L’anthropophage
Eugène PottierOriginale | Tratta dall'album "Ballate dalla Grande Recessione", una traduzione... |
L’ANTHROPOPHAGE As-tu le cœur bardé de fer ? N’as-tu rien d’humain que la face ? Es-tu de marbre, es-tu de glace ? Alors suis-moi dans mon Enfer. Je suis la vieille anthropophage Travestie en société ; Vois mes mains rouges de carnage, Mon œil de luxure injecté. J’ai plus d’un coin dans mon repaire Plein de charogne et d’ossements ; Viens les voir ! j’ai mangé ton père Et je mangerai tes enfants. Ici, c’est un champ de bataille, On a fauché pendant trois jours ; La Faucheuse était la mitraille, Tous ces glaneurs sont les vautours. Le blé, dans ces plaines superbes, Étendait son jaune tapis… Affamés, triez pour vos gerbes Ces corps morts d’avec les épis. Ceci c’est la maison de filles : La morgue de l’amour malsain ; Pour elle, écrémant les familles, Le luxe a raccroché la faim. Vois, sous le gaz, la pauvre infâme Faire ses yeux morts agaçants, Rouler son corps, vautrer son âme Dans tous les crachats des passants. Voici les prisons et les bagnes, Les protestants par le couteau, Comptant leurs crimes pour campagnes, Et rusant avec le bourreau. Au bagne on met l’homme qui vole Dès qu’il épelle seulement, Et quand il sort de cette école Il assassine couramment ! Entrons dans les manufactures, Les autres bagnes font moins peur : On passe là des créatures Au laminoir de la vapeur. C’est une force qu’on dépense, Corps, âme, esprit : reste un damné. Là, c’est la machine qui pense Et l’homme qui tourne engrené. J’ai bien d’autres enfers encore, Veux-tu que j’ouvre les cerveaux ? Le virus de l’ennui dévore Veux-tu que j’ouvre l’âme humaine ? La matrice de vos travaux Le muscle intime en est tordu ; L’amour aigri, qu’on nomme Haine, Y fait couler du plomb fondu. Je suis la vieille anthropophage Travestie en société ; Les deux masques de mon visage Sont : Famille et Propriété. L’homme parqué dans mon repaire Manque à ses destins triomphants ; Je le tiens, j’ai mangé ton père Et je mangerai tes enfants ! | BALLATA DELLA VECCHIA ANTROPOFAGA Bardato con il ferro il cuore hai? Non ti conoscerebbe più tua madre? Sei di ghiaccio? Di marmo? Allora vai per le ossa delle mie tane adre! Vieni a vedere: ho mangiato tuo padre e mangerò i tuoi figli. Dove porta il volo segui delle gazze ladre! Son la vecchia Antropofaga mai morta. Lussureggiò qui un campo di battaglia, tre giorni hanno falciato i frutti suoi. Il mietitore è stata la mitraglia, i suoi raccoglitori, gli avvoltoi. Qui c’è la fiera dell’amore poi, amore che non ami e ti conforta che bruci l’anima coi soldi tuoi. Son la vecchia Antropofaga mai morta. Nelle prigioni ho chi tentò di uccidermi; per odio o emulazione, chi mi è ostile. Gli ultimi sempre imparano a sorridermi, gli altri già li divora la mia bile. Qui, della produzione nelle file, ci stanno i più, quelli a cui viene estorta la vita per due croste di mensile. Son la vecchia Antropofaga mai morta. Uomo, dell’uomo ancor preda carnile, d’inferni ne ho di ogni altra sorta. Travestita da società civile, son la vecchia Antropofaga mai morta. |