Language   

Du Village à la Ville

Marco Valdo M.I.
Language: French



Related Songs

Toz jorz dras de soie tristrons
(Chrétien de Troyes)
Le Temps restant
(Marco Valdo M.I.)
Le chouette Boulot
(Marco Valdo M.I.)


Du Village à la Ville

Chanson française — Du Village à la Ville — Marco Valdo M.I. — 2023

LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

Épisode 128

Dialogue Maïeutique

LE DÉPART  <br />
Yuri Petrovich Kugach - 1955 ca.
LE DÉPART
Yuri Petrovich Kugach - 1955 ca.


Après avoir évoqué, Lucien l’âne mon ami, ses origines villageoises et sa jeune enfance, le trouvère raconte ici son départ vers la ville, où il va rejoindre son père et son frère déjà installés depuis longtemps. Ça n’a rien d’original, il en est bien conscient quand il dit ainsi «  Les millions de gens à subir cette rupture… »

Ah, dit Lucien l’âne, ce sont des millions et je pense même des milliards qui subissent – le terme est exact – cette rupture. Cet exode des ruraux vers les villes n’a pas cessé depuis des temps et des temps et il se poursuit encore partout dans le monde. C’est une évolution nette et irréversible. De plus, on la trouve non seulement dans des temps anciens, dans des lieux les plus éloignés les uns des autres, mais aussi, sous tous les régimes de pouvoir qui n’y peuvent que pouic et n’arrivent pas à l’endiguer. Au fond, je pense que les gens pauvres des campagnes ont en horreur leur destin de bêtes de somme et ont la plus ferme volonté d’y échapper et si ce n’est eux, leurs enfants. Et je les comprends.

Ainsi, continue Marco Valdo M.I., comme un petit oiseau poussé hors du nid par sa mère :

« Ma mère pleurait tout comme moi.
Elle m’accompagna jusqu’à l’orée du bois,
Me laissa là et dit simplement : « Va ! »,


il devient ce qu’il appelle lui-même un « explorateur de l’infini ». Il le devient et avec lui – en quelque sorte parallèlement – tout le pays est entraîné dans d’immenses bouleversements qui font surgir un monde différent et qui emprunte des chemins inattendus qu’il convient d’explorer. C’est le résultat de cette évolution qui comme tu le signales justement, transcende la politique et s’impose par-delà toutes ses décisions ou ses actions, ses intentions et ses contraintes.

D’ailleurs, dit Lucien l’âne, si tu permets une petite parenthèse à ce sujet. C’est ce qui est arrivé à Marcovaldo lui-même, ce personnage d’Italo Calvino (Marcovaldo ou les saisons dans la ville), qui émigré de la campagne vit en ville où il travaille à l’usine comme manœuvre et est confronté à un monde qui lui échappe. Comme les millions d’autres, il y végète dans des conditions précaires avec sa femme et ses six enfants.

Ensuite, reprend Marco Valdo M.I., les décisions des autorités suprêmes peuvent considérablement aggraver la situation, notamment en asséchant les campagnes de leurs populations en leur volant littéralement tout ce qu’elles produisent ; ce qui engendre des famines et la désertification.

C’est un mouvement quasiment tectonique, dit Lucien l’âne, une mutation profonde qui demanderait un accompagnement spécifique. Mais parle-moi plutôt de la suite de la chanson.

On a vu le départ du village, dit Marco Valdo M.I. ; c’est la première partie. La seconde, c’est l’arrivée en ville et comme on l’apprend, pas dans n’importe quelle ville : dans la capitale. Si celle-ci ressemble aux images des prospectus : « Tout un monde de bâtiments », elle a perdu sa couleur rouge (à interpréter dans son double sens) et sue l’ennui, la bêtise et la misère. Je te laisse découvrir les détails.

