Children's Crusade, Op. 82 [Der Kinderkreuzzug]
Benjamin BrittenVersion française – LA CROISADE DES ENFANTS – Marco Valdo M.I.... | |
LA CROCIATA DEI RAGAZZI In Polonia, nel Trentanove, una battaglia grande ci fu che fece rovina e deserto di tanti paesi e città. La sorella ci perse il fratello, la moglie il marito soldato, tra fuoco e macerie i figliuoli i genitori non trovano più. Di Polonia non venne più nulla, né notizie ai giornali né lettere. Ma nei paesi dell’Est una storia strana raccontano. Nevicava, quando in quei posti si sentì che la gente parlava d’una crociata di ragazzi che in Polonia era cominciata. Trottavano sugli stradali ragazzi affamati attruppati, e dai villaggi bombardati altri portavano con sé. Dalle battaglie volevano fuggire, da tutti quegli incubi e finalmente un giorno, venire a una terra di pace. Avevano un piccolo capo che li aveva guidati fin là. Ma una gran pena aveva in cuore: la strada non la sapeva. Una d’undici anni menava un bambino di quattro anni Come una mamma farebbe; ma non fino a una paese di pace. Marciava nel gruppo un piccolo ebreo col suo bavero di velluto; lui, avvezzo al pane più bianco, da coraggioso s’era battuto. E due fratelli venivano avanti, che erano grandi strateghi per assalire fattorie deserte, lasciate alla pioggia. E c’era uno, grigio, sottile, che andava da solo pei campi con una colpa tremenda: veniva da un’ambasciata dei nazi. E un musicista tra loro che in un negozio distrutto aveva trovato un tamburo ma, per non farli scoprire, non lo poteva suonare. E anche c’era un cane: per ammazzarlo l’avevano preso ma gli era mancato il coraggio e ora mangiava con loro. E c’era una scuola ed un piccolo maestro che si sgolava. Sulla corazza di un carro, uno scolaro sillabava, di « pace », « p » e « a ». E al fragore di un freddo torrente anche un concerto ci fu: nessuno li avrebbe sentiti e il tamburo allora suonò. E anche c’era un amore, lei dodici, lui quindici anni. In un cortile di macerie, lei i capelli gli pettinava. L’amore non poté resistere, il freddo che venne fu troppo. Come le piante possono fiorire se cade tanta neve? E anche una guerra ci fu, perché un’altra banda comparve, ma la guerra fu presto finita, ché non c’era ragione di farla. Ma mentre ancora infuriava intorno a un casello distrutto, si dice che uno dei gruppi a un tratto fu a corto di viveri. E quando gli altri lo seppero mandarono uno dei loro con un sacco di patate; perché chi non mangia la guerra non fa. E ci fu anche un processo, e ardevano due candele. E fu un’inchiesta penosa. Il giudice venne condannato. E il funerale ci fu di un ragazzo che portava il colletto di velluto. Lo calarono due tedeschi e due polacchi nella fossa. C’erano protestanti, cattolici e nazi per consegnarlo alla terra. E alla fine un piccolo socialista parlò del futuro dei vivi. Così c’erano fede e speranza, ma non c’era né carne né pane. Chi non gli dette un tetto non mi venga ora a dire che rubavano. E nessuno dia colpa a quei poveri che non li invitarono a tavola. Per cinquanta ragazzi, farina ci voleva, non solo bontà. Pareva che andassero a sud. Il sud è dove il sole all’ora di mezzogiorno proprio ti sta davanti. Trovarono anche un soldato tra gli aghi dei pini, ferito. Lo curarono per sette giorni perché gli indicasse la via. Lui disse: « A Bilgoray! ». Tremava tutto di febbre, l’ottavo giorno morì e così anche lui seppellirono. Sebbene coperti di neve c’erano frecce e cartelli. Non mostravano più la via giusta, qualcuno li aveva scambiati. Non era uno scherzo malvagio, era per ragioni di guerra: cercando così Bilgoray nessuno mai ci arrivò. Erano in cerchio intorno al loro capo. Lui guardava nell’aria di neve. Accennò con la piccola mano e disse: « Dev’essere laggiù ». Una notte videro un fuoco ma non gli andarono incontro. Tre carri armati, una volta, passarono e dentro c’erano uomini. E una volta giunsero presso a una città, e le girarono attorno, camminando soltanto di notte finché la città non passò. Dove una volta c’era la Polonia del sud, furono visti nella neve della tormenta, quei cinquantacinque, per un’ultima volta. Quando io chiudo gli occhi li vedo come vagano dalle rovine di una fattoria alle rovine di un’altra. Su di loro, lassù nelle nuvole, vedo altri cortei, nuovi, grandi! Vanno a fatica contro i venti freddi, i senza patria, i senza meta, cercando una terra di pace, senza il tuono, senza l’incendio, non come quella che lasciano. E immenso diventa il corteo. E dentro il buio del crepuscolo non mi pare già più quel che era. Altri piccoli visi vi scorgo, spagnuoli, francesi, orientali. In Polonia, in quel mese di gennaio, un cane per caso fu preso. C’era un cartello appeso al suo collo