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Max Altafronte: Chacun de nous

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Langue: italien


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La Guerre de Cent mille ans
(Marco Valdo M.I.)
Seul
(Jacques Brel)


[2020]


Remo Giazotto: Adagio in sol minore (Mi 26), noto come "Adagio di Albinoni", 1958.
Ognuno ha un silenzio da riempire
Ognuno ha un rumore da svuotare,
Ognuno ha una pace da perdere,
Ognuno ha una guerra da stringere.

Ognuno ha dilemmi e certezze,
Ognuno ha brutture e bellezze,
Ognuno ha una pagina vuota,
Ognuno ha una pagina scritta.

Ognuno ha un passato e un presente,
Ognuno ha un futuro e un aoristo
Ognuno ha un trapassato remoto,
Ognuno è un imperfetto.

Ognuno è tungsteno e collodio,
Ognuno, il suo amore e il suo odio.
Ognuno estraneo e fratello,
Ognuno pane e coltello.

Ognuno è diverso ed è uguale
Avendo in sé il bene ed il male,
Ognuno cresce e regredisce.
Ognuno si muove e s'arresta.

Ognuno va sotto dei nomi di carta,
Ognuno s'affida a dei nomi ignoti.
Ognuno è parte d'una moltitudine
Che cela la solitudine.

Ognuno ha i suoi vivi e i suoi morti,
Le risurrezioni e gli addii.
Ognuno rivive, rimuore, rinasce
Nel vento del tutto e del niente.

Ognuno è acqua, terra e fuoco,
Disperazione e gioco,
Ognuno è vomito, piscio e merda,
Ognuno è profumo di serra.

Ognuno è il suo oggi e il suo ieri,
Ognuno è un domani di luce.
Ognuno è l'oscuro e la notte,
Ognuno ha vino nella botte.

Ognuno ha una luna rossa,
Ognuno astri lontani.
Ognuno soccombe a una scossa
Di sogni metropolitani.

Ognuno, la sua malattia.
Ognuno, la sua medicina.
Ognuno, la sua verità,
Ognuno, la sua falsità.

Ognuno è arrivato al suo inizio,
Ognuno è arrivato alla fine.
Ognuno ha in sé la sua follia,
Ognuno ha una madre e una zia.

Ognuno ha le sue quattro mura
Di pietra, di paglia, d'argilla.
Ognuno ha un potere che schiaccia,
Ognuno ha perso la sua faccia.

Ognuno ha coerenze ed impegni,
Ognuno è incosciente dei segni.
Ognuno è un gigante ed un nano,
Ognuno è un essere umano.

Ognuno è un ardito ed un vile,
Ognuno una fronda e un fucile.
Ognuno s'imbarca, e là intorno
C'è il vasto splendore del giorno,

C'è il buio spettrale, c'è il nulla,
C'è il pianto, c'è il riso e la culla,
C'è il fiore che spunta dal prato,
C'è il muso d'un cane ammazzato.

Ognuno, in definitiva
È sia carne morta che viva.
Ognuno è mortale ed eterno.
Ognuno è l'estate e l'inverno.

Ognuno è il suo Hitler e il suo Gandhi,
Ognuno, rettilinei e sbandi.
Ognuno è l'idea e la stoltezza,
Ognuno un vascello di pezza.

“Ognuno sta solo sul cuor della terra”,
Però non è subito sera.
Ognuno nell'ombra e nel sole,
Tutta la vita in due sole parole.

4/9/2020 - 23:36



Langue: français

Version française – CHAQU’UN – Marco Valdo M.I. – 2020
Chanson italienne – Chacun de nous – Max Altafronte – 2020

Dialogue Maïeutique

Johann Kaspar Schmidt, alias Max Altafronte,  alias Max Stirner
Johann Kaspar Schmidt, alias Max Altafronte, alias Max Stirner


Il existe, Lucien l’âne mon ami, des hétéronymes. Oh, je sais que tu sais ce que c’est mais, il importe de le repréciser ici et maintenant.

D’autant plus, interrompt Lucien l’âne, que nous en sommes – toi comme moi.

Oui, certes, Lucien l’âne mon ami, nous en sommes : des hétéronymes, je précise, au cas où. Mais revenons aux hétéronymes et à ce que je voulais en dire et qui rejoint d’ailleurs ton interruption, car l’auteur de la chanson est évidemment un hétéronyme, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un des noms multiples d’une personne réelle. Cependant, à la différence du pseudonyme, qui est aussi un nom multiple d’une personne réelle, l’hétéronyme n’a pas pour vocation de camoufler l’auteur réel, mais bien d’indiquer une de ses personnalités particulières. Le cas le plus connu d’hétéronymes est celui de l’inventeur du mot comme concept littéraire : l’écrivain portugais Fernando António Nogueira Pessoa, relayé par José Saramago. De cela, je ne dirai pas plus et je dénoncerai pas l’auteur hétéronyme – ci-devant Max Altafronte.

Oh, dit Lucien l’âne, un nom pareil ne peut être qu’un hétéronyme est un pseudo-auteur qui semble exister par lui-même et souvent son nom est calqué sur le nom d’un autre auteur – souvent au travers d’un subterfuge destiné à un peu – mais pas trop – égarer le lecteur.

