Lingua   

Grand-père

Georges Brassens
Lingua: Francese


Georges Brassens


Grand-père suivait en chantant
La route qui mène à cent ans.
La mort lui fit, au coin d’un bois,
Le coup du père François.
Il avait donné de son vivant
Tant de bonheur à ses enfants
Qu’on fit, pour lui en savoir gré,
Tout pour l’enterrer.
Et l’on courut à toutes jam-
-Bes quérir une bière, mais…
Comme on était légers d’argent,
Le marchand nous reçut à bras fermés.
« Chez l’épicier, pas d’argent, pas d’épices,
Chez la belle Suzon, pas d’argent, pas de cuisse…
Les morts de basse condition,
C’est pas de ma juridiction. »

Or, j’avais hérité de grand-père
Une paire de bottes pointues.
S’il y a des coups de pied quelque part qui se perdent,
Celui-là toucha son but.

C’est depuis ce temps-là que le bon apôtre,
C’est depuis ce temps-là que le bon apôtre,
Ah ! c’est pas joli…
Ah ! c’est pas poli…
A une fesse qui dit merde à l’autre.

Bon papa,
Ne t’en fais pas,
Nous en viendrons
À bout de tous ces empêcheurs d’enterrer en rond.

Le mieux à faire et le plus court,
Pour que l’enterrement suivît son cours,
Fut de borner nos prétentions
À une bière d’occasion.
Contre un pot de miel, on acquit
Les quatre planches d’un mort qui
Rêvait d’offrir quelques douceurs
À une âme sœur.
Et l’on courut à toutes jam-
-Bes quérir un corbillard, mais…
Comme on était légers d’argent,
Le marchand nous reçut à bras fermés.
« Chez l’épicier, pas d’argent, pas d’épices,
Chez la belle Suzon, pas d’argent, pas de cuisse…
Les morts de basse condition,
C’est pas de ma juridiction. »

Ma botte partit, mais je me refuse
De dire vers quel endroit,
Ça rendrait les dames confuses
Et je n’en ai pas le droit.

C’est depuis ce temps-là que le bon apôtre,
C’est depuis ce temps-là que le bon apôtre,
Ah ! c’est pas joli…
Ah ! c’est pas poli…
A une fesse qui dit merde à l’autre.

Bon papa,
Ne t’en fais pas,
Nous en viendrons
À bout de tous ces empêcheurs d’enterrer en rond.

Le mieux à faire et le plus court,
Pour que l’enterrement suivît son cours,
Fut de porter sur notre dos
Le funèbre fardeau.
S’il eût pu revivre un instant,
Grand-père aurait été content
D’aller à sa dernière demeure
Comme un empereur.
Et l’on courut à toutes jam-
-bes quérir un goupillon, mais…
Comme on était légers d’argent,
Le marchand nous reçut à bras fermés.
« Chez l’épicier, pas d’argent, pas d’épices,
Chez la belle Suzon, pas d’argent, pas de cuisse…
Les morts de basse condition,
C’est pas de ma juridiction. »

Avant même que le vicaire
Ait pu lâcher un cri,
Je lui bottai le cul au nom du Père,
Du Fils et du Saint-Esprit.

C’est depuis ce temps-là que le bon apôtre,
C’est depuis ce temps-là que le bon apôtre,
Ah ! c’est pas joli…
Ah ! c’est pas poli…
A une fesse qui dit merde à l’autre.

Bon papa,
Ne t’en fais pas,
Nous en viendrons
À bout de tous ces empêcheurs d’enterrer en rond,
À bout de tous ces empêcheurs d’enterrer en rond.



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