Lingua   

Les Bœufs qu’on abat

Marco Valdo M.I.
Lingua: Francese




Till dit : « La mort vient comme un voleur ?,
Je n’y comprends rien, je ne comprends pas.
Quel est ce mystère, dis-moi, ma sœur ? »
Elle dit : « Ils viennent, j’entends leurs pas. »

« De qui sont ces pas ? De quel ennemi ? »
« Des soudards, une bande de soldats du roi. »
« Mais, dit Till, on nous traite bien ici. »
« Oui, dit-elle, comme les bœufs qu’on abat. »

« Reste là, dit Till, ne crie pas ni ne pleure ;
Je m’en vais sauver nos gens. »
« L’Espagnol vient ! », la voix court à l’instant
À toutes les tavernes, à toutes les demeures

Tous pressent l’allure et filent au vaisseau,
À bord, on prépare vaille que vaille
Les armes et la mitraille pour une bataille
Navale sur la glace autour du bateau.

« Vois-tu, Lamme, cette femme sur le quai,
Sa robe noire d’écarlate brodée,
Sa capeline blanche relevée
Qui tient son visage caché ? »

Elle découvre sa chevelure et son front
Lamme hurle : « Ma femme ! ».
La dame fuit d’un grand trotton,
Au grand dam de Lamme

Et Lamme veut sauter du pont.
On le retient, il pleure, il supplie.
« Si tu quittes le bord, on te prendra la vie
Et tu pendras comme à la ligne un poisson. »

« La diablesse enragée !, se lamente Lamme,
Ma femme, pourquoi ainsi se montre-t-elle ?
Si elle m’aime, pourquoi me laisse-t-elle ?
Elle me brûle pire que mille flammes. »

Alors, avec son artillerie, l’ennemi arrive,
Alors, autour du navire, les boulets plombent,
Alors le vaisseau tiraille vers la rive,
Alors vers le soir, une pluie tiède tombe.

Et la mer se fâche sous la glace,
Et soulève les blocs face contre face.
Et à l’aube, le navire ouvre ses ailes de lin
Et vogue vers la mer, libre dans le matin.



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