smagrito, e c’era scritto: « Aiutateci, abbiamo perduta la strada. Siamo cinquantacinque. Il cane vi guiderà. Se non potete venire, lasciatelo andar via. Non gli sparate. Dove siamo, lui solo lo sa ». Era una scrittura infantile. La lessero quei contadini. Un anno e mezzo da allora è passato. Il cane moriva di fame. | LA CROISADE DES ENFANTS En mil neuf cent trente-neuf, en Pologne, Il y eut une bataille sanglante Qui a transformé villes et villages En zones désertes. La sœur perdit son frère La femme son homme à la guerre, Entre les ruines et le feu dévorant L'enfant perdit ses parents. Il n'est plus rien venu de Pologne, Pas de lettre ni de nouvelles Dès lors dans les régions orientales Courut une histoire étrange. La neige tombait, tandis que les gens Dans une ville orientale Racontaient qu'une croisade d'enfants Avait commencé en Pologne. Là trottinaient des enfants affamés En bandes descendant les chaussées Et emmenaient avec eux d’autres Des villages en décombres. Ils voulaient fuir la guerre Et tout ce sombre rêve Et un jour, ils voulaient Arriver dans un pays en paix. Ils avaient un petit führer Qui leur a fait grand peur Il avait un petit doute Il ne connaissait pas la route. Un gars de onze ans traînait Un gamin de quatre ans C'était comme une mère Dans ce monde tout en guerre. Un petit juif marchait avec la troupe Il avait un col de belle coupe Il était habitué au pain le plus blanc Et au combat, il était très vaillant. Suivait un terne gars gris Qui se perdait dans le paysage Et portait une faute horrible sur son visage : Il venait d'une ambassade des nazis. Et il y avait un chien Qui dans la bataille, les avait rejoints Qu'ils traitaient comme un des leurs Car ils ne pouvaient agir à contrecœur. Il y avait une école Et un petit prof de calligraphie Un élève sur un mur effondré Avait juste pu écrire pai... Il y avait un amour Elle avait douze ans, lui en avait quinze Tout au fond d'une cour Elle lui peignait les cheveux L'amour ne put pas durer Il vint un trop grand froid : Comment refleurissent les bois Quand il a tant neigé ? Il y avait aussi un enterrement Le jeune au col de belle coupe Était porté par deux Allemands Et deux Polonais jusqu'à sa tombe. Protestants, catholiques et nazis étaient là Pour l'enterrement Et à la fin un petit communiste parla De l'avenir des vivants. Ainsi il y avait la foi et l'espérance Mais ni pain, ni viande. Et ne les engueulez pas, quand ils grapillent Si vous ne leur offrez pas d'abri. Et ne tourmentez pas les misérables Qui n'ont rien sur la table Quand on est cinquante pour manger Il ne faut pas de l'abnégation, mais du blé . Vers le Sud, ils avancent sans peur Le Sud, c'est là où le soleil À midi marque douze heures Juste au milieu du ciel. Ils trouvèrent alors un soldat Il gisait blessé dans la sapinière Sept jours, ils le soignèrent Afin qu'il les emmène là-bas. Il leur dit : à Bilgoray ! Il avait une fièvre terrifiante Après huit jours, il mourut en route Lui aussi, ils l'ont enterré. Il y avait là un panneau de direction Par la neige entièrement caché Et qui n'indiquait plus l'orientation Car on l'avait retourné. Il n'y avait pas de pire blague En dehors des affaires militaires. Et quand ils cherchèrent Bilgoray Ils ne purent rien trouver Ils restèrent autour de leur führer. Il regardait à travers le rideau de neige Il indiqua de sa petite main quelque chose Ce doit être par là, dit le führer. Une fois, la nuit, ils virent un feu Ils n'allèrent pas devant. Une autre fois, trois tanks passèrent Des hommes étaient dedans. Une fois dans une ville, ils arrivèrent Là, ils firent un détour Jusqu'à ce qu'ils la contournèrent Et ils repartirent pour un nouveau jour. Une fois en Pologne du Sud Sous la neige, par moins vingt-cinq On a perdu de vue Les cinquante-cinq. Quand je ferme les yeux Je les vois qui errent D'une ferme perdue À une autre disparue Au dessus d'eux, dans les nuées Des bandes nouvelles font leur apparition Mühsam vagabonde dans le vent glacé Sans patrie, sans direction. Cherchant après le pays de la paix Sans tonnerre, sans feu Rien à voir avec ce qu'ils connaissaient Leur mouvement s'étire serpentueux. Et il m'apparaît dans l'aube Plus du tout le même : Je vois d 'autres petits visages Espagnols, français, jaunes. En Pologne, ce mois de janvier On attrapa un chien Dont le maigre cou retient Un écriteau de carton accroché. On lisait : Aidez-moi ! Nous ne savions plus le chemin, Nous étions cinquante-cinq Le chien leur montra. S'il ne peut pas venir, ce chien Qu'on le chasse Mais il ne faut pas l'abattre Il connaît le coin. L'écrit était d'une main d'enfant Comme l'ont vu les paysans Un an et demi est passé depuis ce matin Le chien est mort de faim |