Bien sûr, dit Lucien l’âne, je n’y manquerai pas. Maintenant, tissons le linceul de ce vieux monde hiérarchique, hiératique, hystérique, hyperbolique et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l'État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 64 : Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; Épisode 71 : Un Conflit avec l’Étranger ; Épisode 72 : Petit Manuel de Survie ; Épisode 73 : La Banalité ; Épisode 74 : La Ligne de Conduite ; Épisode 75 : Les Femmes de Zinovie ; Épisode 76 : La Légende ; Épisode 77 : Le Devoir sacré ; Épisode 78 : Les nouveaux Soldats ; Épisode 79 : Bruit de Fond ; Épisode 80 : Une résistible Ascension ; Épisode 81 : La Zone interdite ; Épisode 82 : Les Pommes ; Épisode 83 : La Normalité ; Épisode 84 : L’Autorisation ; Épisode 85 : L’Exclusion ; Épisode 86 : Quelle Affaire ? ; Épisode 87 : Le Vase vide ; Épisode 88 : Introspection ; Épisode 89 : Le Pays gris ; Épisode 90 : Tout un Style ; Épisode 91 : L’État unique ; Épisode 92 : Le Veilleur de Nuit ; Épisode 93 : Le Questionnaire ; Épisode 94 : Le Roi des Rats ; Épisode 95 : Si tu veux la Paix ; Épisode 96 : Les Vieilles et la Guerre ; Épisode 97 : L’Étoile filante ; Épisode 98 : La Guerre nécessaire ; Épisode 99 : Les Méditations ; Épisode 100 : La Guerre des Boutons ; Épisode 101 : Hurler avec les Loups ; Épisode 102 : Les Cantines éternelles ; Épisode 103 : L’Homme debout ; Épisode 104 : Les Nouveaux Cerisiers ; Épisode 105 : La Logique du Soldat Mort ; Épisode 106 : Les Fuites ; Épisode 107 : Les Ratures ; Épisode 108 : Les Lombrics philosophiques ; Épisode 109 : Les Réservistes ; Épisode 110 : La Logique de la Paix ; Épisode 111 : Le Citoyen et le Régime ; Épisode 112 : Les Ennemis extérieurs ; Épisode 113 : L’Oiseau de Feu ; Épisode 114 : Le Rêve du Guide ; Épisode 115 : Le Bourbier atomique ; Épisode 116 : L'Exilé ; Épisode 117 : La Journée ordinaire ; Épisode 118 : Les Commandeurs ; Épisode 119 : Sainte et Martyre ; Épisode 120 : La Patrie en Danger ; Épisode 121 : Les Églantiers sauvages ; Épisode 122 : Le Temps restant ; Épisode 123 : L’Invincible Armée ; Épisode 124 : L’Explorateur ; Épisode 125 : La Mémoire ; Épisode 126 : Souvenirs du Vieux Temps ; Épisode 127 : La Pauvreté chaleureuse
À la campagne, avant la révolution,
Le paysan n’avait rien de toute façon.
Le village n’aurait jamais survécu longtemps,
Sans le traditionnel regroupement des paysans,
En commun, ils y faisaient la fenaison,
En une volontaire organisation,
Ils réparaient les routes à la bonne saison.
Rien de neuf dans la collectivisation.
L’État prit en mains l’agriculture
Et liquida toute l’ancienne culture.
À la ville, aux usines, les paysans ont fui.
Petit à petit, l’exode tua les villages du pays.

L’édit des lointaines autorités suprêmes
Imposa aux gens un très long carême.
Les événements devenaient fatalités,
Avec eux, il fallait bien vivre.
Alors, sans jamais hésiter,
Chacun ne songeait qu’à survivre.
Tout se passait sans contestation,
Nulle part, on n’entendait de protestation.
Grâce au progrès, au fil des années,
La vieille Zinovie s’est effondrée.
Impossible d’y retourner, d’y revenir,
On ne peut éviter son avenir.

La capitale était rouge sur les images
Dans les brochures parvenues au village.
La nuit avant le départ, on ne dormait pas.
Ma mère pleurait tout comme moi.
Elle m’accompagna jusqu’à l’orée du bois,
Me laissa là et dit simplement : « Va ! ».
Sur le quai, il faisait un froid de canard.
Les voyageurs restaient assis dans la gare.
Enfin le train vint et s’en repartit.
Ainsi, je sautais du passé au futur.
Les millions de gens à subir cette rupture
Sont les explorateurs de l’infini.

Tout un monde de bâtiments.
Au lieu de rouge, la ville était grise ;
Elle suait l’ennui et la bêtise,
Le malheur engluait l’arrivant.
Mon père vivait dans un sous-sol suintant
Avec une vingtaine d’autres habitants.
Un poêle lançait son appendice métallique
Tout au travers de l’étroite pièce hiératique.
À la fenêtre soupirail, passaient les pieds,
Sonnaient la cadence des pas des soldats,
Le roulement des camions sur le pavé.
Une pauvre ampoule éclairait tout ça.

Contributed by Marco Valdo M.I. - 2023/5/7 - 18:36




Main Page

Please report any error in lyrics or commentaries to antiwarsongs@gmail.com

Note for non-Italian users: Sorry, though the interface of this website is translated into English, most commentaries and biographies are in Italian and/or in other languages like French, German, Spanish, Russian etc.




hosted by inventati.org