłe 'é pure so' importantissime pełło sguiluppo.

Seòndo 'vełło 'é si penza noàrtri, bisogna vedé' parecchio perbene ir perché e ir percome delle disgrazzie 'é ir mondo ci patisce di nìdio. Ir presidente Fidercàstro l'ha detto 'ome si deve 'é meglio 'un si pole dì', budełłodèva, nel 'settantanove ar Sesto sammit de' Non Alliniati: “Dé, compagneros, cò trecento miglioni di dołłari ci si pole fabbrià' secentomila scole ałł'anno pe' 400 miglioni di bimbi, o sessanta miglioni di 'ase fatte perbenino pe' 300 miglioni di perzone, o trentamila spedali co' diciotto miglioni di letti, o dugentomila fàbbrie 'é pòssano dà' lavoro a venti miglioni di lavoratori, o ancora ci si pòle annaffià' 150 miglioni d'èttari di tèra 'é se s'adopera bene la tènnia ci si pole dà' da mangià' a un migliardo di perzone...” Se si mortìpria 'ste cifre pe' dieci, e so' siùro 'é comunque si resta ardisòtto di 'vełło 'é si spende oggi davvero pełł'armi di merda, ci si rende 'onto 'vanto łł'òmo spende pe' militari e no pełła pace.

E' peqquèsto 'é l'indinniazzione dełłe masse doventa veloce rivorta e rivoluzzione 'ontro 'brìcioli 'é ni so' buttati sur muso 'ome “ajuti”, che poi so' spesso “ajuti” da fa' caà' ir majale. E ałłora si pole 'apibbène perché noàrtri se si vole lottà' pełło sguiluppo bisogna lottà pełła pace, 'unceccristi.

E ałłora si promette di lottà' per fałła finita 'ołłe tenzioni e fassicché le relazzioni 'nternazzionali si fàccino da gente civile, in tutto ir mondo 'ompresa Pisa. Dé 'un zi pole mìa seguità' a vénde' parole 'ome ar mercatino di Piazza 'Avałłotti! 'Nzomma bisogna propółła attivamente 'sta pace, stà ar nostro posto e 'mprimafìla nella lotta pe'ir disarmo e agì' 'mmaniera decisiva nełła polìtia 'nternazzionale, andando ner culo alla grande ałłe superpotenze e a' su piani.

Pe' cercà łła pace bisogna andà' di paripàsso a cercà' i diritti de' paesi ałł'indipendenza, de' pòpoli ałła libbertà e dełłe nazzioni a fa' come vògliano. Ora lo 'mmaginate 'osa vi stoppeddì: sì, der Mediuriente, 'é seòndo me cià 'r primo premio pełła situazzione di merda & stramerda e tutto pełł'arogòanza, pełł'inzolenza e pe' ir capaccio più duro der granito d'un paesucolo der cazzo, Isdraele, che da 'na 'aterva di decenni, e coll'ajutino de' su' protettori, li Statunìti, séguita a méttelo ner baugigi a tutta la 'omunità 'nternazzionale. Bełła storia dé! Quarcannofà łł'ebbrei finìvano nełłe 'ameraggàsse, e ora Isdraele fappatì ałł'artri le stesse 'ose. Noartri ar pòpolo 'sdraeliano ni si vole bene perché cià avuto tanto 'oraggio e ha patito tanti sagrifici ner passato, ma ora bisogna 'ominci a sapé che la su' tranguillità 'un ze la pole piglià' cołł'armi finanziate dałł'esterno. Isdraele deve 'mparà' a doventà' una nazzione come quełł'artre e a vìve 'nzieme a quełł'artre, accidentałłòro. Da 'sto podio oggi noartri si vole ribbadì' la nostra solidarità attiva e militante 'ołłe donne e cołł'òmini der maraviglioso pòpolo palestinese, maraviglioso e che 'un smette mai di combàtte', e ni si vole dì' pe' 'ncoraggiałło 'é 'un zi pole patì' pessempre.

Signor Presidente, noartri s'è preoccupati di nułła dełła situazzione polìtia e eonòmia dełł'Àffria. I diritti de' nostri pòpoli, vaddètto apertisbèrbi, so' in uno stato 'éssomiglia parecchio ałłe vostre ghigne, cioè di merda pe' diłła tutta. Ci so' de' paesi 'é fanno ir bełło e ir cattivo tempo, 'ołłe su' allianze. Sivvabbé, certo, noartri s'è dimorto contenti tipo pe' ir Ciàdde ora 'é le truppe straniere so' state fatte ritirà' e magari ora i ciaddesi, senza avécci i sordati dentroàsa, pòssano 'mpo' 'avàssela da soli e fa' quercheppiù ni garba e piuccheàrtro 'un sbudełłàssi più fraddisé e dinni ar zu' pòpolo di smètte' 'mpo' di piànge visto 'é ormai mi sa che hanno finito anco le làgrime.

