Lingua   

Le Pied d'Ivan

Marco Valdo M.I.
Lingua: Francese




Kiev, automne 1941

Fossé de Babi Yar
Plus d'un kilomètre de cadavres
Les uns sur les autres
Dans le fossé de Babi Yar
Soigneusement disposés
Abattus un à un
Juifs, communistes ukrainiens,
Ordre, efficacité, brutalité
Dans un style très objectif,
Un rapport administratif :
« Le Sonderkommando A 4 à Kiev
A exécuté trente trois mille sept cent septante et un
Juifs, les 29 et 30 septembre 1941. »
Le tiers des 100.000 morts de Kiev


Kiev été 1942

Pas loin du fossé de Babi Yar
Le championnat de football du Reich noir
Le « Start », nouveau club boulanger
Anciens du Dynamo rassemblés
Contre leurs occupants et les ralliés
Une campagne au rythme effréné
Le 7 juin contre Rukh : sept – deux
Le 21 juin contre les Hongrois : six – deux
Le 5 juillet : contre les Roumains : onze – zéro
Le 12 juillet : contre les cheminots allemands : neuf – un
Le 17 juillet : contre les Allemands de PGS : six – zéro
Le 19 juillet : contre les Hongrois de MSG : cinq – un
Le 21 juillet : contre les Hongrois de MSG : trois – deux
Une série de matchs victorieux


L'honneur du Reich est en jeu
Le 6 août mil neuf cent quarante-deux
Contre Flakelf, on gagne encore
Cinq à un, ça c'est du sport.
La Luftwaffe crie revanche
Au Zénith, la revanche
Avec les SS et leurs chiens policiers
Le sport a parfois d'étranges côtés.
Misha a apporté nos tenues : maillot rouge et short blanc,
Comme toujours, les Allemands, jouent en blanc.
Ils saluent d'un bras tendu, Heil Hitler
Les milliers de supporters
On salue contraints et forcés
« Vive le sport », bras tendu et poing fermé.


Dans le vestiaire, l'arbitre SS, un officier
Nous a prévenus. Faut pas se tromper.
Si nous gagnons, nous mourrons
Si nous perdons, nous survivrons
C'est la loi du plus fort
Leur conception du sport.
On casse la jambe à notre centre-avant
On assomme notre gardien...
L'arbitre ne voit rien, rien de rien
Il siffle dès qu'on approche du but allemand
Les Allemands marquent les premiers
C'est compter sans le pied d'Ivan
Il tire de loin : égalité.
On mène trois – un à la mi-temps.


Le général SS insiste vivement
Si nous gagnons, nous mourrons
Si nous perdons, nous survivrons
Rien n'y fait, cependant
Dès que le match recommence
Malgré les avertissements
Le diable du foot nous reprend
On attaque, on enfonce la défense
Si nous gagnons, nous mourrons
Si nous perdons, nous survivrons
Olek passe tout pour la sixième fois
Seul devant le but sans gardien
Se retourne et tire au centre du terrain.
Fin du match : cinq à trois.


Ces nazis ne veulent pas en démordre
Ils nous laissent une dernière chance de perdre
Face à Rukh, on répond huit à zéro.
On est des joueurs, pas des héros.
On est tous morts rapidement
Sauf un qui a pu s'échapper
Trois couchés à Babi Yar, un torturé,
Les autres ne sont pas revenus du camp.
C'est la dure loi du sport allemand.
Ils croyaient gagner un Reich de mille Ans
C'était compter sans le pied d'Ivan
Une dernière chose cependant
Encore maintenant.
Les Allemands jouent toujours en blanc



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