Lucien l’âne mon ami, tu es digne d’Herlock Sholmes ; tes déductions sont admirables. Je prolonge ton raisonnement et j’en viens à une autre considération, c’est tout comme John Heartfield n’est autre que le peintre dadaiste allemand Helmut Herzfeld, dont le nom hétéronyme, la nouvelle personnalité en exil, comme on peut le voir, est une traduction anglaise de son nom d’origine. Ainsi, Altafronte qui se traduit en français par Haut Front ou Haufront, affublé du prénom de Max, n’est autre qu’un auteur prénommé Max et dont le nom dans sa langue d’origine signifie front. Précisément, c’est le cas du mot Stirn qui signifie Front et Stirner devrait vouloir dire celui qui a un grand front ou aussi, « celui qui fait front » ; c’est le pseudonyme que choisit Johann Kaspar Schmidt, quand il publia (en allemand) Der Einzige und sein Eigentum, traduit habituellement en français sous le titre : L’Unique et sa propriété ; mais selon moi, ce serait plus exact de dire « Seul » ou « Solitaire », un peu comme dans la chanson de Brel, intitulée elle aussi : « Seul ».

« On est mille contre mille
A se croire les plus forts
Mais à l’heure imbécile
Où ça fait deux mille morts
On se retrouve seul »

Donc, dit Lucien l’âne, si je suis ton raisonnement que j’avais amorcé, il s’agirait d’une allusion plus que directe à Max au Grand Front.

Évidemment, répond Marco Valdo M.I., et la chanson elle-même est comme une illustration de ce qui est conté dans le livre de Stirner. J’ajouterais volontiers qu’il y a pas mal de résonances avec La Guerre de Cent mille ans, en ce qu’au cœur de la vie de chacun, il y a principalement chacun. Par ailleurs, voici un peu de Stirner en direct, en français cependant, une citation qui pourrait commencer par le mot : Chacun ou Chaque Un ou Chaqu’un.

« (Chacun) se réalise en cela même qu’il vit sa vie jusqu’au bout, épuisant ses forces vitales, c’est-à-dire se dissout et s’écoule. Il ne réclame pas d’être ou de devenir autre chose que ce qu’il est ».

Oh, dit Lucien l’âne, cela, on ne peut le mettre en cause, on ne peut en douter un instant et même quand on en doute, c’est soi-même qui doute et qui le dit. Et il est tout aussi incontestable et fondamental d’affirmer la primauté irrémédiable du « un » de « chaque un » – sans lui, pas de vie possible et pas de mathématique non plus, pas de réel. Mais, je te le dis, il vaut mieux laisser parler la chanson elle-même et de loin, saluer son auteur ; sinon, on finirait pas être traités de philosophes, ce qui de nos jours est une appellation contrôlée et réservée. Et puis, reprenons notre marotte et tissons le linceul de ce vieux monde croyant, crédule, inféodé, massifiant et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
CHAQU’UN

Chacun a un silence à combler,
Chacun a une rumeur à répandre,
Chacun a une paix à perdre,
Chacun a une guerre à mener.

Chacun a ses dilemmes et ses certitudes,
Chacun a ses laideurs et ses béatitudes,
Chacun a une page vide,
Chacun a une page écrite.

Chacun a un présent et un passé,
Chacun a un avenir et un parfait,
Chacun a un passé ignoré,
Chacun est un imparfait.

Chacun est collodion et tungstène,
Chacun amour et haine.
Chacun étranger et frère,
Chacun pain et couteau.

Chacun est pareil et différent,
A le bien et le mal en lui,
Chacun grandit et étrécit.
Chacun bouge et attend.

Chacun va sous des noms de papier,
Chacun se fie à des noms étrangers.
Chacun fait partie d’une multitude
Pour cacher sa solitude.

Chacun a ses vivants et ses morts,
Ses résurrections et ses regains.
Chacun revit, se souvient, renaît encore
Dans le vent du tout et du rien.

Chacun est eau, terre et feu,
Désespoir et jeu,
Chacun est pisse, merde et vomi,
Chacun a des relents moisis.

Chacun est son aujourd’hui et son hier,
Chacun est un demain de lumière.
Chacun d’eux est l’obscurité et la nuit,
Chacun a du vin dans son muid.

Chacun a une lune rouge,
Chacun a ses astres lointains,
Chacun frissonne et bouge
En songes incertains.

À chacun, sa maladie.
À chacun, son médicament.
À chacun, sa vérité,
À chacun, sa fausseté.

Chacun est venu à son début,
Chacun délaisse son rebut.
Chacun a en lui sa folie,
Chacun a une mère et des mamies.

Chacun a ses quatre murailles
De pierre, d’argile, de paille.
Chacun a un pouvoir qui l’écrase,
Chacun a perdu sa face.

Chacun a sa cohérence et ses engagements,
Chacun est inconscient des avertissements.
Chacun est un géant et un nain,
Chacun est un être humain.

Chacun est lâche et intrépide ;
Chacun est fusil et fronde ;
Chacun s’embarque, et autour
Luit la multiple splendeur du jour.

Il y a l’ombre spectrale, il y a le néant,
Il y a le pleur, le rire et le berceau de l’enfant,
Il y a la fleur qui sourit dans le pré,
Il y a le visage du chien assassiné.

Chacun, pour l’essentiel,
Est morte et vive chair.
Chacun est mortel et éternel.
Chacun est été et hiver.

Chacun est son Hitler et son Gandhi,
Chacun se tient droit et se balance.
Chacun est idée et suffisance,
Chacun est un bateau d’organdi.

« Chacun est seul sur le cœur de la terre »
Mais la nuit ne vient pas aussi tôt.
Chacun vit à l’ombre et à la lumière,
Toute sa vie se tient en ces deux mots.

envoyé par Marco Valdo M.I. - 6/9/2020 - 14:34




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