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Drei Minuten Gehör!

Kurt Tucholsky
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Versione italiana di Francesco Mazzocchi
TROIS MINUTES D’ATTENTION

Vous devez m’accorder
Votre attention trois minutes,
Vous qui travaillez !
Vous qui tapez du marteau,
Vous qui clopinez sur des béquilles,
Vous qui tenez le plumeau,
Vous qui chargez les poêles,
Vous qui, de vos mains fidèles,
Donnez votre amour à l’homme –
Vous, vieux et jeunes – :
Vous devez m’accorder trois minutes.
Nous ne sommes pas entre vainqueurs de la guerre.
Gardons bien ça en tête.

La première minute appartient à l’homme.
Qui a marché en gris-vert pendant des années ?
À la maison, les enfants – à la maison, la mère pleure.
Vous : chair à canon gris-verte – !
Vous avez creusé les tranchées dans les champs argileux.
Là vous n’avez vu aucun fils de famille prétentieux:
Ils se saoulaient à l’arrière.
Ils allaient au claque avec les dames.
On vous a formés. On vous a entraînés.
Étiez-vous encore à l’image de Dieu ?
Dans la caserne – dans la guérite,
On vous tenait pour le pou le plus sale.
L’officier était une perle,
Mais vous seulement des « types » !
Des automates juste bons à tirer et à saluer.
« Bandes de porcs ! Doigt sur la couture du pantalon – ! »
Les blessés pouvaient souffrir mille morts ;
Quand un prince venait, il fallait saluer réglementairement.
Et dans le charnier encore, vous étiez les porcs :
Les officiers avaient un vrai enterrement !
Vous ne valiez pas cher pour la mort.
Cette sanglante comédie a duré quatre ans.
Vous en souvenez-vous – ?

La deuxième minute appartient à la femme.
De qui à la maison, les cheveux sont-ils devenus gris ?
Qui, la journée finie, s’effraye
Et s’éveille en criant dans la nuit
Qui tout au long de quatre années,
A connu l’embarras des longues files,
Quand les princesses et leurs époux
Avaient tout, tout, tout – – ?
À qui a-t-on écrit dans une courte lettre,
Qu’un de plus dormait dans les Flandres ?
Et joint, un formulaire avec deux attestations.
Qui devait mendier ici pour les pensions ?
Larmes, douleurs et cris sauvages.
Il reposait. Vous étiez seule.
Ou bien, ils l’ont renvoyé boitant sur sa canne,
Revenu dans vos bras comme infirme.
Ainsi est passée la merveilleuse
Grande époque – quatre longues années.
Vous en souvenez-vous – ?

La troisième minute appartient aux jeunes !
Ils ne vous ont pas forcés à l’uniforme !
Vous étiez libres ! Vous êtes toujours libres aujourd’hui !
Veillez à ce qu’il en soit toujours ainsi !
L’espoir repose sur vous. À vous la confiance
De millions d’Allemands : femmes et hommes.
Ne vous mettez pas au garde-à-vous. Ne servez pas !
Il faut leur montrer ! Vous êtes libres !
Et s’ils viennent à vous et avec des pistolets menacent – :
Ils devront venir vous chercher ! N’y allez pas !
Pas de soldats ! Pas d’obligation militaire !
Pas d’actes de diktats au monocle !
Pas d’alignement! Pas d’ordre !
Pas d’officiers de réserve !
C’est votre avenir qui se joue !
C’est votre pays que l’on floue !
Jetez vos chaînes d’esclaves !
Quand vous le voudrez, vous serez tous libres !
Ne collaborez plus ! Que votre volonté se fasse !
Quand vous le voudrez, vous aurez la victoire !
– Plus jamais la guerre – !
TRE MINUTI D’ATTENZIONE!

Voglio tre minuti d’attenzione
da voi, che lavorate –!

Da voi, che picchiate il martello,
da voi, che vi reggete sulle stampelle,
da voi, che usate la penna,
da voi, che attizzate la caldaia,
da voi, che con le mani fedeli
offrite all’uomo il vostro amore –
da voi, i giovani e i vecchi –:
Dovete fermarvi tre minuti.
Noi non siamo certo tra i vincitori della guerra.
Vogliamo ricordarcelo una buona volta.

Il primo minuto sia per l’uomo.
Chi anni fa ha marciato in grigioverde?
A casa i bambini – a casa piange la madre...
Voi: carne da cannone grigioverde –!
Avete patito nelle trincee argillose.
Là non avete visto nessun figlio di principe:
che se la beveva nelle retrovie
e andava a letto con le signore.
Siete stati trascinati. Siete stati tormentati.
Aspettate ancora l’immagine di Dio?
Nella caserma – nella garitta
valevate meno del più sporco pidocchio.
L’ufficiale era una perla,
ma voi eravate solo “individui”!
Un misero automa spara e saluta.
«Maiali! Sull’attenti –!»
I feriti potevano torcersi e piegarsi:
arrivava un principe, dovevate far l’attenti sdraiati
e ancora nella fossa comune eravate i maiali:
Gli ufficiali giacciono da soli!
voi eravate merce a buon mercato per la morte...
Così è andata quattro lunghi anni di sangue.
Vi ricordate –?

Il secondo minuto sia per la donna.
A chi a casa sono diventati grigi i capelli?
Chi, finito il giorno, balzava
nelle notti con un grido?
Chi per quattro lunghi anni è stato
a fare la coda in lunghe polacche,
mentre principesse e loro mariti
avevano tutto, tutto, tutto – –?
A chi scrivevano una breve lettera,
così che uno nelle Fiandre dormisse ancora?
E poi una tessera con due cedole...
chi doveva qui mendicare per la pensione?
Lacrime e angosce e pianto sfrenato.
Lui aveva pace. Voi restavate sole.
O quelli lo spedivano, zoppo col bastone,
indietro nelle vostre braccia come storpio.
Così si presentava, il meraviglioso
grande tempo – quattro lunghi anni...
Vi ricordate –?

Il terzo minuto è per i giovani!
Voi non vi hanno costretti nelle uniformi!
Voi eravate ancora liberi! Voi oggi siete liberi!
Fate in modo che sia sempre così!
Da voi dipende la speranza. Da voi la fiducia
di milioni di uomini e donne tedesche.
Voi non dovete stare sull’attenti. Non dovete servire!

Voi dovete essere liberi! Fateglielo vedere!
E quando loro vengono e minacciano con pistole –:
Non andate! Prima vi devono prendere!
Nessun obbligo militare! Nessun soldato!
Nessun sovrano col monocolo!
Nessun ordine! Nessun allineamento!
Nessun ufficiale di riserva!
Voi siete il futuro!
Vostro il paese!
Scrollatevela via, la catena della schiavitù!
Se solo adesso lo volete, siete tutti liberi!
Sia fatta la vostra volontà! Non stateci più!
Se solo adesso lo volete: la vittoria è con voi!
– Mai più guerra –


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