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Georges Brassens: Les oiseaux de passage

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Versione italiana di Riccardo Venturi [7 luglio 2006]
GEORGES BRASSENS: LES OISEAUX DE PASSAGEGLI UCCELLI DI PASSO
  
Ô vie heureuse des bourgeoisBorghesi, bella vita !
Qu'avril bourgeonneChe aprile sbocci
Ou que decembre gèle,o che dicembre geli
Ils sont fiers et contentsson felici e contenti
  
Ce pigeon est aimé,Il piccione amerà
Trois jours par sa pigeonne.la femmina tre giorni
Ça lui suffit: il saitbasta così : lo sa,
Que l'amour n'a qu'un temps.questo è il tempo che ha.
  
Ce dindon a toujours’Sto tacchino che va
Béni sa destinée,ringraziando il destino,
Et quand vient le momentpoi quando toccherà
De mourir, il faut voirmorire, guardate là
  
Cette jeune oie en pleurs:quest’ochetta che frigna :
"C'est là que je suis née,« E’ qui che sono nata,
Je meurs près de ma mèremuoio qui, con mia madre,
Et je fais mon devoir."è questo il mio dovere. »
  
Elle a fait son devoir!L’ha fatto, il suo dovere :
C'est a dire que oncquescioè, non ha mai avuto
Elle n'eut de souhaitsun sogno, un’utopia,
Impossibles, elle n'eutun desiderio, mai,
  
Aucun rêve de lune,Mai voluta la luna
Aucun désir de jonqueMai voluta una giunca
L'emportant sans rameurslasciata alla corrente
Sur un fleuve inconnu.d’un fiume sconosciuto.
  
Et tous sont ainsi faits!E son tutti così :
Vivre la même vie,viver la stessa vita
Toujours, pour ces gens-làsempre, per questi qui
Cela n'est point hideux:vergogna mai non è
  
Ce canard n'a qu'un becE’ un sol becco che han,
Et n'eut jamais envienon desideran mai
Ou de n'en plus avoirdi non averne più
Ou bien d'en avoir deux.oppur d’averne due.
  
Ils n'ont aucun besoinE non gli occorre mai
De baiser sur les lèvres,un bacio sulla bocca,
Et loin des songes vains,lungi dai vani sogni
Loin des soucis cuisantse da tremende pene
  
Possèdent pour tout cœurHanno al posto del cuore
Un viscère sans fièvre,delle sane budella,
Un coucou régulierun orologio svizzero,
Et garanti dix ans.dieci anni in garanzia.
  
Ô, les gens bienheureux!Ma come son contenti !
Tout à coup dans l'espaceDi colpo, nello spazio,
Si haut qu'ils semblent allerlassù sembra passare
Lentement en grand volun grande volo lento
  
En forme de triangle,di forma triangolare,
Arrivent planent, et passentarriva, plana e passa.
Où vont ils? ... qui sont-ils ?dove vanno ? chi sono,
Comme ils sont loins du sol!così alti nel cielo ?
  
Regardez les passer,E state lì a guardarli,
eux, ce sont les sauvagesloro sono i selvaggi,
Ils vont où leur désirvanno via con il vento
Le veut, par dessus montspiù in su delle montagne,
  
Et bois, et mers, et ventssopra i boschi e sui mari,
Et loin des esclavagesliberi e mai schiavi.
L'air qu'ils boivent feraitInghiottono tant’aria
éclater vos poumons.che voi ne scoppiereste.
  
Regardez les avantGuardateli ora : prima
D'atteindre sa chimère:di coronare il sogno
Plus d'un, l'aile rompuesi spezzeran le ali
Et du sang plein les yeuxcon gli occhi insanguinati,
  
Mourra. Ces pauvres genstanti ne moriranno.
Ont aussi femme et mèreHanno un padre e una madre
Et savent les aimere certo sanno amarli
Aussi bien que vous, mieux.come e meglio di voi.
  
Pour choyer cette femmePer smoinare la moglie
Et nourrir cette mèreo far cena alla mamma
Ils pouvaient devenirpotevan diventare
Volailles comme vous,pollame come voi
  
Mais ils sont avant toutMa son prima di tutto
Des fils de la chimère,figli della chimera,
Des assoiffés d'azur,dei poeti, dei folli
Des poètes, des fous.assetati del blu.
  
Regardez-les, vieux coqs,Guardateli, gallinacci,
Jeune oie édifiante:ochette edificanti :
Rien de vous ne pourramai potrete salire,
monter aussi haut qu'eux,voi, tanto in alto, mai !
  
Et le peu qui viendraQuel che vi toccherà
d'eux à vous, c'est leur fiente.è una cacata in testa.
Les bourgeois sont troublésAi borghesi non va
De voir passer les gueux.veder passar le gru.
  
Regardez-les, vieux coqs,Guardateli, gallinacci,
Jeune oie édifiante:ochette edificanti :
Rien de vous ne pourramai potrete salire,
monter aussi haut qu'eux,voi, tanto in alto, mai !
  
Et le peu qui viendraQuel che vi toccherà
d'eux à vous, c'est leur fiente.è una cacata in testa.
Les bourgeois sont troublésAi borghesi non va
De voir passer les gueux.veder passar le gru.


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