Yves Duteil

Antiwar songs by Yves Duteil
MusicBrainzMusicBrainz DiscogsDiscogs France France

Yves DuteilYVES DUTEIL


Rarement un artiste a atteint un tel équilibre entre le nombre de ses fans et celui de ses détracteurs. Depuis ses débuts, Yves Duteil est à la fois très apprécié et très aimé d'une large partie du public français. Et, parallèlement, son nom ne cesse de provoquer railleries et moqueries, voire critiques quant à certains de ses engagements. Nunuche et réac pour les uns, poète et bon Français pour les autres. A vous de choisir.





Yves Duteil naît le 24 juillet 1949 à Neuilly-sur-Seine, en proche banlieue parisienne. Fils d'un père employé de bureau et d'une mère bijoutière, il est élevé sur un mode très classique. Pendant dix ans, Yves fait du piano et tient l'orgue dans l'orchestre de son école. Mais à l'âge de 15 ans, il découvre la guitare et la chanson, ses véritables passions.

Après le baccalauréat, il intègre une fac de sciences pour rassurer sa famille, mais la musique le mène à cesser ses études. Il réussit alors à caser son service militaire au milieu de petits engagements au Club Méditerranée et de concerts dans des cabarets parisiens. Il accumule ainsi pas mal d'expériences, qu'il peaufine dans le cadre du Petit Conservatoire de la chanteuse Mireille, figure légendaire de la chanson française.


Premier virages

C'est par une chanson romantique, "Virages", que démarre sa carrière discographique en 1972. Le 45 tours connaît un certain succès, vite démenti par les deux essais suivants. Cependant en 1973, Yves fait la première partie de la chanteuse Régine à Bobino, puis de Juliette Gréco à l'Olympia. Il enchaîne même sur un concert new-yorkais.

Mais en 1974, Yves Duteil entre de plain-pied dans la cour des Grands. Concurrent du festival de Spa en Belgique, il en repart avec les Prix du public et le Prix de la meilleure chanson. En outre, les critiques de la presse sont dithyrambiques. Son premier album, "L'écritoire" sort la même année. Puis, deux ans plus tard, son deuxième album récolte le prix "Jeune Chanson" décerné par le Haut Comité de la Langue Française. Déjà, Yves Duteil devient le symbole de la défense de la Langue Française, statut qui ne le quittera pas.


Un petit pont pour un gros succès

C'est en 1977 que sort son premier gros succès commercial. L'album "la Tarentelle" obtient le prestigieux prix de l'Académie Charles-Cros et le Prix du Secrétariat à la Culture. En un seul disque, Duteil publie trois de ses titres majeurs : "la Tarentelle", "le Petit pont de bois" et surtout "Prendre un enfant par la main". L'album se vend à plus d'un million d'exemplaires et les trois 45 tours, vendus à plus de 500.000 exemplaires chacun, envahissent pendant des mois les classements et les programmes radios.

C'est au Théâtre de la Ville, puis à l'Olympia, que Duteil rencontre triomphalement le public cette année-là. Mais, en 1978, il est désormais une telle vedette qu'avant une longue tournée française, il donne un récital au Théâtre des Champs-Elysées, lieu prestigieux s'il en est. Devant la réussite de cette soirée unique, une série de dix nouveaux concerts au même endroit est organisée en 79. C'est à cette occasion que "Prendre un enfant par la main" est classé, par la station de radio RTL, en tête des dix plus belles chansons de la décennie.


Des Prix, des Prix , des Prix.

Si les années 70 se terminent en beauté, les années 80 démarrent tranquillement mais sûrement. En 1980, Yves Duteil retrouve pour deux semaines la scène du Théâtre de la Ville au centre de Paris.

En 1981, il publie un album pour enfants illustré des aquarelles de Martine Delerm. Ce disque est récompensé du Grand Prix de la plus exceptionnelle création artistique de l'année lors d'un festival d'Art à Tokyo. Les Japonais font un vrai succès au chanteur et l'accueillent en 82 pour une grande tournée.

Toujours en 82, trois semaines à l'Olympia donnent lieu à un triple album live en mars renfermant 40 chansons.

Du 2 au 22 janvier 84, c'est quatre semaines que Yves Duteil s'installe à l'Olympia à l'occasion de la sortie de son album "Statue d'Ivoire". Figure majeure de la chanson française, en dépit d'une image de "gentil chanteur" pas toujours flatteuse, Yves Duteil est nommé Chevalier des Arts et Lettres par le Président François Mitterrand. Dès 85, il confirme son statut de grand défenseur de la langue française en sortant son septième album, "la Langue de chez nous". En 1986, la chanson-titre est célébrée et récompensée par la principale Institution en matière de langue française, soit l'Académie française qui remet au chanteur sa Médaille d'argent. C'est aussi la SACEM (Société des Auteurs Compositeurs) qui lui son Oscar de la meilleure chanson française.

Atteignant un score de 40 millions de ventes depuis ses débuts, Duteil reçoit en outre en 85 son 40ème disque d'or. Enfin, le Japon à nouveau, la Corée et le Québec sont ses principales destinations cette année-là.


Chanson du siècle

En 1987, sort l'album "Ton absence" qui est disque d'or trois semaines après sa sortie. Entre 87 et 88, Yves Duteil va se voir remettre encore un nombre incalculable de récompenses. La chanson "Prendre un enfant" est particulièrement célébrée : chanson préférée des auditeurs de la radio Europe 1 en 87, meilleure chanson du siècle selon le magasine pour personnes âgées "Notre Temps" en 87 encore. Puis surtout en 88, la chanson arrive en tête d'un sondage organisé par la SACEM, la station de radio RTL et la chaîne de télé cryptée Canal+, et visant à déterminer un hit-parade des plus belles chansons du siècle.

