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Pénélope

Georges Brassens
Language: French


Georges Brassens

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Pénélope
Chanson française – Pénélope – Georges Brassens – 1960

[1960]
Parole e musica / Lyrics and music / Paroles et musique / Sanat ja sävel
Album / Albumi: Le Mécréant


Dialogue Maïeutique



Comme je l’avais plus ou moins promis l’autre jour, dit Marco Valdo M.I., voici la chanson française intitulée Pénélope – dont l’auteur est comme annoncé Georges Brassens et ainsi qu’on peut l’imaginer, elle est assez différente de la chanson italienne, intitulée Penelope, dont l’auteur est Ivano Fossati. On notera également la différence d’âge entre ces deux Pénélopes : celle de Brassens date de 1960 et celle de Fossati date de 2019. Il y a donc un écart de près de 60 ans entre les deux.

C’est considérable, dit Lucien l’âne ; en génération humaine, l’une pourrait être la grand-mère de l’autre.

Soit, dit Marco Valdo M.I., tout cela entraîne à penser qu’elles devraient avoir une façon différente d’aborder la question de l’absence du mari, car c’est là le postulat de Pénélope : toutes les Pénélopes ont ceci en commun qu’elles attendent le retour de l’élu de leur cœur – du moins, officiellement et en principe donc, toutes sont apparemment « fidèles » et désireuses de voir revenir le héros du foyer. En clair, elles restent seules à se morfondre. Voilà le problème : d’une certaine manière, ce confinement des femmes est un des fondements de la domination des hommes, caractéristique de La Guerre de Cent mille ans que les riches, les puissants, les dominants, et en ce cas, les mâles mènent – consciemment ou inconsciemment – pour maintenir leur pouvoir, garder leurs privilèges, conserver leur puissance (même quand elle est défaillante) et leurs richesses.

Évidemment, dit Lucien l’âne en riant, pur le retour de l’absent, tout va dépendre de la durée de l’attente. Et puis, toutes les Pénélopes ne sont pas en attente d’un Ulysse, parti construire un cheval de bois et qui met des années à revenir. La plupart des hommes mariés rentrent quasi-quotidiennement au domicile conjugal.

Bien sûr, Lucien l’âne mon ami, il y a principalement toutes ces femmes au foyer qui attendent le retour du mari parti à la mine, à l’usine, au champ, au bureau, etc. ; bref, les Pénélopes ordinaires. C’est une de celles-là qui est l’héroïne fantasmante de la chanson.

« Toi l’épouse modèle,
Le grillon du foyer,
Toi qui n’as point d’accrocs
Dans ta robe de mariée,
Toi l’intraitable Pénélope »

C’est la Pénélope la plus répandue et comme la chanson le montre, ça ne l’empêche pas de rêver à des aventures (forcément) extra-conjugales. En somme, c’est la femme au quotidien, seule face à l’ennui du temps qui passe et de leur vie qui s’efface. Cette mélancolie la touche d’autant plus que sa solitude est grande, que la dépendance de la femme est forte ; autrement dit, comme elle se trouve réduite à son rôle d’épouse, enfermée dans cette enveloppe sociale, il ne lui reste que ce vide que l’autre moitié – son conjoint – est censé remplir. Alors, la prisonnière, car Pénélope est prisonnière dans son couple, dans son propre foyer, dans sa propre vie, cherche à s’échapper de ce carcan, au moins en pensées. Elle a des idées folâtres, des échappatoires de jeune fille, des ambitions d’amours interdites, le goût de l’évasion. Dans le temps, du temps de Brassens, Pénélope recourrait à cette forme de poésie personnelle, se créait des univers de liberté – même factice ; c’est tout le charme de cette Pénélope d’antan, surtout quand elle s’incarne dans la voix de Barbara. À présent, Pénélope s’abîme dans les séries télévisées ; elle vit la vie aliénée d’autres silhouettes par écran interposé.

Maintenant, dit Lucien l’âne, je pense qu’on en a assez dit et qu’il faut laisser sa place à la Pénélope de la chanson ; elle en dit beaucoup plus qu’on ne peut en dire ici dans ce court dialogue. Et puis, il nous faut, nous aussi, tisser le linceul de ce vieux monde malappris, inculte, flagorneur, imbu, ennuyeux, méprisant et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

Toi l’épouse modèle,
Le grillon du foyer,
Toi qui n’as point d’accrocs
Dans ta robe de mariée,
Toi l’intraitable Pénélope,
En suivant ton petit
Bonhomme de bonheur,
Ne berces-tu jamais,
En tout bien tout honneur,
De jolies pensées interlopes,
De jolies pensées interlopes.

