Ballade de celui qui chanta dans les supplices
Louis AragonOriginale | Versione portoghese di Samuel |
BALLADE DE CELUI QUI CHANTA DANS LES SUPPLICES Et s’il était à refaire, Je referais ce chemin Une voix monte des fers Et parle des lendemains. On dit que dans sa cellule Deux hommes, cette nuit-là, Lui murmuraient : « Capitule, De cette vie es-tu las ? «Tu peux vivre, tu peux vivre, Tu peux vivre comme nous; Dis le mot qui te délivre, Et tu peux vivre, à genoux.» Et s’il était à refaire, Je referais ce chemin. Ta voix qui monte des fers Parle pour les lendemains. Rien qu’un mot, la porte cède, S’ouvre, et tu sors. Rien qu’un mot, Le bourreau se dépossède; Sésame, finis tes maux ! Rien qu’un mot, rien qu’un mensonge Pour transformer ton destin : Songe, songe, songe, songe A la douceur des matins.» Et si c’était à refaire, Je referais ce chemin. La voix qui monte des fers Parle aux hommes de demain. J’ai tout dit ce qu’on peut dire: L’exemple du roi Henri; Un cheval pour mon empire; Une messe pour Paris. Rien à faire! Alors qu’il parte, Sur lui retombe son sang! C’était son unique carte, Périsse cet innocent. Et si c’était à refaire, Referait-il ce chemin? La voix qui monte des fers Dit : «Je le ferai demain.» Je meurs et France demeure Mon amour et mon refus. Ô mes amis, si je meurs, Vous saurez pourquoi ce fut ! Ils sont venus pour le prendre, Ils parlent en allemand; L’un traduit : «Veux-tu te rendre?» Il répète calmement: Et si c’était à refaire, Je referais ce chemin. Sous vos coups chargés de fers, Que chantent les lendemains! Il chantait, lui, sous les balles, Des mots «sanglant est levé». D’une seconde rafale Il a fallu l’achever; Une autre chanson française A ses lèvres est montée, Finissant la Marseillaise, Pour toute l’humanité. | BALADA DAQUELE QUE CANTOU NA TORTURA E se houvesse que voltar atrás eu voltaria Uma voz sobe dos ferros e fala de um outro dia Dizem que na sua cela dois homens tinham entrado sussurravam Capitula vê-se que estás cansado Podes viver a vida acata os nossos conselhos diz a palavra que livra e viverás de joelhos E se houvesse que voltar atrás eu voltaria A voz que sobe dos ferros fala já para o novo dia Só uma palavra e a porta abre-se logo e tu sais Assim o carrasco exorta Sésamo Não sofras mais Uma palavra só só mentira o teu destino retém na doçura das manhãs pensa pensa pensa bem E se houvesse que voltar atrás eu queria ir A voz que sobe dos ferros fala aos homens do porvir |