Γράμματα απ' τη Γερμανία
Mikis Theodorakis / Mίκης ΘεοδωράκηςYunanlar, Türkler ve İtalyanlar | |
Lettres d'Allemagne 1. je t'ai envoyé Je t'ai envoyé deux ou trois plumes Et cinquante marks, J'ai fait une promenade Et j'ai balayé deux Allemands. Quand tu auras un peu de temps, Fais un saut à la Préfecture, Dis-leur qu'ils m'envoient Mon certificat politique. 2. Une blonde de Wiesbaden Une blonde de Wiesbaden Aime beaucoup les Grecs, Car ils savent y faire au lit, Y faire les durs, avec tous leurs attributs. Une amie de Wiesbaden Aime beaucoup les Grecs, Ici et déjà à la demi-Lune, Nous sommes déjà un couple fou. Une amie à la brasserie Aime beaucoup les Grecs, Bien plus qu'Hitler Bien plus qu'à Wiesbaden. 3. Notre vie est partie aux enchères Notre vie est partie aux enchères, Ils nous achètent, ils nous vendent, À l'étranger, on perd sa vie, Ils nous pressent, ils nous jettent. Notre vie est partie aux enchères, En Amérique et en Europe, Des êtres humains nous ont fait naître Et des êtres humain nous vendent. Pour un salaire double On nous a caché le ciel, Il n'y a pas de lumière pour vivre. Là-bas la misère, ici la nuit. Maman, il n'y a pas d'endroit Pour construire notre destin. 4. Mai est en marche pour venir Mai est en marche pour venir Et il a un bout de route à faire, Que lui prendre en premier, Le soleil ou les nouvelles ? Prends-le au vol, maman, Qu'il ne parte pas les mains vides, Charge-le de baisers et de bonnes nouvelles . Ici aussi Mai est arrivé, Un vilain Mai et mensonger Qui nous a parlé de l'assassin, Ce voleur de notre riz. Un Mai pareil, Maman, ne me l'envoie plus Pour dire que dans notre Grèce, ils ont assassiné Avril. 5. Hier après-midi à Aix-la-Chapelle (Croisières) Hier après-midi à Aix-la-Chapelle Est arrivé un type à l'air sérieux, Il a vu nos conditions, Notre paillasse indigne, Et il a dit qu'il fera quelque chose. Eh, maman, ne te tracasse pas Nous n'y tomberons pas Nous savons qui a raison Et qui porte la faute de tout cela. Comme ce gros balourd Il en est passé une douzaine, Ils arrivent en mission, Cinq par cinq chaque jour Et ils y font une croisière. Et, petite mère, ne te préoccupe pas Je les connais ceux-là, Je le sais moi qui nous aime, Je le sais qui je dois aimer. 6. Salut maman, salut Stratos Salut maman, salut Stratos Et voici une bonne nouvelle À présent je ne travaille plus en bas Dans les galeries dans le noir. J'envoie une photographie Que j'ai prise en tenue. Je suis devant la mine Et les deux autres sont des surveillants. Des baisers à Maria Et à tous les autres enfants. Ici, on a seulement très froid Et un ciel rempli de nuages. 7. J'ai envoyé au parti J'ai envoyé au parti Dix autres marks Mais ils n'écrivent pas mon nom Les initiales suffisent. Ce n'est pas que j'aie peur, - Je ne serais jamais ouvrier - Pour si peu, il ne vaut pas la peine De gaspiller de l'encre. Quand vous en recevez beaucoup, Mettez-leur mon nom, Avec toutes les données détaillées Et en lettres majuscules. 8. Au café "Grec" Au café "Grec" nous nous réunissons le soir, cinq à cinq aux tables et nous lisons "L'Aurore", "Le Progrès", "Nouvelles", "Changement" À celui qui veut "L'Acropole" – Mais ils sont si rares – Nous lui donnons les copies gratuites, Kosmas les a ramassées Pour nous envelopper des choses. Le dernier disque de Kazangouidis Tu ne me l'a pas encore envoyé, "Ma Couette" Achète-le et envoie-le-moi Avec le "Lit pour deux." Ma couette, Mon lit pour deux, Ne nous faisons pas d'illusion Nous resterons séparés Qui sait pour combien de temps encore. 9. Mitsos de Farsala Mitsos de Farsala est devenu un boss, À cinq heures pétantes, il est dehors et il parle même allemand. Mitsos, le bon garçon Vend au marché noir, Sa femme est une noire Et il a une limousine noire. Mitsos a l'air d'un ministre, il fait comme s'il ne nous connaissait pas, Du travail à nous, on n'en donne pas et on crache sur notre nom. 10. Hier dans la Wilhelmstrasse Hier dans la Wilhelmstrasse J'ai rencontré un Allemand, Qui portait sous son col Une croix gammée. Et je lui dis, si tu es un homme, Porte-la à la lumière du soleil, Comme aux temps où en Grèce Tu bastonnais les enfants. Nous, ici, nous en avons marre de ceux-là, Ils fréquentent cours spéciaux, Ils confectionnent drapeaux Des uniformes feldgrau. Et je lui dis, si nous nous croisons Tu verras comme nous nous l'entendons, Manolis est en train de te chercher Et Sandàs te veut aussi. 11. Un tas de grecques Un tas de grecques par le chapeau Vont et viennent dans le hall, Pour Palomares, Le Vietnam et Charles De Gaulle. Le méprisant, le voleur, Le vilain, le margoulin, Avec ce nez fureteur Qui les casse à tous. Si j'avais toutes ces grecques Je resterais au pays, Je transvaserais ma bonne huile Et je me foutrais du De Gaulle. 12. Arrivèrent certains généraux Arrivèrent certains généraux à quatre ou cinq étoiles Ils parlèrent de l'OTAN les femmes leur manquaient Et avec leurs minutieux discours, ils se firent des couilles ainsi Ils trouvèrent les femmes et filèrent dans leurs automobiles. Au ministère du travail (Nous travailleurs grecs) Nous travailleurs Grecs Qui sommes en Allemagne, Nous demandons sur papier timbré Qu'on cesse de nous enculer. À toutes vos promesses infinies, une grande barbe a poussé Construisez une usine, Qu'en Grèce nous revenions. 14. Grecs, Turcs et Italiens Grecs, Turcs et Italiens En ont marre de l'Allemagne, Et dès lors, ils ont fait une occupation À l'extérieur de la Chancellerie. Grecs, Turcs et Italiens Ont arrêté de se disputer, Ils pensent à leurs maisons Et à leurs mères malheureuses. Grecs, Turcs et Italiens Sont partis en grève, Car deux Espagnols Ont fini ensevelis dans la mine. Dis à Stavros le pope Qu'il dise une prière Dis-le au muezzin Et aussi à l'imam. | Yunanlar, Türkler ve İtalyanlar gitmişler Almanya'ya sanırsın ki işgal edecekler başbakanlığın önünü Yunanlar, Türkler ve İtalyanlar bırakmişlar kavgaları sadece evlerini düşünmekten ve de zavallı analarını Yunanlar, Türkler ve İtalyanlar grev için yola düşmüş cünki iki İspanyol kömür ocağında gömülü kalmış Söyle peder Stavro'ya bir dua okusun söyle müezzine imama da söyle. |