Je vais vous conter, dit Zorba le chat,
L’histoire ubuesque du cycliste
Et de sa si longue piste.
Il roula des mois, des mois, des mois,
Un raid de dix-sept mille kilomètres,
Toujours à vélo, jusque chez nous,
Du bout du monde, d’une seule traite,
Sans souffler, sans un coup de mou,
À la force du genou, de l’océan à l’océan.
Oiseau de paix, libre comme le vent.
Chez nous, à la dernière frontière, arrêté
Net ; à la prison, emmené, sans discuter.
Chez nous, dit le Revenant, nos chercheurs,
Nos savants sont toujours les meilleurs.
Au temps du plus grand Guide
De tous les temps, cette pure conscience,
Tout le savoir, toute la connaissance,
Toutes les inventions, même le vide,
Sortaient de son cerveau génial.
Ses agents diligents mettaient au pas
Savants et docteurs apostats.
Pour assurer ce régime impérial,
Dame Bêtise interdit à la science
De fréquenter la libre Sapience.
Salut les gars, dit le soldat,
Au front, il en meurt tant et tant ;
Sur le terrain, on les laisse là.
On leur dit, soyez patients.
Vous chercher, on reviendra,
Chez vous, on vous ramènera.
Ils nourrissent les insectes,
Les corbeaux s’en délectent.
La guerre continue, on les oublie.
Enfin se plaignent les familles :
Où donc les avez-vous mis ?
N’étaient-ce pas vos amis ?
Que sont nos enfants devenus ?
Trahis, vous les avez perdus.
Sans leur corps, sans leurs cadavres,
Il leur faut un lieu de paix, un havre
Où souriants, joyeux et contents,
Ils passeront le reste de leur Temps.
Morts-vivants numériques
Aux radieux sourires pathétiques,
Anges élégants dans le ciel volant,
Avec deux ailes sur le dos,
Ils connaîtront, ces géants,
Une éternité électronique en vidéo.
L’histoire ubuesque du cycliste
Et de sa si longue piste.
Il roula des mois, des mois, des mois,
Un raid de dix-sept mille kilomètres,
Toujours à vélo, jusque chez nous,
Du bout du monde, d’une seule traite,
Sans souffler, sans un coup de mou,
À la force du genou, de l’océan à l’océan.
Oiseau de paix, libre comme le vent.
Chez nous, à la dernière frontière, arrêté
Net ; à la prison, emmené, sans discuter.
Chez nous, dit le Revenant, nos chercheurs,
Nos savants sont toujours les meilleurs.
Au temps du plus grand Guide
De tous les temps, cette pure conscience,
Tout le savoir, toute la connaissance,
Toutes les inventions, même le vide,
Sortaient de son cerveau génial.
Ses agents diligents mettaient au pas
Savants et docteurs apostats.
Pour assurer ce régime impérial,
Dame Bêtise interdit à la science
De fréquenter la libre Sapience.
Salut les gars, dit le soldat,
Au front, il en meurt tant et tant ;
Sur le terrain, on les laisse là.
On leur dit, soyez patients.
Vous chercher, on reviendra,
Chez vous, on vous ramènera.
Ils nourrissent les insectes,
Les corbeaux s’en délectent.
La guerre continue, on les oublie.
Enfin se plaignent les familles :
Où donc les avez-vous mis ?
N’étaient-ce pas vos amis ?
Que sont nos enfants devenus ?
Trahis, vous les avez perdus.
Sans leur corps, sans leurs cadavres,
Il leur faut un lieu de paix, un havre
Où souriants, joyeux et contents,
Ils passeront le reste de leur Temps.
Morts-vivants numériques
Aux radieux sourires pathétiques,
Anges élégants dans le ciel volant,
Avec deux ailes sur le dos,
Ils connaîtront, ces géants,
Une éternité électronique en vidéo.
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