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La légende de la nonne

Georges Brassens
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Versione italiana di Nino Muzzi (della poesia completa)
LA LÉGENDE DE LA NONNE.

Acobose vuestro bien,
Y vuestros males no acaban.
Reproches al rey Rodrigo.


Venez, vous dont l’œil étincelle,
Pour entendre une histoire encor,
Approchez : je vous dirai celle
De doña Padilla del Flor.
Elle était d’Alanje, où s’entassent
Les collines et les halliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Il est des filles à Grenade,
Il en est à Séville aussi,
Qui, pour la moindre sérénade,
À l’amour demandent merci ;
Il en est que d’abord embrassent,
Le soir, les hardis cavaliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Ce n’est pas sur ce ton frivole
Qu’il faut parler de Padilla,

Car jamais prunelle espagnole
D’un feu plus chaste ne brilla ;
Elle fuyait ceux qui pourchassent
Les filles sous les peupliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Rien ne touchait ce cœur farouche,
Ni doux soins, ni propos joyeux ;
Pour un mot d’une belle bouche,
Pour un signe de deux beaux yeux,
On sait qu’il n’est rien que ne fassent
Les seigneurs et les bacheliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Elle prit le voile à Tolède,
Au grand soupir des gens du lieu,
Comme si, quand on n’est pas laide,
On avait droit d’épouser Dieu.
Peu s’en fallut que ne pleurassent
Les soudards et les écoliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Mais elle disait : « Loin du monde,
Vivre et prier pour les méchants !
Quel bonheur ! quelle paix profonde
Dans la prière et dans les chants !
Là, si les démons nous menacent,
Les anges sont nos boucliers ! » —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Or, la belle à peine cloîtrée,
Amour dans son cœur s’installa.
Un fier brigand de la contrée

Vint alors et dit : Me voilà !
Quelquefois les brigands surpassent
En audace les chevaliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Il était laid ; des traits austères,
La main plus rude que le gant ;
Mais l’amour a bien des mystères,
Et la nonne aima le brigand.
On voit des biches qui remplacent
Leurs beaux cerfs par des sangliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Pour franchir la sainte limite,
Pour approcher du saint couvent,
Souvent le brigand d’un ermite
Prenait le cilice, et souvent
La cotte de maille où s’enchâssent
Les croix noires des templiers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

La nonne osa, dit la chronique,
Au brigand par l’enfer conduit,
Aux pieds de sainte Véronique
Donner un rendez-vous la nuit,
À l’heure où les corbeaux croassent,
Volant dans l’ombre par milliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Padilla voulait, anathème !
Oubliant sa vie en un jour,
Se livrer, dans l’église même,
Sainte à l’enfer, vierge à l’amour,

Jusqu’à l’heure pâle où s’effacent
Les cierges sur les chandeliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Or quand, dans la nef descendue,
La nonne appela le bandit,
Au lieu de la voix attendue,
C’est la foudre qui répondit.
Dieu voulut que ses coups frappassent
Les amants par Satan liés. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Aujourd’hui, des fureurs divines
Le pâtre enflammant ses récits,
Vous montre au penchant des ravines
Quelques tronçons de murs noircis,
Deux clochers que les ans crevassent,
Dont l’abri tuerait ses béliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Quand la nuit, du cloître gothique
Brunissant les portails béants,
Change à l’horizon fantastique
Les deux clochers en deux géants ;
À l’heure où les corbeaux croassent,
Volant dans l’ombre par milliers… —
Enfants, voici des bœufs qui passent.
Cachez vos rouges tabliers !

