Nella testa di Nicola
Anton Virgilio SavonaOriginal | Version française – Dans la tête de Nicola – Marco Valdo M.I. ... |
NELLA TESTA DI NICOLA Era di notte verso la una, se ne andavano lungo il fiume e discutendo, di tanto in tanto si fermavano sotto un lume. Guido parlava dei suoi compagni vittime della repressione, Mario parlava di autodifesa, di resistenza alla provocazione. „È una questione di schieramento“, disse Nicola alzando il tono, „Se tutti i gruppi fossero uniti il risultato sarebbe buono. L’autodifesa non serve a niente, cazzo, così deludiamo le masse, bisogna vincere il settarismo, portare avanti la lotta di classe.“ „Lotta di classe, lotta di classe“, rispose Guido con voce mesta, „vedi il casino che sta succedendo, le masse guardano dalla finestra. Ci sono tanti vecchi compagni che ora diventano opportunisti, ci sono gli altri, lasciali stare, sono gruppetti spontaneisti.“ Disse Nicola: „Lotta Continua“, ma non l’avesse detto mai! „Ha una tematica operaista, e poi nel fondo cercano guai.“ „C’è il Manifesto!“ „Sono tre gatti, sono borghesi, sono arrivisti.“ „Servire il Popolo?“ „Non ne parliamo! Filocinesi un po’ folkloristi.“ Mario si accende una sigaretta e Guido piscia in un un tombino, Ugo propone, dato l’orario, una pizzetta ed un cappuccino. Mentre Nicola resta a fissare l’acqua del fiume che corre via, sente nell’aria il suono lontano di una sirena di polizia. E nella testa di Nicola corrono immagini e pensieri, sente lo scoppio dei candelotti, vede gipponi e carabinieri. Vede compagni calpestati e trascinati per i capelli, vede se stesso sotto una selva di caschi verdi e di manganelli. E nella testa di Nicola corrono immagini e pensieri, vede gli scudi venire avanti, vede le facce dei brigadieri. Sente un odore acre nell’aria, in mezzo a un'orgia di caroselli, e abbandonata in mezzo a un prato... [parlato] vede la bara di Saltarelli. | DANS LA TÊTE DE NICOLA Une nuit, vers une heure, Ils s'en allaient le long du fleuve Et discutant, de temps en temps, Ils s'arrêtaient sous un lampadaire. Guido parlait de nos camarades Victimes de la répression; Mario parlait d'autodéfense, de résistance à la provocation. “C'est une question de rapport de forces”, dit Nicola en haussant le ton, “Si tous les groupes étaient unis, le résultat serait bon. L'autodéfense ne sert à rien, Putain, de cette façon nous décevons les masses, Il faut vaincre le sectarisme, Porter en avant la lutte des classes.” Lutte des classes, lutte des classes”, répond Guido d'une voix mélancolique, “ tu vois le bordel qui s'en suit, les masses regardent de leur fenêtre. Il y a tant d'anciens camarades qui deviennent opportunistes à présent, Il y a les autres, laissez-les tomber, ce sont des groupes spontanéistes;” Nicola dit : “Lotta Continua”, Mais il ne l'avait jamais dit “A une thématique ouvrière et puis, au fond, cherche les ennuis.” “Il y a le Manifesto !” “ Ils sont trois chats, ils sont bourgeois, ils sont arrivistes.” “Servire il Popolo ?” “ N'en parlons pas ! Des pro-chinois un peu folkloriques.” Mario allume une cigarette et Guido pisse dans une bouche d'égout, Ugo propose, étant donné l'heure, Une petite pizza et un cappuccino. Tandis que Nicola reste à fixer l'eau du fleuve qui coule, on entend dans l'air le son lointain d'une sirène de police. Et dans la tête de Nicola Passent des images et des pensées, il entend le bruit des fumigènes, il voit des policiers et des carabiniers. Il voit des camarades tabassés et traînés par les cheveux. Il se voit sous une forêt De casques de combat et de matraques. Et dans la tête de Nicola Passent des images et des pensées. Il voit les boucliers qui s'avancent, Il voit les trognes des brigadiers? Il sent une odeur âcre dans l'air, Au milieu d'une orgie de chaises roulante, abandonnées au milieu d'un champ... [parlé] Il voit Le cercueil de Saltarelli.(1) |
(1) Saverio Saltarelli : étudiant, 23 ans, assassiné par la police d'une fusée fumigène tirée à hauteur d'homme, le 12 décembre 1970 à Milan. |