La fille au roi Louis
Anonymous
La versione riportata da Gérard de Nerval nel racconto “Chansons... | |
LA FILLE AU ROI LOUIS Le roi Louis est sur son pont, (*) Tenant sa fille en son giron; Elle se voudrait bien marier Au beau Déon, franc chevalier. « Ma fille, n'aimez jamais Déon, Car c'est un chevalier félon; C'est le plus pauvre chevalier Qui n'a pas vaillant six deniers. — J'aime Déon, je l'aimerais, J'aime Déon pour sa beauté. Plus que ma mère et mes parents, Et vous, mon père, qui m'aimez tant. — Ma fille, il faut changer d'amour, Ou vous entrerez dans la tour. — J'aime mieux rester dans la tour, Mon père, que de changer d'amour. — Et vite, où sont mes estafiers, Mes geôliers, mes guichetiers, Qu'on mette ma fille en la tour : Elle n'y verra jamais le jour. » Elle y fut bien sept ans passés Sans que personne la put trouver. Au bout de la septième année, Son père vint la visiter : « Bonjour, ma fille, comment vous va ? — Hélas, mon père, il va bien mal : J'ai un côté mangé des vers, Et les deux pieds pourris ès fers. Mon père, avez-vous de l'argent, Cinq à six sous tant seulement ? C'est pour donner au geôlier, Qu'il me desserre un peu les pieds. — Oui-da, ma fille, nous en avons, Et des mille et des millions: Nous en avons à vous donner, Si vos amours voulez changer. — Avant que changer mes amours, J'aime mieux mourir dans la tour. — Eh bien ma fille, vous y mourrez, De guérison point vous n'aurez. » Le beau Déon, passant par là, Un mot de lettre lui jeta: Il y avait dessus écrit : « Belle, ne le mettez en oubli; Faites-vous morte ensevelir, Que l'on vous porte à Saint-Denis; En terre, laissez-vous porter, Point enterrer ne vous lairrai. » La belle n'y a pas manqué, Dans le moment a trépassé; Elle s'est laissée ensevelir, On l'a portée à Saint-Denis. Le roi va derrière en pleurant, Les prêtres vont devant en chantant : Quatres-vingts prêtres, trente abbés, Autant d'évêques couronnés. Le beau Déon passant par là : « Arrêtez, prêtres, halte-là ! C'est m'amie que vous emportez, Ah ! laissez-moi la regarder ! » Il tira son couteau d'or fin Et décousit le drap de lin : En l'embrassant, fit un soupir, La belle lui fit un souris : « Ah ! voyez quelle trahison De ma fille et du beau Déon ! Il les faut pourtant marier, Et qu'il n'en soit jamais parlé. Sonnez, trompettes et violons, Ma fille aura le beau Déon. Fillette qu'a envie d'aimer, Père ne l'en peut empêcher ! » Quatre ou cinq de ces jeunes abbés Se mirent à dire, tout haut riant : « Nous sommes venus pour l'enterrer, Et nous allons la marier ! » | LE ROY LOYS EST SUR SON PONT Le roy Loys est sur son pont Tenant sa fille en son giron. Elle lui demande un cavalier. Qui n'a pas vaillant six deniers! - Oh! oui, mon père, je l'aurai Malgré ma mère qui m'a portée. Aussi malgré tous mes parents Et vous, mon père... que j'aime tant! - Ma fille, il faut changer d'amour, Ou vous entrerez dans la tour... - J'aime mieux rester dans la tour, Mon père! que de changer d'amour! - Vite... où sont mes estafiers, Aussi bien que mes gens de pied ? Qu'on mène ma fille à la tour, Elle n'y verra jamais le jour! Elle y resta sept ans passés Sans que personne pût la trouver Au bout de la septième année Son père vint la visiter. - Bonjour, ma fille! comme vous en va? - Ma foi, mon père... ça va bien mal; J'ai les pieds pourris dans la terre, Et les cotés mangés des vers. - Ma fille, il faut changer d'amour Ou vous resterez dans la tour. - J'aime mieux rester dans la tour, Mon père, que de changer d'amour! |
(*) Il ponte d'accesso al castello dove il re accoglieva l'omaggio dei propri vassalli (fonte: Chants populaires français) |