Derrière tes rideaux,
Dans ton juste milieu,
En attendant le retour
D’un Ulysse de banlieue,
Penchée sur tes travaux de toile,
Les soirs de vague à l’âme
Et de mélancolie,
N’as-tu jamais en rêve,
Au ciel d’un autre lit,
Compté de nouvelles étoiles,
Compté de nouvelles étoiles.

N’as-tu jamais encore
Appelé de tes vœux
L’amourette qui passe,
Qui vous prend aux cheveux,
Qui vous compte des bagatelles,
Qui met la marguerite
Au jardin potager,
La pomme défendue
Aux branches du verger
Et le désordre à vos dentelles,
Et le désordre à vos dentelles.

N’as-tu jamais souhaité
De revoir en chemin
Cet ange, ce démon,
Qui, son arc à la main,
Décoche des flèches malignes,
Qui rend leur chair de femme
Aux plus froides statues,
Les bascule de leur socle,
Bouscule leur vertu,
Arrache leur feuille de vigne,
Arrache leur feuille de vigne.

N’aie crainte que le ciel
Ne t’en tienne rigueur,
Il n’y a vraiment pas là
De quoi fouetter un cœur
Qui bat la campagne et galope,
C’est la faute commune
Et le péché véniel,
C’est la face cachée
De la lune de miel
Et la rançon de Pénélope,
Et la rançon de Pénélope.

Contributed by Marco Valdo M.I. - 2020/11/12 - 15:18




Language: Italian

La versione italiana di Paolo Capodacqua
Italian version by Paolo Capodacqua
Version italienne de Paolo Capodacqua
Paolo Capodacquan italiankielinen käännös




Penelope

Tu la sposa modello, grillo del focolare
tu che non hai strappi nell'abito nuziale
Penelope senza misteri,
davvero nell'attesa che il tuo uomo ritorni
non culli proprio mai nel vuoto dei tuoi giorni
graziosi ma ambigui pensieri,
graziosi ma ambigui pensieri...

Nella casa ordinata delle tue tante sere,
mentre aspetti il ritorno di un Ulisse di quartiere
filando la tela e la pelle
Nelle ore malinconiche con l'animo disperso,
hai mai fantasticato in un cielo diverso
contando delle nuove stelle...

O ancora non hai mai, in nome del tuo voto
pensato all'amoruccio che passa per gioco,
che recita versi sospetti,
che fa nascere un fiore nell'orto più segreto
ed il pomo proibito fra i rami del frutteto
e poi ti scompiglia i merletti...

Hai mai desiderato la dolce imboscata
dell'angelo demonio che passa per strada,
che scocca la freccia maligna
che rianima le estati e poi le butta giù
dal piedistallo freddo delle loro virtù
strappando la foglia di vigna...

Ma non temere che il cielo ti porti rancore,
non è davvero il caso che ti frustino il cuore
perché poi galoppi più in alto,
è la colpa comune, è un peccato veniale
è la faccia nascosta della luna di miele,
è il prezzo del tuo riscatto
è il prezzo del tuo riscatto.

Contributed by Riccardo Venturi in isolamento - 2020/11/13 - 07:22




Language: English

English translation / Traduzione inglese / Traduction anglaise / Englanninkielinen käännös:
Tom Thomson (L. Trans.)
With original notes


Penelope

You, the model wife, the cricket of the hearth, [1]
you, without any snag or tear in your marriage gown,
you, the uncompromising Penelope, [2]
When following the lead of your pleasant but absent husband,
don’t you ever, in all honesty, nurse
some pretty thoughts that somehow sneak in,
some pretty thoughts that somehow sneak in?

Behind your curtains, in your oh so proper world,
awaiting the return of a suburban Ulysses, [3]
leaning over your needlework,
on melancholy evenings of doom and gloom.
have you never, in dreams of the sky above another bed,
counted some new stars,
counted some new stars?

Have you never yet called out to the passing object
of your wishes, who takes you by the hair,
who tells you nothing much,
who puts the daisy [4] into the kitchen garden, [5]
puts the forbidden apple onto the tree branches,
and puts your lace clothing into disorder,
and puts your lace clothing into disorder.

Have you never hoped to see again in passing
that angel, that demon, who, his bow in his hand,
fires malignant arrows,
who gives their female flesh back to the coldest statues,
topples them from their pedestals, shakes up their virtue,
tears their off fig leaves, [6]
tears their off fig leaves?

