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Ὁ βράχος καὶ τὸ κύμα

Aristotelis Valaoritis / Αριστοτέλης Βαλαωρίτης
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Version en langue française – LE ROCHER ET LA VAGUE – Marco Vald...
LO SCOGLIO E L'ONDALE ROCHER ET LA VAGUE
  
«Fa' luogo, roccia, ch'io passi!» imbaldanzita« Fais place, rocher, que je passe! », dit
l'onda torbida e cupa dice allo scoglio sottocosta.Au rocher, sûre d'elle, la vague trouble et sombre.
Fa' luogo, dentro il mio petto che fu già freddo e mortoFais place, dans ma poitrine déjà froide et morte,
nero vento e scura tempesta han fatto il nido.Vent noir et tempête sombre ont fait leur nid.
  
Spume non ho per armi, né sordo suono di burrasca,Je n'ai pour armes l'écume, ni le grondement sourd de la bourrasque,
un fiume di sangue ho, mi fa furiosa il maledireJ'ai un fleuve de sang, et me met en furie la calomnie.
della gente ormai stanca, della gente che ha detto,Des gens maintenant fatigués, des gens qui ont dit,
scoglio cadrai, è giunta la tua tremenda ora!Rocher tu tomberas, est arrivée ton heure terrifique !
  
Quando lenta arrivavo, umile e mansuetaQuand j'arrivais lente, humble et docile,
e ti lambivo e come schiava i piedi ti lavavo,Je te léchais et je te lavais les pieds telle l'esclave,
superba mi guardavi e chiamavi il mondoHautain, tu me regardais et tu appelais le monde
a vedere il disprezzo che pativa la mia spuma.Pour voir le mépris dont pâtissait mon écume.
  
Ed io invece furtiva, mentre ti baciavo,Et par contre en douce, moi qui t'embrassais,
giorno e notte scavavo, mordevo le tue carniJour et nuit, je mordais tes chairs, je creusais
e la ferita che ti aprivo, il solco che ti facevoEt la blessure que je t'ouvrais, le sillon que je te faisais
lo celavo di alghe, di sabbia lo coprivo.Je le cachais d'algues, je le couvrais de sable.
  
Chìnati e guarda la tua radice in fondo al mare:Baisse-toi et sous la mer, regarde ta racine là au fond:
le tue basi ho corroso, ti ho reso un sasso vuoto.J'ai rongé ta base, j'ai fait de toi un caillou vide.
Fa' luogo, roccia, ch'io passi! Il piede dello schiavoFais place, rocher, que je passe ! Le pied de l'esclave
ti schiaccerà il collo...Son desta e pari ad un leone!»Écrasera ton cou… Je suis d'attaque et pareille au lion ! »
  
Lo scoglio dormiva. Nascosto nelle brume,Le rocher dormait. Caché dans les brumes,
impassibile appare, morto, avvolto in un sudario.Il paraît impassible, mort, enveloppé dans un suaire.
Gli manda luce in fronte, solcata dalle rughe,Lui envoie une lumière au front, sillonné de rides,
il fievole raggiar di una esangue luna,Le faible rayon d'une lune exsangue,
  
sogni svolazzano intorno e anatemiVolettent alentour des rêves et des jurements
e veleggiano spettri nel vortice del vento,Et voguent des spectres dans le vent tourbillonnant,
come battono l'aria gli uccelli in suono d'aliComme battent l'air les oiseaux à coups d'ailes
quando fiutino d'un morto il lezzo ingrato.Quand ils sentent d'un mort la puanteur abominable.
  
Il muggito dell'onda, la minaccia crudaLe mugissement de la vague, la menace crue
in rimbombo tremendo mille volte lo scoglioCe grondement terrible mille fois le rocher
nell'aria udito aveva senza destarsi,Dans l'air l'avait entendu sans s'éveiller,
ma rabbrividì quel dì e parve venir meno.Mais ce jour, il tremble et frissonne.
  
«Che vuoi, onda, da me e a che queste minacce?« Vague, que veux-tu de moi et pour qui sont ces menaces ?
Chi sei tu che t'avventi su me e non pensi a ristorarmi,Qui es-tu qui t'avances sur moi sans façons
a rallegrarmi il sonno di tue canzoni,Et ne penses pas à réjouir mon sommeil de tes chansons,
a lavarmi i calcagni con le tue fresche acque,À me laver les talons de tes eaux fraîches,
  
ma davanti mi stai tremenda, cinta di spume?Mais devant moi, ceinte d'écume, joue la terreur ?
Chiunque tu sia sappilo, non son facile a perire!»Qui que tu sois, sache-le, je ne suis pas facile à tuer ! »
«Scoglio, il mio nome è Vendetta. Mi ha intrisa il tempo« Rocher, mon nom est Vengeance. Le temps m'a imprégnée
di bile e di corruccio. Fui alunna del dolore.De bile et de colère. Je fus élève de la douleur.
  
Ero un rivo di pianto un tempo, ma vedimi ora,J'étais un ruisseau de pleur un temps, mais maintenant, vois-moi ,
un vasto mare ora io sono, prostérnati ai miei piedi.Je suis une vaste mer à présent, à mes pieds prosterne-toi.
Qui dentro le mie viscere, lo vedi, non ho alga,Ici dans mes viscères, tu le vois, je n'ai pas d'algue cachée,
traggo una nube d'anime derelitte e di condanna.Je sauve un nuage d'âmes abandonnées et condamnées.
  
Svegliati adesso, ti vogliono le orme del mio Ade...Réveille-toi maintenant, les âmes de mon Adès te veulent…
Di me facesti una bara... di salme mi riempisti...De moi tu fis un cercueil… de corps, tu m'as remplie…
A sponde ignote fui sospinta da te...La mia agoniaÀ des rivages inconnus, je fus poussée par toi… Mon agonie
la derisero in molti ed alle mie ventureBeaucoup la moquèrent et à mes chances
  
veleno da lor venne in finta compassione.Leur poison vint en feinte délicatesse.
Fa' luogo, roccia, ch'io passi, è trascorsa la bonaccia,Fais place, rocher, que je passe, le calme plat est fini.
sono un vortice io, indomabile nemico,Je suis tourbillon, indomptable ennemi,
come un gigante mi ergo a te in faccia!»Comme un géant, face à toi, je me dresse ! »
  
Restò muto lo scoglio. Nella sua furia l'ondaLe rocher reste muet. Dans sa fureur, la vague
d'un tratto avvolse il suo corpo vuoto.D'un coup, enveloppe son corps vide.
Si perde nell'abisso, si sgretola, si cancella,Il se perd dans l'abîme, s'effrite, s'efface,
si scioglie come neve al sole.Fond, comme au soleil, la neige.
  
Sopra di lui mugghiò ancora un po' infuriatoAu-dessus de lui mugit encore un peu furieuse
il mare e si richiuse. Adesso non rimane,La mer et se referme. À présent, il ne reste,
lì dove fu il fantasma, eccetto l'onda, nullaLà où fut le fantôme, rien, excepté l'onde
e sulla tomba gioca l'onda bianca e azzurra.Et sur la tombe, joue la vague blanche et bleue.


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