La fille au roi Louis
Anonymous
Original | Vieux français transformé en français |
LA FILLE AU ROI LOUIS Le roi Louis est sur son pont, (*) Tenant sa fille en son giron; Elle se voudrait bien marier Au beau Déon, franc chevalier. « Ma fille, n'aimez jamais Déon, Car c'est un chevalier félon; C'est le plus pauvre chevalier Qui n'a pas vaillant six deniers. — J'aime Déon, je l'aimerais, J'aime Déon pour sa beauté. Plus que ma mère et mes parents, Et vous, mon père, qui m'aimez tant. — Ma fille, il faut changer d'amour, Ou vous entrerez dans la tour. — J'aime mieux rester dans la tour, Mon père, que de changer d'amour. — Et vite, où sont mes estafiers, Mes geôliers, mes guichetiers, Qu'on mette ma fille en la tour : Elle n'y verra jamais le jour. » Elle y fut bien sept ans passés Sans que personne la put trouver. Au bout de la septième année, Son père vint la visiter : « Bonjour, ma fille, comment vous va ? — Hélas, mon père, il va bien mal : J'ai un côté mangé des vers, Et les deux pieds pourris ès fers. Mon père, avez-vous de l'argent, Cinq à six sous tant seulement ? C'est pour donner au geôlier, Qu'il me desserre un peu les pieds. — Oui-da, ma fille, nous en avons, Et des mille et des millions: Nous en avons à vous donner, Si vos amours voulez changer. — Avant que changer mes amours, J'aime mieux mourir dans la tour. — Eh bien ma fille, vous y mourrez, De guérison point vous n'aurez. » Le beau Déon, passant par là, Un mot de lettre lui jeta: Il y avait dessus écrit : « Belle, ne le mettez en oubli; Faites-vous morte ensevelir, Que l'on vous porte à Saint-Denis; En terre, laissez-vous porter, Point enterrer ne vous lairrai. » La belle n'y a pas manqué, Dans le moment a trépassé; Elle s'est laissée ensevelir, On l'a portée à Saint-Denis. Le roi va derrière en pleurant, Les prêtres vont devant en chantant : Quatres-vingts prêtres, trente abbés, Autant d'évêques couronnés. Le beau Déon passant par là : « Arrêtez, prêtres, halte-là ! C'est m'amie que vous emportez, Ah ! laissez-moi la regarder ! » Il tira son couteau d'or fin Et décousit le drap de lin : En l'embrassant, fit un soupir, La belle lui fit un souris : « Ah ! voyez quelle trahison De ma fille et du beau Déon ! Il les faut pourtant marier, Et qu'il n'en soit jamais parlé. Sonnez, trompettes et violons, Ma fille aura le beau Déon. Fillette qu'a envie d'aimer, Père ne l'en peut empêcher ! » Quatre ou cinq de ces jeunes abbés Se mirent à dire, tout haut riant : « Nous sommes venus pour l'enterrer, Et nous allons la marier ! » | LA FILLE AU ROI LOUIS LA FILLE AU ROI LOUIS Chanson traditionnelle collectée par Gérard de Nerval dans le Valois en 1607 1 - Le roi Louis est sur son pont 2 - Ma fille, n’aimez jamais Déon, __________ Tenant sa fille en son giron ________ Car c’est un chevalier félon ; Elle se voulait bien marier C’est le plus pauvre chevalier, Au beau Déon, franc chevalier. Qui n’a pas vaillant six deniers. 3 - J’aime Déon, je l’aimerai __________ 4 - Ma fille, il faut changer d’amour, __________ J’aime Déon pour sa beauté, Ou vous entrerez dans la tour. Plus que ma mère et mes parents, _________ J’aime mieux rester dans la tour Et vous mon père, qui m’aimez tant. Mon père, que de changer d’amour. __________ 5 - Avant que changer mes amours, 6 - Le beau Déon, passant par là, J’aime mieux mourir dans la tour. _________ Un mot de lettre lui jeta ; __________ Eh bien, ma fille, vous y mourrez Il y avait dessus écrit : De guérison point vous n’aurez. « Belle, ne le mettez en oubli » ; 7 - Faites-vous morte ensevelir, 8 - La belle n’y a pas manqué, __________ Que l’on vous porte à Saint Denis ;__________ Dans le moment a trépassé ; En terre laissez-vous porter, Elle s’est laissé ensevelir, Point enterrer ne vous lairrai. On la porté à Saint Denis. 9 - Le roi va derrière en pleurant, __________ 10 - Le beau Déon passant par là : __________ Les prêtres vont devant chantant : Arrêtez, prêtres, halte là ! Quatre-vingts prêtres, trente abbés, ________ C’est ma mie que vous emportez, Autant d’évêques couronnés. Ah ! laissez-moi la regarder ! 11 - Il tira son couteau d’or fin 12 - Ah ! voyez quelle trahison __________ Et décousit le drap de lin : __________ De ma fille et du beau Déon En l’embrassant, fit un soupir, Il les faut pourtant marier, La belle lui fit un sourire. Et qu’il n’en soit jamais parlé. __________ 13 - Sonnez trompettes et violons, Ma fille aura le beau Déon. __________ Fillette qu’a envie d’aimer, Père ne peut l’en empêcher ! Texte : Cette chanson ancienne raconte l'histoire d'une princesse de la noblesse que son père ne veut pas marier avec celui qu'elle aime parce qu'il n'est pas assez riche . Les deux amoureux vont trouver un subterfuge (une ruse) pour pouvoir se marier quand même |
(*) Il ponte d'accesso al castello dove il re accoglieva l'omaggio dei propri vassalli (fonte: Chants populaires français) |