Don’t be afraid that Heaven will hold it against you,
there’s truly nothing there for which to lash a heart [7]
that’s taken in by bad arguments and goes wild!
It’s a common fault and a venial sin,
it’s the hidden side of the honeymoon,
and the ransome for Penelope,
and the ransome for Penelope.

[1] A cricket in the hearth was a good thing in old times, indicating a happy, warm and comfortable house; Dicken’s “cricket on the hearth” was was a magic fairy cricket, “Genius of his (the carrier’s) hearth and home”

[2] In Greek myth, Penelope was the wife of Odysseus, who remained faithful to him during his absence for the Trojan war and a very long journey back home from Troy

[3] The Latin name for Odysseus

[4] Symbol of love

[5] Symbol of domesticity

[6] Literally:”grape” not “fig”

[7] The stock phrase “there’s nothing for which to lash a cat” means “it’s something too trivial to make a fuss about", and the change from “cat” to “heart” essentially keeps that meaning

Contributed by Riccardo Venturi in isolamento - 2020/11/13 - 09:37




Language: Breton

Traduzione bretone / Breton translation / Traduction bretonne / Bretoninkielinen käännös:
PaotrLaouen (L. Trans.)

Penelop

Te, ar skouer d'ar gwragez, ar skrilh eus an oaled,
n'az peus graet rog ebet ez sae eured,
te, Penelop, n'heller ket diheñchañ,
tra ma 'z ez trankil gant hent an eürusted,
daoust ha ne vagez ket, kuit a pec'hed,
ur gaer a soñjezon flodus bennak,
ur gaer a soñjezon flodus bennak?

A-dreñv da rideozioù, e-barzh an endro dereat dit,
tra m'emaout en gortoz eus da Ulis eus a vannlev,
stouet a-us da labour gwriat,
d'an abardaezioù a velkoni ha mennozhioù teñval,
daoust ha n'eus ket, gwech pe wech, en oabl ur stel all
niveret stered nevez,
niveret stered nevez?

Daoust ha n'ez peus biskoazh hetet birvidik
ar garantezig a dremen hag a grog en ho plev,
a lâr deoc'h komzoù flour,
a laka ur boked-marc'harid el liorzh
hag an aval berzet war skourroù ar werjez,
hag an dizurzh e-barzh ho tantelez,
hag an dizurzh e-barzh ho tantelez?

Daoust ha n'ez peus bet biskoazh spi da adwelout war da hent
an ael, an diaoul-se, e wareg en e zorn,
a zistag biroù gwidreüs,
a restaol o c'hig a vaouezed d'an delwennoù yenañ,
o diskar diwar o sichoù, a bennbouzell o vertuz,
hag a ziframm diganto o delioù-wini,
hag a ziframm diganto o delioù-wini.

Arabat kaout aon na vagfe an neñv kas ouzhit rak-se:
n'eus abeg ebet da foetañ ur galon
a vale ar vro o c'haloupat.
Ur faot boutin eo se hag ur pec'hed veniel,
an tu kuzhet eus loar ar bichoned,
hag he dic'haou da Benelop,
hag he dic'haou da Benelop.

Contributed by Riccardo Venturi in isolamento - 2020/11/13 - 09:49


Secondo un'etimologia popolare, il nome di Penelope avrebbe a che fare proprio con la leggenda della tela (πήνη /pḗnē/ + ὤψ /ṓps/ “faccia”; quindi “la faccia di colei che tesse la tela”, oppure “colei che finge di tessere la tela”). In realtà il suo nome sembra derivare da un mito riguardante la sua infanzia: quando nacque fu gettata in mare per ordine del padre (destino comune a molte bambine, considerate “inutili”) e fu salvata da alcune anatre che, tenendola a galla, la portarono verso la spiaggia più vicina. Ripresa quindi dai genitori, le fu imposto un nome derivato per l'appunto da πηνέλοψ /pēnélops/ “anatra variopinta” -un nome sicuramente di origine pre-greca formato con un suffisso -έλοψ piuttosto comune per gli animali selvatici. Nell'Odissea, il nome della moglie di Ulisse appare sia nella forma Πηνελόπεια /pēnelópeia/, sia nella forma poi generalizzatasi Πηνελόπη /pēnelópē/. Peraltro non è del tutto certo che si tratti proprio di un'anatra: il glossatore Esichio la definì semplicemente e genericamente “un qualche tipo di uccello”, e fu Linneo ad identificarla arbitrariamente con il fischione eurasiatico, cui diede il nome tassonomico di Anas penelope (oggi modificato in Mareca penelope).

Riccardo Venturi in isolamento - 2020/11/13 - 08:40




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