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Patriotisches Bettgespräch

Erich Kästner
Lingua: Tedesco


Erich Kästner

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Patriotisches Bettgespräch


aus: "Was nicht in Euren Lesebüchern steht"   von und mit Holger Münzer

Text: Erich Kästner
Komposition: Holger Münzer (1972)
Gesang: Holger Münzer (1976)

Viens, soignons le recul de la natalité.  Éteins la lumière,
Viens, soignons le recul de la natalité. Éteins la lumière,
Hast Du, was in der Zeitung stand, gelesen?
Der Landtag ist mal wieder sehr empört
von wegen dem Geburtenschwund gewesen.
Auch ein Minister fand es unerhört.
Auf tausend Deutsche kämen wohl pro Jahr
gerade neunzehn Komma Null vier Kinder.
Null vier! - Und sowas hält der Mann für wahr.
Daß das nicht stimmen kann, sieht doch Blinder.
Die Kinder hinterm Komma können bloß
von ihm und anderen Ministern stammen.
Und solcher Dezimalbruch wird mal groß,
und tritt zu Ministerien zusammen.
Nun frag ich Dich, was kümmert das den Mann?
Er tut, als käm' er für uns auf und nieder.
Es geht ihn einen feuchten Kehrricht an.
Mir schläft der Arm ein. - So, nun geht es wieder.
Geburtenrückgang - hat er noch gesagt -
sei, die Geschichte lehrt es - Deutschlads Ende.
Und Deine Fehlgeburt hat er beklagt.
Und daß er, daß man abtreibt, gräßlich fände.
Jawohl, wir sollen Kinder fabrizieren
fürs Militär und für die Industrie,
zum Löhnesenken und zum Krieg verlieren.
Sieh Dich doch vor - ach so, das war Dein Knie.
Na komm, mein Schatz, wir wollen ihm eins husten.
Dein Busen ist doch wirklich noch famos.
Ob unsre Eltern, was wir wissen, wußten:
wer nicht zur Welt kommt, wird nicht arbeitslos.
Der Kinderreichtum ist kein Kindersegen.
Deck uns schön zu. Ich bild' mir ein, es zieht.
Komm, laß uns den Geburtenrückgang pflegen.
Und lösch die Lampe aus - des Landtags wegen,
damit er es nicht sieht.

inviata da Marco Valdo M.I. - 23/12/2014 - 20:48



Lingua: Francese

Version française – CONVERSATION PATRIOTIQUE AU LIT – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson allemande – Patriotisches Bettgespräch – Erich Kästner – 1930

Et voici, Lucien l'âne mon ami, la chanson intime, au plus intime des moments de vie des humains et des humaines.

Chanson intime ? Moments intimes des huains et des humaines ? Tu ne veux quand même pas me dire que cette chanson se passe dans un lit et au moment intime…

Et bien, si ! C'est très exactement ça et si tu fais bien attention au texte, tu pourras suivre l'action. Ainsi, voici que soudain, il dit :

« Mon membre s'endort - Il se redresse. Ah ! … »

et elle lui répond un peu plus tard :

« Viens, mon trésor, tirons un coup, jouissons ! »

Il est vrai que c'est assez intime, mais en quoi est-ce patriotique ?

Tout simplement car les deux amoureux discutent du fait que le Landtag (le Parlement) et les ministres sont très soucieux de la natalité et condamnent par avance toute pratique qui pourrait ralentir la progression de la population et la fabrication en série d'enfants, si utiles pour les patrons et la nation. C'est une chanson nettement critique à l'égard de la politique nataliste. Politique que décrit si bien Boris Vian dans Le petit commerce, sauf que Erich Kästner écrivait ça en 1930.

J'imagine qu'elle ne devait pas être plus appréciée par les autorités que les chansons de Vian…

En effet… Trois ans plus tard, ils brûlaient les livres de Kästner avec ceux d'autres écrivains… Mais ce n'est pas tout, cette canzone au picrate est déjà une chanson de résistance… dans l'intimité. Et scandaleuse avec ça… Une chanson qui parle d'éjaculation et d'avortement, de personnes qui envisagent de se livrer sans complexe aux joies du coït… et pas seulement. Des gens qui envisagent la vie hors des sentiers battus du K.K.K. (Kinder, Küche, Kirche – Enfant, cuisine, église), que préconisait déjà le Kaiser Wilhelm II. Ce K.K.K. qui deviendra bientôt le leitmotive du délirant Troisième Reich.

Ohlala, dit Lucien l'âne remuant oreilles, tête et queue, on ne peut même plus se livrer aux joies de la conversation intime sans que les autorités politiques et religieuses s'en mêlent. D'ailleurs, ça recommence… Peut-être trouvera-t-on bientôt dans les écoles, dans les classes et jusque les chambres des panneaux « Éjaculation interdite ». Et n'oublie pas, Marco Valdo M.I. mon ami, prends des précautions et éteins la lumière comme il est dit dans la chanson...Non pas pour te voiler la face, si j'ose dire, mais bien pour que les inquisiteurs ne te voient pas dans ces instants de tranquille bonheur ou de furieuse exaltation mystique… du genre de celle qu'atteignait, dit-on, Thérèse ou Mélanie. Moi, je ferme un œil pudique et de l'autre, je veille à ta paisible intimité, afin de prévenir toute intrusion malsaine. Quand tu auras fini, nous tisserons à nouveau le linceul de ce vieux monde nataliste, religieux, militariste et cacochyme.

Heureusement !
CONVERSATION PATRIOTIQUE AU LIT

As-tu lu ce qu'on dit dans le journal, ?
Une fois encore, le Landtag est très préoccupé
Par la diminution de la natalité
Un ministre l'a même déclarée immorale.

De mille Allemands naissent par an
Exactement dix-neuf virgule zéro quatre enfants.
Zéro quatre ! - Et voilà ce que cet homme croit.
Que ça ne peut pas être exact, même un aveugle le voit.

Les enfants après la virgule ne peuvent provenir
Que de lui et des autres ministres.
Et ces morceaux de décimales vont grandir,
Et être à leur tour aussi ministres.

Je te demande, en quoi ça concerne l'homme ?
En fait, comme on éjacule de haut en bas,
Il suffit d'un torchon humide.
Mon membre s'endort - Il se redresse. Ah !

Il a dit aussi : le recul de la natalité –
L'histoire l'enseigne – c'est la fin de l'Allemagne.
Puis, il a déploré ta fausse couche.
Et dit qu'il trouverait horrible qu'on ait avorté.

Ben oui, nous devons fabriquer des enfants
Pour l'industrie et les militaires,
Pour faire baisser les prix et perdre la guerre.
Ah, c'était ton genou. Sois prudent !

Viens, mon trésor, tirons un coup, jouissons !
Ta poitrine est vraiment encore fameuse.
Si nos parents avaient su ce que nous savons :
Qui ne vient pas au monde, ne va pas au chômage.

L'abondance d'enfants ne naît pas de la volonté.
Cachons-nous bien. Je fantasme, lui il tire.
Viens, soignons le recul de la natalité.
Éteins la lumière,
Du Landtag, tenons-nous cachés.

inviata da Marco Valdo M.I. - 23/12/2014 - 20:50




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