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Mio Padre

Rocco Scotellaro
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OriginaleVersion française – MON PÈRE – Marco Valdo M.I. – 2015
MIO PADREMON PÈRE
  
Mio padre misurava il piede destroIl mesurait le pied droit, mon père
vendeva le scarpe fatte da maestroEt vendait les chaussures faites à la main
nelle fiere piene di polvere.Dans les foires pleines de poussière.
Tagliava con la roncellaDe son tranchet, il coupait la semelle
la suola come il paneComme on coupe le pain.
una volta fece fuori le budellaUn jour, il sortit les tripes
a un figlio di cane.D'un fils de chien.
Fu in una notte da non ricordareC'était une nuit à oublier
e quando gli si chiedeva di parlareEt quand on lui demandait d'en parler ,
faceva gli occhi piccoli a tutti.Il faisait les petits yeux à tout le monde.
A mio fratello tirava i pesi addossoIl faisait des reproches à mon frère
che non sapeva scrivereCar il ne savait pas écrire
i reclami delle tasse.Les réclamations pour les taxes.
Aveva nelle maniche prontoIl avait toujours prêt dans ses manches
sempre un trincetto taglienteUn tranchet bien coupant
era per la pancia dell’Agente.Pour le ventre de l'agent.
Mise lui la pulce nell’orecchioIl jeta la suspicion
al suo compagno che fu arrestatoSur son camarade qui fut arrêté
perché un giorno disperatoCar un jour, désespéré,
mandò all’ufficio il suo banchettoIl envoya à l'administration sa collation
e sopra c’era un biglietto:Et dessus, il était écrit sur un papier :
«Occhi di buoi« Yeux de bœufs
fatigate voi».Magnez-vous des deux ».
Allora non sperò piùIl n'espéra plus alors, d'ailleurs.
mio padre ciabattinoMon père, le cordonnier
con riso fragile e senza rossoreAu rire fragile et sans rougeur
rispondeva da un gradinoRépondait « Qu'il soit toujours loué »
‘Sia sempre lodato’ a un monsignore.À un monseigneur.
E si mise già stanco –Et il se mit déjà fatigué –
dal largo mantello gli uscivano gli occhi –De son grand manteau ressortaient ses yeux –
a posare sulla piazza, di fianco,À regarder la place, sur le côté,
a difesa degli uomini che stavano a crocchi.À l'écart des hommes qui discutaient entre eux.
E morì – come volle – di subito,Et il mourut – comme il voulait – vite, sans cri,
senza fare la pace col mondo.Sans faire la paix avec le monde.
Quando avvertì l’attaccoLorsqu'il pressentit l'attaque
cercò la mano di mamma nel letto,Il chercha la main de maman dans le lit,
gliela stritolava, e lei capì e si ritrasse.Il la broie ; elle comprend et s'écarte.
Era steso con la faccia stravolta,Il était étendu le visage difforme,
gli era rimasta nella golaLe mot de révolte
la parola della rivolta.Lui était resté dans la gorge.
Poi dissero ch’era un brav’uomo,Ensuite, ils dirent que c'était un brave homme,
anche l’agente, e gli fecero frastuono.Même l'agent, et ils en firent tout un vacarme.


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