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La mort du loup

Alfred De Vigny
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OriginaleTraduzione italiana di Gwion the Bard da Il Saggio indica la...
LA MORT DU LOUPLA MORTE DEL LUPO
  
II
Les nuages couraient sur la lune enflamméeLe nubi sulla luna infiammata correvano
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,Come sull’incendio si vede salire il fumo,
Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.E i boschi erano neri fino all’orizzonte.
Nous marchions, sans parler, dans l'humide gazon,Marciavamo, sul prato umido, silenziosamente,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,Tra le edere intricate e tra le alte fronde,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,Finché, sotto pini simili a quelli delle Lande,
Nous avons aperçu les grands ongles marquésAbbiamo scorto i segni delle unghie lasciati
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.Dai lupi errabondi che avevamo braccati.
Nous avons écouté, retenant notre haleineCi siam messi in ascolto, trattenendo il fiato
Et le pas suspendu. -- Ni le bois ni la plaineE col passo leggero. -- Né il bosco né il prato
Ne poussaient un soupir dans les airs; seulementEmettevano un sospiro nell’aria; sola
La girouette en deuil criait au firmament;Gridava luttuosa al ciel la banderuola;
Car le vent, élevé bien au-dessus des terres,Poiché il vento, che ben alto sulla terra soffiava,
N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,Solo le torri solitarie coi suoi piedi sfiorava,
Et les chênes d'en bas, contre les rocs penchés,E le querce dabbasso, contro le rocce scoscese,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.Sui gomiti parevano addormentate e distese.
Rien ne bruissait donc, lorsque, baissant la tête,Nulla si muoveva, dunque, finché, chinando la testa,
Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quêteIl più vecchio dei cacciatori che seguivan la pista
A regardé le sable en s'y couchant; bientôt,Ha osservato la terra inginocchiato; ben presto,
Lui que jamais ici l'on ne vit en défaut,Lui che sbagliarsi qui mai è stato visto,
A déclaré tout bas que ces marques récentesHa dichiarato sussurrando che le tracce recenti
Annonçaient la démarche et les griffes puissantesAnnunciavano il passaggio e gli artigli possenti
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.Di due lupi adulti e di due ancora cuccioli.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux,Noi tutti abbiamo allora sguainato i pugnali,
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,E, celando i fucili dai traditori barlumi,
Nous allions, pas à pas, en écartant les branches.Avanzavamo pian piano, scostando i rami.
Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,In tre si fermano, ed io, cercando cosa vedano,
J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,Scorgo d’un tratto due occhi che fiammeggiano,
Et je vois au delà quatre formes légèresE poi vedo al di là quattro forme leggere
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,Che danzavano alla luna in mezzo alle brughiere,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,Come fanno ogni dì, davanti a noi in gran confusione,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.I levrieri festanti, quando torna il padrone.
Leur forme était semblable et semblable la danse,Simile la loro forma e simili i movimenti,
Mais les enfants du Loup se jouaient en silence,Ma i piccoli del Lupo danzavano silenti,
Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,Ben sapendo che a due passi, con sonno leggero,
Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.Dorme tra le sue mura l’uomo, nemico loro.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,Il padre era sdraiato, e più in là, a un tronco appoggiata,
Sa Louve reposait comme celle de marbreLa sua Lupa riposava, come quella scolpita
Qu'adoraient les Romains, et dont les flancs velusChe adoravano i Romani, il cui i fianco lanoso
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.I semidei Remo e Romolo copriva amoroso.
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées,Il Lupo avanza e si ferma, le due gambe dritte, (*)
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.Piantate nella sabbia con le unghie ritorte.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,S’è visto perduto, poiché è stato sorpreso,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris;La sua fuga stroncata e ogni passaggio chiuso;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,Allora ha azzannato, nella sua gola ardente,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante,Del cane più ardito la gola ansimante,
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,E le mascelle d’acciaio non ha disserrato,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair,Malgrado i nostri spari l’avessero colpito,
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,E, come tenaglie, i nostri aguzzi coltelli
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,S’incrociassero piombandogli nei muscoli,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,Fino all’ultimo istante, quando il cane strangolato,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.Morto assai prima di lui, ai suoi piedi è stramazzato.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.Allora il Lupo lo lascia e poi ci fissa.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,I coltelli gli restavano nel fianco, fino all’elsa,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang;Lo inchiodavano al prato del suo sangue cosparso;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.I nostri fucili lo accerchiavano in un crescendo avverso.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,Lui ci guarda ancora, quindi si ristende,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,Leccandosi il sangue d’intorno alle sue zanne,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,E, senza degnarsi di sapere per cosa sia perito,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.Chiudendo i grandi occhi, muore senza un grido.
  
IIII
J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,Ho chinato il capo sul fucile scarico di polvere,
Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudrePreso a riflettere, e non mi son potuto risolvere
A poursuivre sa Louve et ses fils, qui, tous trois,Ad inseguire la Lupa e i cuccioli, che, tutti e tre,
Avaient voulu l'attendre; et, comme je le crois,Avevano voluto aspettarlo; e, penso tra me,
Sans ses deux Louveteaux, la belle et sombre veuveSe non fosse stato per i Cuccioli, la bella e triste vedova
Ne l'eût pas laissé seul subir la grande épreuve;Non l’avrebbe lasciato solo al momento della prova;
Mais son devoir était de les sauver, afinMa il suo dovere era di salvarli, al fine
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,Di potergli insegnare a sopportare la fame,
A ne jamais entrer dans le pacte des villesA non vincolarsi mai con i patti civili
Que l'homme a fait avec les animaux servilesStipulati dall’uomo con le bestie servili
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,Che cacciano avanti a lui, in cambio di cucce,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.Loro, una volta signore di boschi e di rocce.
  
IIIIII
Hélas ! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,Ahimè! ho pensato, malgrado il gran nome di Uomini,
Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes !Che vergogna ho di noi, per quanto siamo infimi!
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,Come si debban lasciare la vita e tutti i suoi mali,
C'est vous qui le savez, sublimes animaux !Siete voi a saperlo, o sublimi animali!
A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse,Se a ciò che in terra fu e si lascia si pensa,
Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.Solo il silenzio è grande; tutto il resto è debolezza.
- Ah ! je t'ai bien compris, sauvage voyageur,- Ah! Ti ho ben inteso, selvaggio viaggiatore,
Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au cœur !E il tuo ultimo sguardo m’è penetrato fino al cuore!
Il disait : « Si tu peux, fais que ton âme arrive,Diceva: «Se puoi, fa sì che l’anima tua pervenga,
A force de rester studieuse et pensive,A forza di ristarsene pensierosa e attenta,
Jusqu'à ce haut degré de stoïque fiertéDi stoica fierezza a quel siffatto punto
Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.Cui io, nato nei boschi, subito son giunto.
Gémir, pleurer, prier est également lâche.Gemere, piangere, pregare è ugualmente indegno.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâcheCompi il tuo lungo e arduo compito con impegno
Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,Sulla via in cui la sorte ti ha voluto chiamare,
Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler. »Poi, dopo, come me, soffri e muori senza fiatare.»
(*) Ho tradotto jambes con gambe: non potendo neanche in francese essere riferito ad animali, è evidentemente scelto di proposito da de Vigny per “umanizzare” e far risaltare la figura del lupo, in linea col tema ed altri caratteri del testo (come le maiuscole).


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