Le Québec y va aussi de ses récompenses avec la Médaille d'or de l'Ordre des Francophones d'Amérique. Sa popularité canadienne se vérifie dès l'année suivante lorsqu'il chante devant 20.000 Québécois pour le Festival d'été.

Où s'arrêtera t'il ? En 1989, c'est un disque de diamant que le chanteur reçoit pour l'album "la Tarentelle" qui, douze ans après sa sortie, a atteint le million d'exemplaires vendus. En revanche, ce n'est pas en douze ans mais en une seule et unique journée que la compilation de ses meilleurs titres "Vos préférences" se vend à 100.000 exemplaires.

Enfin, dans un autre domaine, Yves Duteil devient en 89 maire de sa commune dans la région parisienne, Précy-sur-Marne. Le hasard fait qu'il compta parmi ses administrés, une autre artiste majeure de la chanson française, Barbara, jusqu'à la mort de celle-ci fin 97. Très engagé politiquement, le chanteur ne mêle cependant pas trop politique et musique.


Jeux Olympiques

Les années 90 commencent avec un nouvel album, le premier depuis trois ans, "Blessures d'enfance". L'enfance est un thème largement présent dans l'ouvre d'Yves Duteil qui, dans ce seul album, aborde le sujet au moins à trois reprises : "Blessures d'enfance", l'adoption avec "Retour d'Asie" et "Bébé soleil". Il effectue sa rentrée parisienne sur la scène du Zénith où il joue devant plus de 3000 personnes pendant dix jours.

En février 1992, la cité d'Albertville dans les Alpes françaises reçoit les Jeux Olympiques d'hiver. A cette occasion, le comité d'organisation français, dont le président Michel Barnier est un ami d'Yves Duteil, sélectionne la chanson "la fleur de l'impossible" pour représenter la France.

En outre, Duteil entame une immense tournée internationale qui le mène dans près de 15 pays dont à nouveau la Corée et le Japon.

Nouvel album en 93, "Lignes de vie", suivi d'un passage au Casino de Paris en septembre. Quelques mois plus tard seulement, Duteil sort un album de duos partagés avec des chanteuses françaises aussi variées que Liane Foly, Enzo Enzo, Véronique Sanson et même la comédienne Jeanne Moreau pour laquelle il avait écrit la chanson-titre du film "L'adolescente" en 1979.


Politiquement correct

Après avoir reçu en 92 une Marianne, prix remis aux meilleurs maires de France, Yves Duteil est réélu maire de sa commune en 95. De plus, le ministre de la culture le charge l'année suivante d'une mission de conseil et de proposition censée dynamiser la chanson française. Parfois critiqué pour ses engagements, Duteil conserve malgré tout un énorme crédit auprès de son public.

Dans l'album "Touché" qui paraît en 97, Yves Duteil évoque de nombreux sujets brûlants de l'actualité internationale dont le Tibet ou l'assassinat de Yitzhak Rabin. Mais surtout, l'album fait parler pour une chanson précise : "Dreyfus". Dans ce titre, Duteil parle de son arrière-grand-oncle, le colonel Dreyfus, accusé à tort à la fin du XIXème siècle dans une sombre affaire d'espionnage et enfermé pendant des années sur une île de Guyane, le tout sur fond d'antisémitisme. En fait, parent ou non de Dreyfus, ce qui motive toujours et encore Yves Duteil, c'est la défense des innocents, des victimes. C'est aussi ce qu'on lui reproche, un certain sentimentalisme à toute épreuve.

Du 11 au 16 novembre 1997, Duteil présente son album aux Parisiens sur la scène du Casino de Paris.

Les années 90 ne sont pas tellement favorable à l'auteur-compositeur interprète. Au creux de la vague, sa notoriété tend à diminuer. En effet, d'après lui, une cabale médiatique ainsi qu'un imbroglio judiciaire de 10 ans avec la maison de disques EMI ont eu raison de son succès public. Mais cela ne l'empêche pas de continuer son chemin artistique et de donner des récitals, accompagné uniquement du pianiste Michel Precastelli, qui travailla auparavant avec Barbara.


Trente ans de carrière

En novembre 2001, Yves Duteil sort un treizième album intitulé "Sans attendre". Se positionnant en tant qu'artisan de la chanson, il propose une série de titres à l'orchestration plutôt dépouillée. Deux musiciens apportent leur contribution à ce nouvel opus et permettent un élargissement de sa palette musicale : Gérard Bikialo, le bassiste de Francis Cabrel et la chanteuse brésilienne Bia avec qui il reprend "Samba em preludio" de Baden Powell et Vinicius de Moraes intitulée en français, "Vivre sans vivre".

Après une tournée printanière, le chanteur est à l'Olympia le 5 juin 2002 où il célèbre ses trente ans de carrière.

*

En marge des modes, Yves Duteil a développé un parcours étonnant d'éternel défenseur des valeurs sûres : les enfants, l'environnement, la paix, et bien sûr, son cheval de bataille, la langue française. Toutes ces luttes le rendent populaire, mais il demeure un poète discret plus qu'un artiste engagé.

Août 2002

http://www.yvesduteil.com