Language   

Victor

Jean-François Lessard
Language: French


Jean-François Lessard


Depuis qu'on laisse tomber la nuit
Sur nos cauchemars d'insomniaques
On trouve toujours des liturgies
Des Superman paradisiaques

Mais on parle rarement de ceux
Qui ont su faire de leur vivant
Trembler les riches trembler les dieux
Que sanctifie l'histoire des grands

Et quand ta voix de Santiago
Me chante les fantômes du Chili
C'est dans mes veines et dans mes os
Que je sens résonner leur vie

C'est pas une fable, c'est pas un conte
C'est une histoire pour mes enfants
Afin qu'ils sachent qu'un vrai héros
Ça peut n'avoir comme arme qu'un tour de chant

Un onze septembre que l'oncle Samedi
A oublié depuis longtemps
On t 'a menotté pour un drame
Blindé contre les sentiments
Car il y a les gens les ordinaires
Et tous les rêves qu'ils ont dans le cœur
Puis viennent l'argent els militaires
Et tout ce qu'ils ont de dictateurs

C'est pas une fable, c'est pas un conte
C'est une histoire pour mes enfants
Afin qu'ils sachent qu'un vrai héros
Ça peut n'avoir comme arme qu'un tour de chant

Ils t'ont installé dans un stade
Comme si c'était pour un spectacle
Devant tes six mille camarades
Le souffle court, prêts au massacre

On n'écrit pas tous bien notre vie
Et trop rarement devant la mort
Un refrain fut si bien choisi
Comme tu as su le faire Victor


Parlé :

« On a amené Victor au milieu du stade et on lui a ordonné de mettre les mains sur une table. Dans celles de l'officier, il y avait une hache. D'un coup sec, il a coupé les doigts de la main gauche, puis d'un autre coup, ceux de la main droite .Le corps de Victor s'est écroulé. Le hurlement des 6000 prisonniers a retenti dans le stade. L'officier s’est précipité sur lui en criant : « Chante maintenant pour ta puta madre » et il a continué à le rouer de coups. Tout d'un coup, Victor s'est levé et il s'est dirigé vers les gradins. Puis, on l'a entendu dire à la foule : « On va faire plaisir au commandante ». Levant ses mains dégoulinantes de sang, d'une voix brisée, il a commencé à chanter l'hymne de l'Unité populaire, que tout le monde a repris en chœur. C'en était trop pour les militaires ; on a tiré une rafale et Victor s'est lié en avant. D'autres rafales se sont fait entendre, destinées celles-là à ceux qui avaient chanté avec lui. Il y eut un véritable écroulement de corps tombant criblés de balles. Les cris des blessés étaient épouvantables. Mais Victor ne les entendait plus. Il était mort. » [ Extrait du texte original de Manuel Cabezas]

C'est pas une fable, c'est pas un conte
C'est une histoire pour mes enfants
Afin qu'ils sachent qu'un vrai héros
Ça peut n'avoir comme arme qu'un tour de chant



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