Anna Marly

Canzoni contro la guerra di Anna Marly
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Anna Marlyhttp://beaucoudray.free.fr/annamarly.htm

Anna Marly est née le 30 octobre 1917 à Saint-Pétersbourg, de son vrai nom Betoulinsky. Exilée russe devenue Soviétique, elle rejoindra la Côte d'Azur. Elle sera danseuse dans les ballets russes, chanteuse vedette dans des cabarets parisiens. La guerre a révélé son talent aux milliers de personnes qui ont résisté à l'occupation allemande. Elle arrive à Londres en 1941, inconnue. D'abord projectionniste, puis cantinière au sein des volontaires de la France libre, elle entre à l'E.N.S.A, théâtre aux armées. Le soir, elle compose des chants que lui inspire le gigantesque combat qui se livre. Elle les interprète devant ces soldats et ces marins qui sont bouleversés par la beauté et la force de ses mélodies : Le chant des partisans, La complainte du partisan, Paris est à nous, la chanson des V. Les moments de grande inspiration lui viennent par bouffées. Un soir, sous le coup d'une inspiration subite, pendant la bataille de Smolensk, sur le coup de l'émotion, elle improvisa la marche des partisans en russe et en sifflant.
L'air est sifflé et non chanté, simplement accompagné par le bruit feutré des pas sur les cordes bloquées de la guitare. Ce fut la première version du chant des partisans. Ses hymnes à la liberté, chantés, entonnés, sifflés d'abord par les maquisards seront repris par tous à la libération. En 1945, à son retour en France, elle connaîtra la gloire. Elle fuira ce tourbillon (couverture de magazines, galas...) en 1947 pour parcourir l'Amérique latine (Brésil, Argentine, Chili, Pérou notamment). De 1955 à 1959, elle sillonnera le continent africain avec sa guitare avant de s'installer aux États-Unis. Troubadour, elle aura composé près de 300 chansons.

Invitée au gala de la radiodiffusion française pour chanter devant le général de Gaulle, le 17 juin 1945 à Paris, le 24 février 1945, elle prend l'express Dieppe-Paris.

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Le 13 juin 1940, Paris fut déclarée ville ouverte. Elle quitte la capitale et part vers Bordeaux, séjournant à Chenac-sur-Gironde. Le 18 juin, à l'antenne de Londres, la voix discordante de de Gaulle " le dernier mot est-il dit ? L''espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! car la France n'est pas seule. Vive la France ! ". Difficilement, elle arrive en Espagne où trois ans de guerre civile et un million de morts ont ravagé le pays puis un passage au Portugal. Le baron Jean Cassel de Wrinzel, son beau-frère annonce son départ pour l'Amérique. Le mari d'Anna est convoqué à Londres pour un poste ultra secret dans le gouvernement libre Néerlandais. Elle quitte le Portugal de Salazar une nuit de mars 1941.

Inspiré du livre de Mémoire Mémoires Anna Marly, troubadour de la résistance

Annexe : avant propos

À Londres depuis quelques mois, nous étions, mon mari et moi, arrivés de Lisbonne. Pressenti pour un poste ultra secret, au Gouvernement libre de son pays - the Royal Netherland Government - nous avions quitté le Portugal en vingt quatre heures. L'avion de troupes cahotait. Attachés aux bancs de bois le long de la carlingue, les pieds sur un fatras de couleur kaki, nous voguions dans le black-out sans garantie d'atterrissage. C'était en 1941. En plein blitz.

Le taxi nous déposa au Brown's Hôtel. Dès ce premier soir, j'eus un avant-goût de la guerre. Les sirènes mugissaient, les bombes éclataient, la maison d'en face, transformée en brasier ardent, s'écroulait comme un château de cartes. Serrant ma guitare contre moi, je regardais médusée le feu que des lances à eau gigantesques n'arrivaient pas à maîtriser.

Mon mari se fondait dans la structure de son gouvernement, tandis que je m'enrôlais dans la défense civile et la cantine de la Police. L'ambiance y était chaleureuse. Les Anglais que l'on dit distants, étaient simples, avenants, extraordinaires de stoïcisme devant le danger, et des amis à toute épreuve.

Chaque soir à la même heure, l'alerte commençait, on pouvait régler sa montre dessus. Les faisceaux lumineux des projecteurs de la D.C.A. balayaient le ciel. Suivaient les explosions, lointaines ou proches, les sirènes, les ambulances et la foule courant aux abris, ou s'engouffrant dans la bouche du métro. Un obus pulvérisa ma cantine. À l'aube, alors que l'enfer fumant léchait ses blessures, nous déblayâmes des bras, des pieds glacés de froid et d'horreur, couverts de suie et aveuglés par la poussière. En folie, j'errais dans les rues ensevelies sous les décombres. Les vitrines en mille morceaux, les voitures abandonnées, à moitié écrasées ; et, cocasse, un pan de mur suspendu, tenant à un fil et laissant à découvert la salle de bains avec la baignoire en équilibre.

