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Les Briques rouges de Berlin

Marco Valdo M.I.
Langue: français




Finalement, ils avaient tout détruit
Berlin, notre Berlin, était à plat
Les hommes s'étaient enfouis
Même le Tambour était tout froid

Il restait les ruines, les briques, les gravats.
Les femmes, Lotte, ma fille et moi
Cinquante mille bourriques
On tournait en briques

Nous les femmes, on était restées ici
À tout regarder, à tout subir aussi
On payait de notre personne les vainqueurs
Fallait bien qu'on vive, mon cœur

La poussière de briques dans nos seaux
Du rouge partout dans la ville, dans les rues
Dans l'air, sous la chemise, sur la peau, dans la peau
Mais quand même, c'était la paix, une drôle de mue

Les petits chemins dans les décombres
Et un travail de bêtes dans l'ombre
Une carte de travailleur de force, soixante pfennigs à l'heure
Trois cents grammes de pain et un peu de faux beurre

Lotte, ma fille et moi, une équipe d'enfer
Avec la poussette, le nounours et Félix qui pleurait
Plus de maris, ou si peu ; les hommes gémissaient
Épaves du fauteuil au lit – sans rien faire.

L'horreur se lisait encore en eux;
Elle parcourait leurs songes à nos vieux.
Dans leurs yeux grand ouverts sur le plafond.
Qu'ont-ils vu là-bas sur tous les fronts ?

Les filles des bombardements, Lotte et moi, sa mère,
On a trouvé un homme au bout d'un pied
Il reposait dans son manteau de laine, tout entier
J'ai pris le manteau et Lotte, l'harmonica Hohner

Finalement, on a tout déblayé
On a remis notre Berlin sur pied.
Lotte, moi et cinquante mille bourriques
Rien que des femmes charriant des briques



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