Une nonne, avec une lampe,
Sort d’une cellule à minuit ;
Le long des murs le spectre rampe,
Un autre fantôme le suit ;
Des chaînes sur leurs pieds s’amassent,

De lourds carcans sont leurs colliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

La lampe vient, s’éclipse, brille,
Sous les arceaux court se cacher,
Puis tremble derrière une grille,
Puis scintille au bout d’un clocher ;
Et ses rayons dans l’ombre tracent
Des fantômes multipliés. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Les deux spectres qu’un feu dévore,
Tramant leur suaire en lambeaux,
Se cherchent pour s’unir encore,
En trébuchant sur des tombeaux ;
Leurs pas aveugles s’embarrassent
Dans les marches des escaliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Mais ce sont des escaliers fées.
Qui sous eux s’embrouillent toujours ;
L’un est aux caves étouffées,
Quand l’autre marche au front des tours ;
Sous leurs pieds, sans fin se déplacent
Les étages et les paliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Élevant leurs voix sépulcrales,
Se cherchant les bras étendus,
Ils vont… Les magiques spirales
Mêlent leurs pas toujours perdus ;
Ils s’épuisent et se harassent
En détours, sans cesse oubliés. —

Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

La pluie alors, à larges gouttes,
Bat les vitraux frêles et froids ;
Le vent siffle aux brèches des voûtes ;
Une plainte sort des beffrois ;
On entend des soupirs qui glacent,
Des rires d’esprits familiers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Une voix faible, une voix haute,
Disent : « Quand finiront les jours ?
Ah ! nous souffrons par notre faute ;
Mais l’éternité, c’est toujours !
Là, les mains des heures se lassent
À retourner les sabliers… » —
Enfants, voici des bœufs qui passent.
Cachez vos rouges tabliers !

L’enfer, hélas ! ne peut s’éteindre.
Toutes les nuits, dans ce manoir,
Se cherchent sans jamais s’atteindre
Une ombre blanche, un spectre noir,
Jusqu’à l’heure pâle où s’effacent
Les cierges sur les chandeliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Si, tremblant à ces bruits étranges,
Quelque nocturne voyageur
En se signant demande aux anges
Sur qui sévit le Dieu vengeur,
Des serpents de feu qui s’enlacent
Tracent deux noms sur les piliers. —

Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !

Cette histoire de la novice,
Saint Ildefonse, abbé, voulut
Qu’afin de préserver du vice
Les vierges qui font leur salut,
Les prieures la racontassent
Dans tous les couvents réguliers. —
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
LA LEGGENDA DELLA MONACA

Acobose vuestro bien,
Y vuestros males no acaban.
Reproches al rey Rodrigo.


Venite, voi, dall’occhio che brilla,
ad ascoltare una storia ancor,
accostatevi: vi dirò quella
di Doña Padilla del Flor.
Era di Alanje dove si ammassano
colline e cespugli floreali, -
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Esiston ragazze a Granata,
esistono pure a Siviglia,
che alla minima serenata,
l’amore per schiave le piglia;
ce ne son che di sera si lasciano,
baciare da arditi cavalieri. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Ma è un frivolo tono questo
che non si deve usar per Padilla,
perché mai di un fuoco sì casto
brillò una spagnola pupilla;
lei fuggiva da quelli che cacciano
ragazze fra i pioppi nei viali. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Niente toccava quel ruvido cuore,
né dolci cure, né frasi allettanti;
per bella bocca di poche parole,
per un accenno di occhi attraenti,
si sa, non c’è cosa non facciano
i notabili e gli scolari. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Prese il velo a Toledo Padilla,
per la gente fu tutt’un dolore,
come se, per una che è bella,
sia un diritto sposare il Signore.
E per poco poi non piangevano
sia i soldati che gli scolari. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Lei diceva: “Lontana dal mondo,
pregar e vivere per i malviventi!
Che gioia! Che gaudio profondo
nella preghiera, avvolta nei canti!
Là, se i demoni vi minacciano,
sono gli angeli scudi ideali!” -
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Or la bella, appena inchiostrata,
nel suo cuore l’amor s’installò.
Un fier brigante della contrada
venne allora e si presentò!
Certe volte i briganti sorpassano
in audacia i cavalieri. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Lui era brutto, i tratti austeri,
la mano più rude del guanto;
ma l’amore ha tanti misteri
e la monaca amò il brigante.
Si vedon cerve che rimpiazzano
i loro bei cervi con dei cinghiali.-
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Per varcare il limite santo,
di eremita spesso il brigante,
accostandosi a quel convento,
prendeva il cilicio e sovente
la cotta di maglie in cui stanno
le nere croci dei templari. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