Però anco se quarcosa è migliorata 'n Àffria nełłe lotte pełł'emancipazzione eonòmia, ir nostro continente è ancora lo specchio dełłe 'ontraddizzioni dełłe superpotenze, e deve ancora tribolà' parecchio in questo mondo d'ora. A noartri ci fa pròpio caà ner profondo der core quełło 'é deve patì' ir pòpolo der Saàra occidentale pe' córpa der regno der Marrocco 'é 'un si vole decìde' a ridà' la su' libbertà a' Saaràui 'é la vògliano a tuttiòsti. Dopo 'é so' stato di perzona nełłe regioni libberate da' Saaràui, 'unceccristi 'é ir Fronte Polisario, 'é so' brava gente e ci vèdano parecchio 'nlà, ce la farà.

Signor Presidente, dé, 'un voglio parlà' più di tanto dełła 'vestione di Maiòtte e dełł'isole der Madagascà, budełłodèva 'vando le 'ose so' chiari 'un c'è mìa tanto bisogno di rinoàcci sopra. Maiòtte è dełł'isole 'Omore, łł'isole dełł'arcipèlago ar Madagascà. Nełł'Amèria Latina voglio salutà' l'inizziativa der gruppo di 'Ontadora che seòndo me pòle servì' a trovà' una soluzzione giusta pe' una situazzione 'é rischia di scoppià'. Ir comandante Daniełłortèga, pe' ir pòpolo rivoluzzionario der Niaràgua, ha detto 'ose giudizziose e ha fatto domande 'mportanti a chiddidové'. Noartri s'aspetta di vedé' la pace ner zu' paese e in tutta łł'Amèria centrale ir prossimo 'vindici d'ottobre, e dopo ir 15 d'ottobre si piglia a testimone łł'opinione pùbbria mondiale.

Come s'è condannato l'aggressione straniera ałł'isola di Grenada, si 'ondanna ałło stesso modo tutte łł'invasioni e ecco perché 'un zi pole stà' zitti pełł'invasione armata dell'Afgànista'. Eppòi c'è la 'osa peggio di tutte 'vante, e pe' questa 'osa 'un voglio spreà' parole perché bisogna parlà dimorto 'iaro. Lo potete immaginà' che parlo der Suddàffria, dé, seondovòi parlavo dełła Lapponia o di Sammarino? 'Sti pezzi di mota, 'sti popò' di bòdde, 'sti sudiciumi aroganti 'ó ttutti 'ompresi 'vełłi 'é łł'ajutano ner zu' sistema terorista 'é vole fa' fora tutti li negri di 'ver paese, é so' parecchi di più, eppòi dé ir disprezzo pe' tutte le vostre risoluzzioni dell'Assembrèa Generale, essì diavvoàrtri, 'e fate le risoluzzioni pe' poi vedévvici 'aà sopra e 'un battete ciglio, ma 'un vi vergognate, 'nzomma dicevo a noàrtri ir Suddàffria ci preoccupa parecchio ortre 'a fàcci 'ncazzà' come bisce.

Ma łła 'osa più tremenda 'unnè che ir Suddàffria è accusato dattùtta la 'omunità 'nternazzionale pełłe su' leggi sułł'apartàid, e nemmeno 'é séguita a tené' stiacciàta la Namibia sotto ir zu' stivale 'olonialista e razzista, o che si 'omporta 'ó su' vicini peggio de' banditi. Ennò, la 'osa peggio di tutte, 'vełła 'é fa pròpio vomità' 'r majale e fa' andà' di 'onco una piattola, è che la miseria di miglioni di gente è doventata 'na 'osa 'osì banale, tèra-tèra, normale, e 'sta gente pe' diféndesi 'un cià artrto 'é combàtte' a pettognùdo e cołłe mane. Deppeffòrza, ir Suddàffrica cià le grandi potenze dałła su' parte, quarcuna di loro łł'ajuta anco ałła luce der zole, c'è anco 'varche lìde affriàno 'é bisognerebbe pigliàłło pełłe trombedercùlo e sbàttelo giù dar ponte di 'Alignaja, e 'nzomma i bianchi 'un zi vergognano punto di rìde' sułła ghigna a' pòpoli 'é der Suddàffria ormai ce n'hanno fin qui e 'un pòssano fannułła.

