Grand-mère m’a dit ma naissance.
Un jour d’automne au couchant,
Ma mère revenait des champs,
Quand elle entra en souffrance.
Elle accoucha vite fait sans s’en faire.
Puis, tranquille, s’en alla traire.
Au matin, elle repartait aux champs.
Des onze, j’étais le sixième enfant.
C’était une époque de famine et de deuil ;
Faiblard, on me voyait déjà mort.
Grand-père confectionna mon cercueil.
Petite caisse au grenier, je le vois encore.
En ce temps-là, le temps était précieux.
On prenait la vie avec sérieux.
On se lavait les mains, on se lavait les pieds.
On nous avait inculqué la propreté.
On nous coupait les ongles, les cheveux ;
On mouchait les morveux.
On nous rapetassait l’habit des aînés.
On ne mangeait pas toujours assez,
Jour après jour, on portait haut la tête.
On avait la pauvreté chaleureuse.
Quand père revenait : c’était la fête ;
Pour quelques jours, la vie était joyeuse.
Dans la lointaine enfance,
On avait appris la connivence,
Mère et enfants, on travaillait avec vaillance,
En l’avenir, on avait confiance.
Dans la Zinovie venue à maturité,
Le progrès des gens est solidement barré :
Impossible accéder au sommet doré
Des couches supérieures de la société.
Chez les petits-enfants de notre doyenne,
Arrivés à une position moyenne,
Aucun d’eux n’est redevenu ouvrier,
Aucun n’a pu dépasser le niveau d’employé.
À l’école de mes dix ans,
On ne punissait pas le petit mécréant.
Sans église et sans Dieu, on croit.
Ainsi, je suis un athée croyant en moi.
La meilleure récompense
Est décernée par la conscience.
Tout est affaire de dignité,
De sens moral et d’équité.
Même un petit mal est un mal ;
Même un petit bien est un bien.
Avec l’État, la religion va et vient.
À présent, Dieu est redevenu normal.
Un jour d’automne au couchant,
Ma mère revenait des champs,
Quand elle entra en souffrance.
Elle accoucha vite fait sans s’en faire.
Puis, tranquille, s’en alla traire.
Au matin, elle repartait aux champs.
Des onze, j’étais le sixième enfant.
C’était une époque de famine et de deuil ;
Faiblard, on me voyait déjà mort.
Grand-père confectionna mon cercueil.
Petite caisse au grenier, je le vois encore.
En ce temps-là, le temps était précieux.
On prenait la vie avec sérieux.
On se lavait les mains, on se lavait les pieds.
On nous avait inculqué la propreté.
On nous coupait les ongles, les cheveux ;
On mouchait les morveux.
On nous rapetassait l’habit des aînés.
On ne mangeait pas toujours assez,
Jour après jour, on portait haut la tête.
On avait la pauvreté chaleureuse.
Quand père revenait : c’était la fête ;
Pour quelques jours, la vie était joyeuse.
Dans la lointaine enfance,
On avait appris la connivence,
Mère et enfants, on travaillait avec vaillance,
En l’avenir, on avait confiance.
Dans la Zinovie venue à maturité,
Le progrès des gens est solidement barré :
Impossible accéder au sommet doré
Des couches supérieures de la société.
Chez les petits-enfants de notre doyenne,
Arrivés à une position moyenne,
Aucun d’eux n’est redevenu ouvrier,
Aucun n’a pu dépasser le niveau d’employé.
À l’école de mes dix ans,
On ne punissait pas le petit mécréant.
Sans église et sans Dieu, on croit.
Ainsi, je suis un athée croyant en moi.
La meilleure récompense
Est décernée par la conscience.
Tout est affaire de dignité,
De sens moral et d’équité.
Même un petit mal est un mal ;
Même un petit bien est un bien.
Avec l’État, la religion va et vient.
À présent, Dieu est redevenu normal.
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