Lingua   

La barbe du vieillard

Marco Valdo M.I.
Lingua: Francese




Durant la promenade, soudain, dans le miroir.
Avec ma tenue noire et mes chaussures jaunes et noires,
Ma grosse tête et ma barbe, je ne me reconnais pas.
Je lève une jambe, je fais un pas
Comme dans un film à Broadway
Je ressemble à Hemingway,
Qui, malgré sa barbe, se suicida.
Toutes ces servitudes, ces prisons,
N'ont pas de sens ni de raison,
Ni de rapport avec ce moi, ultime matriochka,
Calfeutrée tout au-dedans de moi.
Qui est-elle, qui suis-je, moi ?
Peut-être ce spectre aux lorgnettes orientales,
Avec sa barbe aux vagues creuses,
Avec ses étranges sandales,
Et son visage aux joues terreuses.
Gulliver tombé aux mains des pygmées,
J'ai vécu et je vis encor aujourd'hui,
Sans appartenance, sans pouvoir, sans médaille et sans prix.
Sans initiation, sans confession, sans fêtes consacrées,
Sans rites, sans baptême, sans circoncision et sans ablutions sacrées.
On ne peut se représenter que soi-même.
Pourtant, celui qui, sans barbe, ne représente que lui-même,
N'a pas sa place dans le théâtre du pouvoir,
Dans la grande ronde
Des fausses barbes et des encensoirs
Des masques du Cirque du Monde.
La seule barbe légitime est celle du vieillard
Qui indique ainsi tranquillement, ostensiblement
Que pour lui, les feux de l'amour se sont éteints
Et ne fausseront plus son jugement.



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