A totas partz vei mescl' ab avarésa
Pèire CardenalVersion française - DE TOUS CÔTÉS, MÊLÉE À L'AVARICE – Marco V... | |
JE VOIS PARTOUT L'AVARICE À LA GUERRE MÊLÉE | DE TOUS CÔTÉS, MÊLÉE À L'AVARICE |
Je vois partout l'avarice à la guerre mêlée, c'est pourquoi je veux faire ce nouveau sirventès, parce qu'il me semble que guerre et convoitise ne s'accordent pas. Les mauvais Riches tout imprégnés de méchanceté sont toujours des batailleurs avares et pas un d'entre eux ne donnerait quelque chose. Chacun de ceux-là voudrait pourtant- si possible - conquérir le bien d'autrui, si cela ne lui coûtait rien. | De tous côtés je vois se mêler l’avarice À la guerre, ce pourquoi je veux faire un « serventès » Car on ne peut séparer guerre et convoitise. Je vois partout l'avarice à la guerre mêlée, Les Riches tout imprégnés de méchanceté sont toujours des guerroyeurs avares et pas un d'entre eux ne donnerait quelque chose. Cependant, chacun voudrait – si possible – Conquérir le bien d'autrui, sans rien dépenser. |
Chacun compte obtenir grande richesse aux dépens de son prochain, si insatiable est cette époque, Mais pour ce qui est de l'honneur, de la valeur et de la prouesse, ce n'est guère le souci de ces vilains Riches mal appris. Bien au contraire chacun voudrait s'approprier le bien d'autrui, mais sans rien dépenser. Et quand ils meurent, ils perdent rentes et cens et richesses et tout ce qu'ils ont conquis. | Chacun entend tirer grande richesse De l'autre, tant ce siècle est insatiable, Mais en honneur, en prix ni en prouesse, Les Riches malappris ne se distinguent. Chacun d'eux voudrait prendre le bien D’autrui, mais sans rien y mettre. Quand ils meurent, ils perdent rentes et cens Et richesses et tout ce qu'ils ont conquis. |
Dieu! comme la terre est injustement soumise aux vilains Riches, car ils s'habillent avec élégance et mangent à grands frais, et quand un de leur parent subit quelque malheur , l'un pour l'autre ils ne dépenseraient pas le moindre denier, mais sur-le-champ qui les en croirait accepterait un arrangement déshonorant ou une trêve. C'est tel conseil que donnent ouvertement les mauvais Riches du Gapençais. | Dieu! comme la terre est injustement malmenée par les Riches, Qui se vêtent bien et mangent à satiété, Et quand un parent attrape un malheur, L'un ne mettrait pas une thune pour l'autre, Mais sur-le-champ à les en croire Il devrait accepter une trêve ou un arrangement déshonorant. Tel est le conseil que donnent ouvertement Les Riches mauvais du Gapençais. |
Ce siècle s' est totalement dégradé, car le mauvais et avare Riche je le vois honoré alors que le preux Pauvre est avili par sa pauvreté. L' Inconstant abject détient toujours le pouvoir et le Loyal, à la générosité sans égale, passe pour fou parce qu'il ne s'écarte pas du bon chemin, et on tient pour prêteurs sages et bourgeois ceux qui veulent recouvrer quatre pour trois. | Le siècle est tout perverti, Depuis que le Riche mauvais et avare est considéré, Le Pauvre brave avili par la pauvreté. Le Traître mauvais tient tout le pouvoir Et le Loyal, à la générosité sans égale, On le tient pour fou car il ne dévie pas, Et pour sages usuriers et bourgeois Ceux qui veulent recouvrer quatre pour trois. |
Si Tort était Droit et Tromperie Loyauté, Enlever Donner et grave péché chose méritoire, Si Honte était Honneur et Convoitise Largesse, les ignobles Mauvais règneraient à bon droit sur le monde ; car en eux il y a tant de vilenie, d'orgueil, de mal, de félonie, enfin de toutes mauvaises qualités que, si le mal était le bien, les vilains Riches auraient acquis du prix au-delà de tous. | Si ce qui est tord était droit et traître loyal, Prendre donner et grave péché mérite, Honte honneur et convoitise largesse, Les pires mauvais tiendraient le siècle ; Tant en eux il y a de vilenie, D'orgueil, de mal, de félonie, Enfin de tous maux, si le mal était le bien, Les Riches seraient appréciés le plus de tous. |
En Gapençais avec perfidie on fait deux seigneurs en un jour; les fourbes désavouent toutefois tout le mal qu'ils ont fait après deux ou trois jours. | En Gapençais avec perfidie On fait deux seigneurs en un jour; Les fourbes défont toutefois Ce qu'ils ont mal fait après deux ou trois jours. |