Dé, quarchannofà si sarebbe fatto le brigate 'nternazzionali pe' difénde' łł'onore delle nazzioni 'é ni minacciavano la dignità...oggi 'invece anco se c'è tutto 'sto marciume 'é si deve sopportà' e stazzìtti, oggi dicevo si vota risoluzzioni 'é łł'ùnia 'osa 'é possano fa' sarebbe fa' 'mpo' rinzavì' un paese di pirati 'é “distrugge ir sorìso 'ome la grandine spiàccïa 'fiori.”

Signor Presidente, frampò' ci sarà ir 150° anniverzario dełł'emancipazzione dełłi stiàvi dell'impero britànnio. La mi' delegazzione stà dałła parte d'Antigua e Barbuda 'é vògliano 'ommemorà' solennemente 'st'avvenimento 'osì 'importante pe' paesi affriàni e pe' tutti li negri. Seòndo noartri, tutto 'ver che si pole fa', dì' e organizzà' durante le cerimonie di 'ommemorazzione dovrebbe fa' capì' bene e una vorta pettùtte ir prezzo terrifiànte 'é łł'Àffria e łł'affriàni hanno pagato ałło sguiluppo della civirtà dełł'òmo. Un prezzo pagato senz'avécci un cazzo di nułła 'ncambio, e che senzàrtro spiega bene la tragedia 'é ora tutt'hanno davantałłòcchi ner nostro 'ontinente. Łł'àrbero der capitalismo è stato innaffiato 'or nostro sangue, e cià resi dipendenti, e cià resi sottosguiluppati. 'Un zi pole più nasconde' łła verità' connùmeri finti. De' negri deportati nełłe piantagioni, parecchi so' morti o so' rimasti mutilati, pe' un parlà' dełła devastazzione der nostro 'ontinente e di 'osa n'è resurtato.

Signor Presidente, se ir mondo grazziałłèi e ar nostro Segretario generale magari si 'onvince 'vando ci sarà 'st'anniverzario di 'vesta verità, ałłora si 'apisce anco meglio perché noàrtri si vole 'osì tanto la pace dełłe nazzioni e perché si sotiene e si programa ir nostro diritto ałło sguiluppo e ałł'uguaglianza assoluta 'ołł'organizzazzione e la ridistribuzzione dełłe risorze. Visto 'é fra tutte le razze noàrtri s'è quełła 'é s'è patito di più, noartri burchinabè s'è giurato 'é doranavanti 'un si vole sopportà' più manco la più piccola ingiustizzia nełł'angolino più sperduto der mondo. E' perché si riòrda quer che s'è patito, appunto, è pe' questo 'é noartri s'è affianco dell'ORPE 'ontro le bande armate isdraeliani, dełł' Affrian Nescional Congres (ANC) e dełł'Organizzazzione der Pòpolo dełł'Àffria der Suddòve (SWAPO), visto 'é ci se n'ha fin qui d'òmini bianchi 'é sur zolo suddaffriano distrùggano ir mondo pe 'r 'zu' 'olore. Durcissinfùndo, è sempre pe' questo riòrdo 'é s'ha così tanta fiducia nełłe Nazzioni Unite e in un dovere 'omune pe' una speranza 'omune e di tutti.

Si domanda ałłora di 'ntenzifià la 'ampagna pe' libberà' Nerzommandèla dimodoé possa 'èsseci anco lui ałła prossima sessione dell'Assembrèa Generale, testimone der trionfo dełła nostra dignità cołłettiva. Si domanda 'é pe' riòrdà' li nostri patimenti e pe' rimarcà' anco meglio ir perdono 'ołłettivo si stituisca un Premio 'nternazzionale dełła rionciliazzione tra' pòpoli e che deve èsse' dato a chi lavora pełła difesa de' diritti dełł'òmo. Si propone 'é ir bàgge, valaddì tutti i vaìni e so' palate destinati ałłe ricerche spazziali, sia tagliato dell'unopeccènto e che st'unopeccènto łł'adoperate pełła ricerca sułła salute e sułła protezzione dell'ambiente rovinato da tutti 'sti foidartificio 'é fanno parecchio male all'eosistèma.

Si propone anco di rivedé' tutto ir modo 'ome funzionano le Nazzioni Unite pe' fa' finì' 'sto scàndolo der diritto di veto. Sì certo è vero 'é cert'effetti diabolici der zu' abuso so' stati 'mpo' messaffrèno 'ołła vigilanza di certi stati 'é 'sto 'azzo di diritto di veto ce l'hanno, ma è una 'osa ingiustificata 'é esiste, né pe' quant'un paese è grande, enné pe' quant'è ricco.