Les bombes nous faisaient déménager sans arrêt. Notre maigre bagage avait disparu, sauf ma guitare. À la recherche de mes amis, je me heurtais à leur maison abandonnée, dans des quartiers détruits, D'autres, en revanche, étaient restés : Micky Iveria continuait à faire du théâtre, ma tante Kitty était là, et le vieux libraire russe dans sa boutique, où j'aimais venir philosopher près du poêle rougi à vif. C'est qu'il faisait froid. Le seul moyen de chauffage consistait en un calorifère à gaz dans la cheminée, ne s'allumant qu'avec une pièce de monnaie. On faisait souvent la queue devant les poissonneries et pour les autres denrées alimentaires. Le ravitaillement marchait aux tickets. Le sucre disparaissait.

La vie, notre vie, quelle blague! Nous ne savions pas qu'il y aurait la guerre, qu'il y aurait la faim et même la prison, lorsque nous étions petites, gâtées par notre mère qui nous fit voir un monde, un monde qui était comme sa maison. Nous n'avions jamais appris dans aucun livre qu'il fallait haïr et tuer pour vivre... Le choc de la guerre me donna des ailes mythologiques, je survolais le champ de bataille qu'était devenue l'Angleterre, noyant mon désespoir et celui des autres dans la course et la chanson.

L'E.N.S.A, le théâtre aux Armées britanniques, m'engagea pour une tournée de concerts, indéfinie. Au fur et à mesure que je composais, j'alimentais mon programme en anglais, en russe, en langue imaginaire même, pour amuser les soldats, mais les chansons françaises étaient les plus proches de mon coeur.

Et puis, sous le coup d'une inspiration subite, sortie de moi, toute faite, La Marche des partisans en russe et en sifflant, presque en même temps, une chanson triste au charme slave, une larme.

Le chef des émissions canadiennes fut le premier à m'inviter au micro de la BBC. Dans le studio d'à côté travaillait l'équipe des " Français parlent aux Français " que je rencontrais. Dès lors, j'eus mes grandes et mes petites entrées à la B.B.C. de Londres. À chacun de mes passages en ville, je leur apportais une nouvelle chanson. Je ne me souviens plus très bien qui me prit au Carlton Garden, le quartier général des Forces Françaises Libres. Bénévole, j'y entrais au service de la cantine. Et comme il n'y a pas loin de la soupe à la chanson, bientôt je fus de toutes les popotes : militaires, aviateurs, marins et parachutistes héroïques, ces derniers portant les couleurs belges. Je retrouvais mes gars un peu partout, incorporés dans les unités anglaises. Ensemble, nous reprenions à Glasgow ou à Édimbourg les tempo di marcha qu'entraîne le courage.

Le contact avec la France clandestine commençait à s'établir. Des Français à l'identité cachée arrivaient en mission. Je rencontrais Emmanuel d'Astier de la Vigerie, Joseph Kessel, Henri Frenay, Maurice Druon, Pierre Fourcaud, sans savoir qui ils étaient.

Nos soirées en marge de la réalité, purifiées par l'incognito et vibrant d'un même idéal, nous engageaient dans des liens des plus chaleureux.

Ceux qui m'ont connue alors m'appelaient la chanteuse de la Résistance. Mais j'étais aussi le Barde des Alliés. Traduite en huit langues, The V Song (La Chanson des V) - nous étions sous le symbole de la Cinquième symphonie de Beethoven - faisait le tour des casernes et avait même été publiée ; mais la maison d'édition périt sous les bombes et, avec elle, les partitions. Elle roula dans l'oubli comme tant d'autres. Chacune, pourtant, fut la maille d'un ensemble.

L'heure devenait grave. On attendait le débarquement. Pierre Lazareff m'introduisit à l'Heure Française de l'A.B.S.I.E. (Radio à l'usage officiel de l'information des États-Unis). Cette série d'émissions extraordinaires allait cristalliser, pour la première fois, un choix de mes chants de la Résistance et de la Libération, ils s'échelonnent sur les quatre ans de guerre, intimement liés à mes états d'esprit, a mes voyages, aux amis trouvés et perdus, à l'angoisse, à la mort, à l'amour. Époque de vie intense dans le danger, à laquelle j'eus la chance de survivre, y laissant peut-être le meilleur de moi-même.

La marche des partisans devint le chant des partisans. Appelée guerilla song. Maquisards / partisans...