L'estaca
Lluís LlachFRANCESE 3 [ Jacques-Émile Deschamps, 1974 / Marc Ogeret, 1976 ... | |
LE PIEU Le grand-père Siset me parlait ainsi Tôt le matin au portail tandis qu'attendant le soleil, nous regardions passer les charettes Siset, ne voit tu pas le pieu On nous sommes tous attachés, Si nous ne nous détachons pas Jamais nous ne pourrons nous libérer... Si nous tirons tous il tombera Et il ne peut plus tenir trés longtemps Sûr qu'il tombe , tombe, tombe, Il doit être déjà bien entamé Si je tire fort de mon côté, Et que tu tires fort de ton côté, Sûr qu'il tombe, tombe, tombe, Et nous pourrons nous délivrer. Mais, Siset, il y a longtemps déjà que l'on s' écorche les mains Et quand la force m'abandonne Il semble bien plus large et plus grand qu'avant. Certainement qu'il est tout pourri, Pourtant, Siset, il pèse tant! Et parfois la force me manque. Alors, chante moi encore ta chanson! Si je tire fort de mon côté, Et que tu tires fort de ton côté, Sûr qu'il tombe, tombe, tombe, Et nous pourrons nous délivrer. On n'entend plus le vieux Siset Un mauvais vent l'a emporté. Qui sait où il est passé? Et je reste seul au portail. Et quand passent des jeunes, Je tends le cou pour chanter Le dernier chant de Siset Le dernier qu'il m'ait appri. Si je tire fort de mon côté, Et que tu tires fort de ton côté, Sûr qu'il tombe, tombe, tombe, Et nous pourrons nous délivrer. | L'estaque Tant de charettes sont passées, Sous un soleil incertain, Il était vieux il me parlait, Devant sa porte un matin, As-tu vu je lui demandais, L’estaque qui nous retient, Si nous ne pouvons le briser, Jamais nous n’irons plus loin. Si nous tirons, il va tomber, C’est sûr ça ne peut pas durer, C’est sûr il tombe,tombe,tombe, Il est déjà bien penché. Si je tire fort par ici, Et si tu tires fort aussi, C’est sûr il tombe, tombe, tombe, Comme un jour la liberté. Depuis toujours, depuis longtemps, On s’y écorche les mains, Et l’on se dit de temps en temps, Que l’on s’est battu pour rien, Si la force vient à manquer, Si ce sont eux les plus forts, Notre combat doit continuer, Et nous chanterons encore. Un jour le vieux fit silence, Un vent mauvais l’emporta, Devant sa porte je pense, Que lui seul sait où il va. Mais d’autres enfants nous viennent, Qui vont se mettre à chanter, Cette chanson qui fut sienne, Cette chanson qui disait: Si nous tirons, il va tomber, C’est sûr ça ne peut pas durer, C’est sûr il tombe,tombe,tombe, Il est déjà bien penché. Si je tire fort par ici, Et si tu tires fort aussi, C’est sûr il tombe, tombe, tombe, Comme un jour la liberté. |