C'è chi difende tutta 'sta bełła popo' di merda eddìce 'é bisogna fałło perché hanno patito tanto nełła Seònda guerra mondiale. Però bisogna anco 'é sappino, 'sti paesi, che anco noàrtri s'è avuto uno zio o un babbo 'é so' stati portati via, 'ome 'nzisaqquantantr' innocenti a migliaja, da Terzo Mondo e poi so' stati mandati a combàtte' contro que' merdoni di nazzisti di Ìtre. Anco la nostra 'arne è stata marzagrata dałłe pałłottole nazziste. Bisogna fàłła finita 'ołł'aroganza dełłe grandi potenze 'é 'un pèrdano łł'occasione pe' sputà' sopra i diritti dełł'artri pòpoli. Ora bisogna 'é anco łł'Àffria ciabbia ir diritto di veto, sennò si fa un macełło.

La mi' delegazzione dé sarebbe venuta 'vì cosìppeffà 'na giratina, se 'unn'avesse 'iesto di sospènde' Isdraele e di buttàì fòra ir Suddàffria dałłe Nazzioni Unite. Se 'sti du' paesi si dànno un'aggiustatina e princìpiano a comportàssi ammodino e no come trogroditi più 'ncivili de' pisani di 'ampagna, tutti si sarà contenti 'ome pasque e pure 'ome pasquette pe 'un parlà' der primomàggio, e ir mi' paese pe' primo 'ni darà ir benvenuto e łłi seguirà ne' su' primi passi.

Noàrtri si vobbène e s'ha fiducia nełłe Nazzioni Unite. 'Ni si vobbène pe' tutto ir lavoro 'é le su' agenzie fanno ner Burchina Faso e pe' stàcci accanto in questi tempacci di mota. Si vobbène anco a' membri der Conziglio di Siurèzza perché ciànno fatto ir favorino di facci 'omandà i lavori der Conziglio pe' du vorte 'vestànno. Ci si pole sortanto agurà' che ir Conziglio adotterà e apprierà ir principio dełła lotta 'ontro lo sterminio pe' fame di 30 miglioni di gente tuttiłłànni, dé peggio d'una guèra atòmia.

E siccome ciò tanta fiducia in quest'organizzazzione, voglio rengrazzià' ir Segretario Generale Saviè Peres de Chègliar pełła su' visita ner Burchina Faso, che così ha potuto vedé' co' li su' occhi in che maniera di merda secca si vive quiddannòi, secca in tuttisenzi vista la siccità der Zaèl e la tragedia der deserto 'é va avanti e 'nghiotte gniòsa. 'Un posso finì' di certo 'sto discorzo senza rengrazzià' anco ir nostro presidente Pol Lusàa dello Zambia 'é guidato 'sta 39a sessione davvero bene, dé, e łłè un ganzo di perrìde'!

Signor Presidente, dé, n'arò fatti di 'ilometri a migliaja pe' venì' finovì, e so' venuto pe domandàvvi a tutti di sforzàvvi 'nziemannòi peffà' finì' l'aroganza di 'vesti popo' di budiùlo, pe' 'un vedé' più i bimbi grepà' di fame, pe' spazzavvìa łł'innioranza, peffà' vìnce' tutti li pòpoli 'é si ribèłłano, pe' zittì' i sòni di guèra, pełłottà' tuttinzième pełła sopravivenza dełł'òmo. Bisognerebbe 'antà 'nzieme 'or gran pueta tedesco Novàli:

“Dé! Le stełłe stavvedé' che tòrnano a visità' la tèra 'é łł'hanno lasciata 'vando c'era un bujume da 'un vedéccisi manco 'ir zu' pipi; ir zole depositerà ir zu' spettro severo e risarà uno de' tanti, tutte le razze der mondo ritorneranno 'nzieme; dopo 'é so' state separate pe' tanto, ci sarà ir riongiungimento dełłe famiglie e ddełł'òrfani, e ci si rotolerà tutti dałł'abbracci, e poi torneranno anco 'vełłi de' templi antìi, e si raccenderanno in tutte le tombe le ceneri raffreddate, e dappertutto bruceranno ancora le fiamme dełła vita, si rifaranno le 'ase vecchie, rinasceranno li tempi antìi e la storia sarà ir zogno d'un presente in sèula seulòrum amen.”

Patria o morte, meglio la prima, si vince e vi si va in culo!

Grazziattùtti.



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