Koniec i początek
Wisława SzymborskaTraduzione francese di Christophe Jezewski da Poezibao | |
THE END AND THE BEGINNING After every war someone has to clean up. Things won’t straighten themselves up, after all. Someone has to push the rubble to the side of the road, so the corpse-filled wagons can pass. Someone has to get mired in scum and ashes, sofa springs, splintered glass, and bloody rags. Someone has to drag in a girder to prop up a wall. Someone has to glaze a window, rehang a door. Photogenic it’s not, and takes years. All the cameras have left for another war. We’ll need the bridges back, and new railway stations. Sleeves will go ragged from rolling them up. Someone, broom in hand, still recalls the way it was. Someone else listens and nods with unsevered head. But already there are those nearby starting to mill about who will find it dull. From out of the bushes sometimes someone still unearths rusted-out arguments and carries them to the garbage pile. Those who knew what was going on here must make way for those who know little. And less than little. And finally as little as nothing. In the grass that has overgrown causes and effects, someone must be stretched out blade of grass in his mouth gazing at the clouds. | LA FIN ET LE COMMENCEMENT Après chaque guerre quelqu'un doit faire le ménage. L’ordre quel qu'il soit ne se fera pas tout seul. Quelqu'un doit repousser les gravats sur les bords des routes pour laisser passer les voitures remplies de cadavres. Quelqu'un doit s'embourber dans la fange et la cendre, les ressorts des canapés, les échardes de verre, et les chiffons sanglants. Quelqu'un doit traîner une poutre pour soutenir le mur, quelqu'un doit vitrer la fenêtre et raccrocher la porte sur ses charnières. Ce n'est pas photogénique et demande des années. Toutes les caméras sont parties déjà pour une autre guerre. Il faut refaire les ponts et les gares. Les manches vont s'effilocher à force d'être retroussées. Quelqu'un, le balai à la main, se souvient encore comment c'était. Quelqu'un écoute acquiesçant de sa tête non arrachée. Mais déjà à côté d'eux il y en aura qui vont s'ennuyer. Quelqu'un parfois encore déterrera de dessous un buisson des arguments rongés par la rouille et les portera sur un tas d'ordures. Ceux qui savaient de quoi il s'agissait ici doivent céder la place à ceux qui en savent peu. Et moins que peu. Et enfin rien du tout. Dans l'herbe qui a recouvert les causes et les effets, quelqu'un doit se coucher, un épi entre les dents, et bailler aux corneilles dans les nuages. |