Même le bruit de la guerre,
Même le son du tonnerre
Ont maintenant une autre voix,
C’est une autre scène qu’on voit.
Avant, les éléphants mécaniques,
Nez en l’air, laissaient leurs corps
Démantibulés rouiller au bord
Des routes dans des poses épiques.
Le de profundis des canons rythmait
Les requiems des hasardeux combats.
La vie, la mort, les dés, tout roulait
Aux sons de trompe de leurs tubas.
Sa complainte invite à la noce,
C’est une belle gosse.
On s’y laisse prendre,
Elle vient, il suffit d’attendre.
En l’éden là-bas, dit le soldat,
Les moissons durent tout l’été.
L’hiver encore, avec son air entêté,
Allant toujours du même pas
Semer les cadavres des hommes,
Elle ne se presse même pas,
Elle brandit son long coutelas
Et tranche d’un coup les bonshommes.
Fermer les yeux, n’y pensez pas !
Toute distraction coûte un bras.
Ce spectacle grand-guignol ne lasse pas,
On est sûr de vivre tant qu’on le voit.
Ici et maintenant, déjà, dit le Revenant,
On en revient à l’état d’avant,
Après le clair obscur de sa disparition,
Planqué dans un grand flou,
Le pouvoir est à nouveau fou.
C’est le temps de la revisitation.
À l’an nouveau, sous le Guide,
Le Pays sera énorme et livide.
Les files à nouveau s’allongent ;
À l’allure où tout ça plonge,
Quand fondront les neiges d’antan,
Reviendront les tickets de rationnement.
Et moi, dit Zorba le chat, moi
Qui me voyait déjà
Des fleurs plein les bras,
Moi qui sentais déjà
Venir à la fin de l’hiver
La faim de beau temps,
Je chantonnais encore hier :
« Au printemps, au printemps… »
Maintenant, je rumine constamment
« Oh, combien de soldats, combien de lieutenants,
Partis là-bas, joyeux vivants,
Connaîtront encore le printemps ? »
Même le son du tonnerre
Ont maintenant une autre voix,
C’est une autre scène qu’on voit.
Avant, les éléphants mécaniques,
Nez en l’air, laissaient leurs corps
Démantibulés rouiller au bord
Des routes dans des poses épiques.
Le de profundis des canons rythmait
Les requiems des hasardeux combats.
La vie, la mort, les dés, tout roulait
Aux sons de trompe de leurs tubas.
Sa complainte invite à la noce,
C’est une belle gosse.
On s’y laisse prendre,
Elle vient, il suffit d’attendre.
En l’éden là-bas, dit le soldat,
Les moissons durent tout l’été.
L’hiver encore, avec son air entêté,
Allant toujours du même pas
Semer les cadavres des hommes,
Elle ne se presse même pas,
Elle brandit son long coutelas
Et tranche d’un coup les bonshommes.
Fermer les yeux, n’y pensez pas !
Toute distraction coûte un bras.
Ce spectacle grand-guignol ne lasse pas,
On est sûr de vivre tant qu’on le voit.
Ici et maintenant, déjà, dit le Revenant,
On en revient à l’état d’avant,
Après le clair obscur de sa disparition,
Planqué dans un grand flou,
Le pouvoir est à nouveau fou.
C’est le temps de la revisitation.
À l’an nouveau, sous le Guide,
Le Pays sera énorme et livide.
Les files à nouveau s’allongent ;
À l’allure où tout ça plonge,
Quand fondront les neiges d’antan,
Reviendront les tickets de rationnement.
Et moi, dit Zorba le chat, moi
Qui me voyait déjà
Des fleurs plein les bras,
Moi qui sentais déjà
Venir à la fin de l’hiver
La faim de beau temps,
Je chantonnais encore hier :
« Au printemps, au printemps… »
Maintenant, je rumine constamment
« Oh, combien de soldats, combien de lieutenants,
Partis là-bas, joyeux vivants,
Connaîtront encore le printemps ? »
Contributed by Marco Valdo M.I. - 2025/9/2 - 12:08
Pour ceux que ça intéresse, j'avais inséré la chanson Les Éléphants, il y a déjà quelques années; c'était en 2015.
On y trouve le texte et même, un commentaire éclairant - le dialogue maïeutique que j'entretenais avec Lucien l'âne mon ami.
Salut à tous
Marco Valdo M.I.