La monaca osò, per la cronaca,
al messo d’inferno, il brigante,
dare ai piedi di Santa Veronica
un appuntamento galante,
nell’ora in cui i corvi schiamazzano,
agitando nel buio mille ali. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Padilla voleva, anatema!
scordando una vita in un giorno,
darsi nella chiesa medesima,
casta all’amore, santa all’inferno,
fino all’ora scialba in cui languono
i ceri sopra i candelabri. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Ora nella navata è discesa,
la monaca, e chiama il brigante,
al posto della voce attesa,
una folgore scende tuonante.
Dio vuole che i suoi colpi cadano
su amanti di Satana sodali. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Oggigiorno, in un’estasi divina
s’infiamma il pastore nel racconto,
vi mostra di fianco alla rovina
qualche brandello di muro spento,
due campanili che gli anni crepacciano,
il cui riparo ucciderebbe i suoi animali. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Quando la notte, del chiostro gotico
annerendo i portali beanti,
trasforma all’orizzonte fantastico
i campanili in due giganti;
nell’ora in cui i corvi schiamazzano,
agitando nel buio mille ali… –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

con la lampada in mano, una suora
esce di cella a mezzanotte,
striscia lo spettro lungo le mura,
dietro a lei un fantasma si mette;
sui loro piedi catene si ammassano,
pesanti gogne hanno per collari. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Il lume avanza, sparisce, brilla,
va sotto le volte, resta invisibile,
poi tremola dietro a una griglia,
poi scintilla in cima a un campanile;
e i suoi raggi nell’ombra tracciano
immagini multispettrali. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

I due spettri che un fuoco divora,
trascinando i sudari a brandelli,
si cercano per unirsi ancora,
traballando su degli avelli;
i loro ciechi passi s’intrecciano
sopra i gradini delle scale. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quel rosso grembiale!

Ma si tratta di scale incantate,
sotto i piedi s’intrecciano ognora;
l’uno sta in cantine soffocate,
quando l’altra sulla torre dimora;
sotto i piedi in continuo si spostano
i pianerottoli e i pianali. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Levando le voci sepolcrali,
con le braccia tese si cercano,
e vanno…Le magiche spirali
sempre perduti passi mischiano;
loro si estenuano e si sfiniscono
in sempre scordate spirali. -
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

La pioggia allora, a rade gocce,
batte sui vetri fragili e freddi;
fora il vento agli archi le brecce,
esce un pianto dai battifredi;
si sentono sospiri che raggelano,
risa di spiriti familiari. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Una flebile voce, una grave
dicono: “Quando tutto finirà?
È colpa nostra! soffrir si deve:
ma non ha termine l’eternità!
Là, stanche mani di ore rigirano
clessidre sempre eguali…” -
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

L’inferno, ahimè! non può mai spengersi.
Ogni notte, in questo maniero,
si cercano senza mai raggiungersi
l’ombra bianca e lo spettro nero,
finché all’ora scialba si smorzano
i ceri sopra i candelabri. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!

Se, tremante per i suoni che ode,
qualche notturno viaggiatore
segnandosi agli angeli chiede
su chi infierisca Dio vendicatore,
dei serpenti di fuoco si slanciano
a tracciar due nomi sui pilastri. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete i grembiali vostri!

Questa cronaca della novizia
volle Sant’Ildefonso, abate,
al fin di preservare la grazia
alle vergini in convento velate,
che le priore la raccontassero
in tutti i conventi regolari. –
Bambine, ci son buoi che passano,
nascondete quei rossi grembiali!



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