On y trouve le texte et même, un commentaire éclairant - le dialogue maïeutique que j'entretenais avec Lucien l'âne mon ami.
Salut à tous
Marco Valdo M.I.
Marco Valdo M.I. - 2025/9/8 - 17:52
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Chanson française – Les Éléphants mécaniques – Marco Valdo M.I. – 2025
LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.
Épisode 268
Salvador Dali – 1948
Eh bien, Marco Valdo M.I. mon ami, tu as réussi à trouver un titre aussi bizarre que certains de ceux que tu as inventés ici depuis des années ; je pense même que c’est un des plus biscornus que tu as jamais proposés. Et d’abord, que sont ces éléphants mécaniques ? Les éléphants ? Je t’assure que j’aime bien les éléphants, fan, fan, les éléphants… C’est même ce que chantait Sttellla (Les Éléphants) et comme dans la chanson, j’aime la plupart des animaux. D’ailleurs, les éléphants, je les connais et depuis fort longtemps, j’en ai rencontré dans mes pérégrinations. Je me souviens même d’éléphants militaires grimpant avec nous les ânes dans les contreforts des Alpes.
La chanson elle-même répond à ta question, dit Marco Valdo M.I. ; d’une certaine façon, tu as raison et tu as parfaitement déduit ce qu’ils sont : ce sont des chars d’acier. Écoute voir ce qu’elle en dit :
« Avant, les éléphants mécaniques,
Nez en l’air, laissaient leurs corps
Démantibulés rouiller au bord
Des routes dans des poses épiques. »
Ces éléphants-là qui rouillent maintenant au bord des routes, sont – pour la plupart – les chars d’assaut de l’armée d’invasion zinovienne. Leur nez en l’air, c’est ce canon réduit au silence en même temps que l’équipage du-dit éléphant métallique. Mais propos philosophiquement adapté de l’art de l’artilleur : « Le titre n’est pas la chanson », je le cite en référence à Korzybski (Alfred Abdank Skarbeck Korzybski) et son « La carte n’est pas le territoire »,
C’est d’ailleurs, dit Lucien l’âne, presque toujours le cas. Mais dès lors, que contient d’autre cette canzone ?
La même voix, sans doute un soldat, Lucien l’âne mon ami, étend son propos sur les deux premières strophes. En gros, elle parle de la guerre et de la mort qui comme dans Oncle Archibald, invite les hommes à la noce et les retranche du monde vivant. On retiendra particulièrement – en raison de leur logique implacable – les deux derniers vers :
« Ce spectacle grand-guignol ne lasse pas,
On est sûr de vivre tant qu’on le voit. »
En effet, dit Lucien l’âne, c’est d’une logique irréfutable, tout comme l’affirmait Vialatte à propos de l’éléphant et ça aussi, ce fut un titre aussi péremptoire que bizarre pour un livre : « L’éléphant est irréfutable ».
Vialatte maintenant !, s’étonne Lucien l’âne, on n’en sortira pas de cette auberge ; revenons à la chanson.
Soit, dit Marco Valdo M.I., on y retrouve (troisième strophe) le Revenant, un homme qui a de la mémoire (chose peu prisée actuellement en Zinovie) et surtout celle des camps et de l’ancien régime du Petit Père. Il se souvient du Pays d’avant et des cartes de rationnement. Il prévient, il annonce des retours dangereux à venir. Le commerce va mal en Zinovie…
Oui, dit Lucien l’âne, je connais l’adage : « Quand le commerce va, tout va » et forcément, l’inverse est source de catastrophe.
Pour finir et conclure, reprend Marco Valdo M.I., Zorba le chat approfondit le discours de Cassandre, en parodiant à la fois Brel et Hugo :
« Je chantonnais encore hier :
« Au printemps, au printemps… »
Maintenant, je rumine constamment
« Oh, combien de soldats, combien de lieutenants,
Partis là-bas, joyeux vivants,
Connaîtront encore le printemps ? »
Telle est la question que je me pose aussi, dit Lucien l’âne, et que devraient se poser tous les Zinoviens. Enfin, car telle est notre tâche en ce siècle, tissons le linceul de ce vieux monde mélodramatique, guignolesque, rocambolesque, sanguinolent, sanglant, sanglé, cinglé et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Tous les épisodes précédents sont accessibles ici :
Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l'État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; 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